Alors que certains nous font croire que la préoccupation principale des "gens normaux" actuellement est la sécurité, que d'autres prônent la réconciliation de leurs égéries pour vanter le vote utile (utile au parti - à rien d'autre), pendant que les médias monopolisent notre attention sur le terrible accident de l'Airbus (les journalistes, quand il veulent, ils se mobilisent...), pendant ce temps-là donc la terre continue de tourner... tourner autour d'autres satellites... le satellite de la crise financière, celui de la crise économique, celui de la crise sociale... chacun est satellite de l'autre et de la terre comme la terre est leur satellite... Le cosmos s'agite pendant que ses habitants font comme si tout allait s'arranger bientôt et attendent... attendent... attendent.
Attendre ou baisser les bras... c'est quoi la différence aujourd'hui?
Et si on fait un petit tour chez les experts qui tentent d'envoyer des fusées de détresse, on remarque qu'il est temps de mobiliser les services de maintenance. La crise sociale, celle des personnes non anonymes dans leur environnement et dans leur entourage (mais invisibles pour les porteurs de rollex et les rois des plateaux), ne se tient pas que dans les rues, sur les pancartes ou les piquets de grève, elle ne se résume pas en slogans temporaires à l'image d'humeurs changeantes et inconstantes... (ndlr : c'est ainsi qu'elles sont montrées, ce n'est pas ma vision...)...
Sans vouloir sombrer dans le catastrophisme, je communique malgré tout les conclusions récentes des analyses du BIT à propos de la situation mondiale de la protection sociale et de l'emploi :
"M. Somavia [directeur général du BIT ] a cité une série de terribles défis économiques auxquels est confronté le monde du travail, en commençant par la hausse du chômage et de la pauvreté qui pèse sur les entreprises; il a ajouté: «Tout ces éléments réunis signifient que le monde peut s’attendre à une crise de l’emploi et de la protection sociale qui pourrait durer de six à huit ans»." Car en effet, "nous savons par expérience que l’emploi ne retrouve son niveau d’avant crise qu’avec un délai de quatre à cinq ans en moyenne"...
Comme on n'est pas capable encore de mesurer la durée de la crise, l'après-crise semble de plus en plus lointaine.
J'écrivais plus haut qu'attendre que "ça passe" revenait à baisser les bras. Alors que faire?
Juan Somavia recommande un PACTE MONDIAL POUR L'EMPLOI : «C’est pourquoi je vous engage, en tant que Conférence tripartite internationale du Travail – la plus haute instance de gouvernance de l’OIT – à concevoir votre Pacte mondial pour l’emploi comme une initiative nationale, régionale et mondiale pour aider les travailleurs, les familles et les entreprises à surmonter la première crise systémique de la mondialisation et à jalonner la voie du travail décent vers la reprise et une croissance durable».
Pacte mondial : cela signifie sans doute qu'on va inclure tous les pays du monde, même les plus pauvres, n'est-ce pas?
La prise en compte d'une "crise systémique" : cela signifie qu'on ne prendra pas de décisions à l'emporte pièce avec des mises en place de mesures non cohérentes les unes avec les autres comme le RSA qui développe la précarité en période de lutte contre l'explosion sociale, n'est-ce pas?
Une "initiative nationale, régionale et mondiale" : cela signifie qu'on va apprendre à travailler en convergence avec ses voisins, les voisins de ses voisins, vers des solutions et des réponses les plus adaptées en s'appuyant sur les réussites des uns et des autres n'est-ce pas?
Aider les travailleurs, les familles et les entreprises : cela signifie qu'on va travailler pour des personnes et non pas pour gagner les prochaines élections n'est-ce pas?
Wouah, super, sur le papier ça a l'air pas mal...«Donner la priorité aux gens – pas seulement en paroles mais dans les actes – doit être une priorité», a déclaré M. Somavia. Vraiment d'accord. Sauf qu'il va devoir bosser avec nos décideurs... et là... c'est le drame.
Et en bref : il n'y a pas que les experts qui doivent plancher sur la question de l'emploi et de la sortie de crise. Nous devons le tenter aussi par nos propres moyens.
Un premier pas dimanche pour mettre fin à l'attentisme : voter lors des élections européennes et se mobiliser pour une convergence et une collaboration des différents pays et dirigeants qui devront travailler ensemble. Voter pour des personnes qui vont dans ce sens et non uniquement dans le sens de leur parti.
Et ensuite, du concret. Ensemble. A suivre...