Copyright © Apprendrelabourse.org - La séance qui
s'annonçait surtout axée sur les données statistiques à paraître s'est déroulée dans une ambiance où les déclarations ont pris un peu le pas sur les données chiffrées.
Nous détaillons ce point en encadré et traitons en seconde partie des évolutions économiques du jour, plutôt décevantes.
Après un discours hier très véhément, voire à la tonalité 'agressive' et inhabituel en public de la part de la Chancelière allemande Angela Merkel
mettant en cause directement l'action des banques centrales particulièrement anglaise et américaine, la réaction des intéressées était scrutée tout au long de la journée.
A. Merkel a en effet fustigé les actions de la Fed et de la BoE en ce qui concerne leur politique de rachats d'actifs, particulièrement d'achat d'obligations
d'Etat très souvent évoquée sous le vocable "méthodes
'non-conventionnelles' appelant à des 'politiques de raison' "sous peine de se retrouver dans la même situation dans 10
ans".
A l'endroit de la BCE, elle notait que cette dernière était quelque peu sous la pression internationale, rappelant de manière générale l'importance de mener une politique monétaire
indépendante.
Le discours était prononcé avant l'intervention du président de la Fed devant la Chambre des Représentants (Députés) qui s'est tenue cet après-midi et avant la diffusion
du communiqué et la conférence de presse de la BCE qui présenteront demain le détail les nouvelles mesures prises justement d'ordre 'non-conventionnelles' annoncées en préambule le mois dernier
Les propos se sont faits encore plus clairs lors de l'allocution de Bernanké. En cause les déficits budgétaires des gouvernements cette fois qui menacent la stabilité financière
en ce qui concerne son point de vue :" à moins de démontrer un engagement fort pour une politique fiscale soutenable à long terme, nous n'aurons ni la stabilité financière ni la
croissance économique".
Le patron de la Fed a également admis qu'une des raisons de la hausse des taux américains était à mettre sur le compte des
craintes concernant le financement des déficits publics et que la politique fiscale menée actuellement, sauf à couper dans les dépenses ou à augmenter les impôts pour rétablir
l'équilibre, mettait en danger la politique de la Fed et la nation.
* Quel danger ? en l'absence de réduction des déficits et à terme de sources de financement, il ne reste plus que l'impasse de trésorerie ou bien la solution dite
de "la planche à billets". Autrement dit, la solution qui consiste pour la banque centrale à créer de la monnaie pour acheter les dettes émises par le gouvernement qui ne
trouveraient plus preneur auprès d'épargnants et investisseurs.
Dans ce cas le déficit public est directement 'monétisé' sans passer par l'appel à l'épargne, une mesure à effet inflationiste historiquement et techniquement
puisqu'une quantité de nouvelle monnaie est émise dans ce cas sans contrepartie pré-existante et ensuite très rapidement utilisée par le gouvernement. De manière triviale : 'le gouvernement
n'a plus de sous, il ne reste plus qu'à la banque centrale du pays à imprimer les billets pour le financer' (électroniquement aujourd'hui) La valeur de la monnaie, c'est à dire son pouvoir
d'achat connaît alors une baisse dans un tel cas.
* Déclaration de Bernanké : "The Federal Reserve will not monetize the debt.” La Réserve Fédérale (Fed) ne monétisera pas la dette fédérale" (Source : DJN)
Le financement direct du déficit public par une simple ouverture d'une ligne de crédit au gouvernement sans autre
contrepartie que l'obligation émise elle-même en face par le gouvernement est interdit statutairement à la BCE mais possible à d'autres banques centrales. Elle est particulièrement scrutée
en Allemagne où l'hyper-inflation qui a fait des ravages dans l'entre 2 guerres est restée gravée dans les mémoires alors que du côté américain, c'est la Grande Dépression qui attise les
peurs. A l'inverse, une trop faible liquidité et trop peu de monnaie dans l'économie sont parfois vues comme étant côté US un des motifs de l'enfoncement dans la dépression
économique après 1929.
Choc des cultures, choc entre banquiers centraux et politiques et choc USA / UE étaient un peu à ciel ouvert comme très rarement observé. A suivre demain avec la BCE.
Compléments :
- bernanké "respectueusement en désaccord" avec Merkel (AWP/AFP/Romandie)
- "Une attention expresse aux questions qui touchent le caractère soutenable à long terme du budget est particulièrement cruciale, à cause des difficultés budgétaires et économiques qui
vont de pair avec le départ à la retraite de la génération du 'baby-boom' et la hausse durable des coûts médicaux" (E24/AFP)
- "Je ne vois aucun risque dans un avenir prévisible pour le statut de monnaie de réserve du dollar" (Reuters)
N-B : Les considérations mentionnées pour le court terme étaient par contre nettement plus
positives concernant le redressement de l'économie.
→ Emploi :
L'enquête ADP indique une destruction d'emplois à hauteur de 532 000 postes en mai aux USA un peu au-delà des 525 000 attendus. Le chiffre d'avril est révisé à la hausse passant de - 491 à - 545
000 (graphique ci-dessous : BLS = chiffre officiel du Département du travail à paraître après-demain)
Les commandes à l'industrie en avril se sont avérées moins fortes que prévu, mais tout de même en hausse à +
0,7 % contre + 0,9 % anticipé. La révision à la baisse du chiffre de mars est très importante passant de - 0,9 % à - 1,9 %.
Enfin, l'indice d'activité du secteur des services après 43,7 en avril et 45 anticipé est ressorti à 44 le mois dernier confirmant la stabilisation du secteur mais toujours en zone de
contraction. Les nouvelles commandes baissent à 44,4 contre 47 mais les prix payés progressent à 46,9 contre 40 en avril.
Le PIB de la zone euro s'est contracté de - 1,8 % et non - 1,6 % au 4 ème trimestre 2008 selon les nouvelles révisions. Par contre le 1er trimestre 2009 est confirmé pour l'heure à - 2,5 % comme
annoncé à la mi-mai.
Le CAC 40 lâche 2,02 % à 3 309,65 points et le Dow Jones - 0,75 % à 8 675,24 points.