39% des ouvriers déclarent subir des nuisances sonores sur leur lieu de travail contre 6,5% des cadres supérieurs...
Trois millions de personnes ont leur rythme de travail dicté par une machine. Entre les métiers les moins qualifiés et le haut de la hiérarchie, les conditions dans lesquelles s’exercent le travail n’ont souvent pas grand chose à voir, comme le montrent les données de l’enquête sur les conditions de travail réalisée par le ministère de l’emploi tous les sept ans.
Contrairement à une idée reçue, le travail à la chaîne ou sous contrainte du déplacement automatique d’une pièce ne diminue pas. Entre 1984 et 2005, la part de salariés concernés est passée de 9,6% à 14,0%. Pour l’essentiel, il s’agit d’ouvriers dont 38,8% voient leurs gestes au quotidien commandés par une machine.
Dans le secteur des services, le travail automatisé est beaucoup moins répandu, mais il concerne tout de même 6% des employés comme des professions intermédiaires. Au total, pas moins de trois millions de salariés sont concernés.
La pénibilité physique s’accroît essentiellement pour les moins qualifiés. Près de quatre ouvriers sur dix déclarent subir des nuisances sonores et plus de la moitié exercent dans la saleté, contre respectivement 6,5% et 8,3% des cadres supérieurs.
A la pénibilité physique, s’ajoutent de plus en plus des contraintes de stress, liées à la rationalisation des tâches au secteur des services. Les cadences ne sont plus l’apanage de la chaîne ouvrière, les caissières ou les télé-opérateurs en savent quelque chose, même si physiquement leur travail est malgré tout moins usant.
Les situations de tensions, que ce soit avec le public ou avec les supérieurs hiérarchiques, sont présentes à peu près dans les mêmes proportions pour toutes les catégories sociales, même si les ouvriers sont moins souvent que les autres en relation avec du public.
Depuis le milieu des années 1980, les conditions de travail se sont plutôt dégradées. Ces données sont élaborées à partir de déclarations des salariés, pour partie, elles reflètent une exigence plus grande par rapport aux conditions de travail.
Ce phénomène ne peut tout expliquer, notamment l’ampleur de la dégradation des conditions de travail pour les catégories les moins qualifiées. Elle résulte aussi d’une pression accrue sur les salariés dans un contexte de chômage de masse.