Ca ne vous a sans doute pas échappé si vous lisez un tant soit peu la presse musicale, Jay Walter Bennett, entre autres guitariste de Wilco de 1994 à 2001, est décédé il y a peu de cause inconnue dans son sommeil à l’âge de 45 ans. J’avoue sans honte qu’il y a encore quelques jours, je ne connaissais pas le Monsieur. J’avais pourtant sans le savoir écouté son savoir-faire au sein de Wilco à de nombreuses reprises, notamment sur le magique Yankee Hotel Foxtrot. Mais j’ignorais l’existence de son premier groupe, Titanic Love Affair (un Dinosaur Jr like), et encore plus celle de ses quatre premiers albums solo. Sur ce cinquième, mis gratuitement en ligne par le concerné en novembre dernier dans la plus grande indifférence, son talent de songwritter et d’interprète ne peut que nous exploser à la figure.
Compositeur acharné, il avait également en préparation un Kicking At The Perfumed Air, autre album solo qui devait sortir en octobre dernier et auquel il a préféré substituer ce Whatever Happened I Apologize. Une question d’humeur, de moment, et grand bien lui en a pris, même si je me doute que l’autre album devrait également paraître un jour, à titre posthume, vue la qualité de celui-ci. Jay disait vouloir capturer la simplicité et la nature émotionnelle du songwritting. Une phrase qui finalement n’en dit pas plus long, sauf si on écoute le disque. Sorte d’Americana mélodique, ou plus simplement de folk, Whatever Happened I Apologize est 100% acoustique, guitare et voix. Enregistré en une seule prise, Jay confie ne pas s’être soucié de la perfection, et il en résulte un sentiment d’honnêteté vertigineux.
Immédiat et nu, Whatever Happened I Apologize est un concept album sur une relation amoureuse vouée à l’échec. Dès les arpèges introductifs de "I don’t have the time" l’on sait à quoi s’attendre. Une voix décharnée, tout simplement sublime, sans pathos ni exagération, qui touche à l’intime de manière presque inédite. J’ai tout de suite pensé à Elliott Smith dans cette façon de chanter simplement, mais sur le fil du rasoir. "The engine are idle" est un autre grand morceau de l’album, même si l’homogénéité générale n’en fait pas ressortir un plus qu’un autre. Enfin si, "Talk and talk and talk" est tout de même magnifique. Ecrit, arrangé et mixé Par Jay himself au studio Pieholden Suite Sound d’Urbana dans l’Illinois, c’est également Jay qui a conçu la pochette. Seuls Daniel Johnston (ah oui quand même) et Edward Burch lui sont venu en aide, l’un pour l’écriture du morceau "Wicked world", l’autre pour donner la voix. R.I.P.
En bref : un somptueux disque folk sortant de nulle part qui prend directement sa place dans mes disques de chevet. Pas moins.
A noter premièrement que l’album est disponible gratuitement et légalement ici, donc pas d’excuse, et deuxièmement que son web label d’origine cherche à collecter des fonds pour éditer Whatever Happened I Apologize en vinyle, ici.
Le Myspace
"I’ll decorate my love" présent sur l’album :