Québec, le 2 juin 2009 – Vivre en Ville et Équiterre sont agréablement surpris par les récentes déclarations de Mme Nathalie Normandeau, ministre des Affaires municipales, de la Métropole, des Régions et de l’Occupation du territoire, au sujet de l’aménagement des villes et de l’étalement urbain. Lorsqu’elle affirme que «la banlieue est un modèle dépassé» la Ministre identifie un enjeu fondamental pour notre société.
Changer l’urbanisme
«Mme Normandeau semble avoir compris l’ampleur du problème de notre forme urbaine et l’importance de se donner les moyens d’agir pour modifier nos pratiques et transformer notre occupation du territoire», salue Hugo Séguin, coordonnateur du dossier des choix collectifs d’Équiterre. Conduire les villes du Québec vers le développement durable passe par la prise de conscience que les modèles des dernières décennies, axés sur l’automobile dans un contexte d’abondance des ressources pétrolières, sont dépassés.
«Nathalie Normandeau semble manifester une bonne compréhension de la situation. Nous espérons qu’elle pourra faire souffler un vent de changement en matière d’urbanisme au Québec au cours des prochains mois», poursuit M. Séguin. Surtout que le vent est actuellement plutôt morose en ce domaine, avec les projets du MTQ de construction du pont de la 25, de l’autoroute urbaine Notre-Dame et de la réfection de l’échangeur Turcot.
Densité et étalement urbain
«Limiter l’étalement urbain et construire des milieux de vie attractifs, c’est un beau programme», se réjouit Alexandre Turgeon, président de Vivre en Ville, le regroupement québécois pour le développement urbain, rural et villageois viable. «On peut oser la densité à condition qu’elle soit de qualité. Des bâtiments verts et intelligents, des rues à échelle humaine, des quartiers mixtes où chaque mode de transport a sa place, avec la priorité aux piétons : c’est l’image que nous souhaitons pour le Québec de demain», précise-t-il.
Loi sur l’aménagement et l’urbanisme
Les deux groupes estiment que la réforme de la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme (LAU) – actuellement en cours – est une excellente occasion de revoir les façons de planifier le développement des villes. Selon eux, il faut donner les moyens aux élus et aux urbanistes municipaux de favoriser des développements denses et mixtes, où les services sont accessibles à pied et où il devient possible de mettre en place un service de transport collectif efficace. La Loi doit soutenir le développement de collectivités viables: économie des ressources – y compris le territoire – et de l’énergie, et limitation des impacts environnementaux, notamment ceux liés au transport.
Les groupes insistent sur la nécessité que la nouvelle LAU reflète et soutienne les intentions affichées par Mme Normandeau. L’aboutissement de la refonte de la Loi étant prévu pour 2010, il reste peu de temps pour élargir le débat public autour de ce travail essentiel à l’évolution des collectivités québécoises vers un développement urbain durable.
Financement des villes
L’intention de la Ministre de s’occuper des enjeux de fiscalité municipale apparaît aussi comme un élément très positif. L’actuel mode de financement des villes, presque exclusivement basé sur la taxe foncière, a depuis longtemps montré ses limites. «La compétition que se livrent les villes pour attirer le développement sur leur territoire est un des moteurs perpétuant l’actuel modèle de développement», de préciser Hugo Séguin.
Transport en commun
Il est également intéressant de voir la Ministre saisir l’importance de diversifier l’offre en matière d’habitation au Québec. Il existe effectivement d’autres modèles que la tour de condo ou la maison unifamiliale dans les couronnes. D’ailleurs, le marché montre clairement une forte demande pour les multiplex bien localisés. «Il est temps de cesser de faire dire aux gens que l’on construit actuellement ce qu’ils demandent. Les quartiers qui prennent systématiquement le plus de valeur, année après année, sont ceux où les services sont accessibles à pied et bien desservis par les transports collectifs», d’expliquer M. Turgeon.
«Renforcer et revaloriser les quartiers existants est indispensable si le Québec veut protéger, autour des villes, les espaces naturels et les terres agricoles», rappelle M. Séguin. Ce qui passe par des investissements massifs dans le transport collectif. D’ailleurs, «la volonté de Mme Normandeau de faire du transport collectif la colonne vertébrale du développement urbain est une garantie de réussite», de conclure M. Turgeon.