A la suite d’un énorme tremblement de terre, alors qu’ils rentraient d’un voyage scolaire en train, trois collégiens, Téru, Nobuo et Ako, seuls rescapés du terrible accident, se retrouvent coincés dans un tunnel. Après des jours et des jours de recherche, ils trouvent enfin une sortie. Mais le monde extérieur a été ravagé par une catastrophe: leurs aventures commencent, marquées de découvertes et de rencontres terrifiantes.
Dragon Head, c’est le must du seinen. Les couvertures ne sont pas très engageantes mais attention, il serait dommage de passer à côté de ce bijou.
Dès le premier tome, le ton est donné avec un accident et 3 adolescents coincés dans les ténèbres d’un tunnel, entourés de corps et de débris. Entre l’espoir de recouvrir leur liberté, le désespoir d’une telle situation, la peur inhérente à un telle traumatisme, on y voit un panel complet des sentiments humains. Chacun des personnages vit la situation différemment, avec sa propre logique. Nobuo succombe à la folie car il voit une manière de survivre ou plutôt oublier sa peur; Ako se laisse aller et à besoin qu’on la pousse au cul; tandis que Téru, bien que terrifié, cherche une solution avec ses faibles forces.
L’angoisse et le désespoir saisissent le lecteur, grâce aux excellentes planches (même si les persos auraient pu être mieux travaillés). Le lecteur devient un acteur direct et ne se contente plus d’être un simple spectateur. Dans la seconde partie, les émotions sont encore plus prenantes car quand ils découvrent l’extérieur, le bonheur d’être sortis se mêle à un désespoir encore plus grand, vu l’étendu des dégâts.
Minetaro Mochizuki dépeint merveilleusement leur état d’esprit, l’amour se mêlant à la méfiance, le désespoir à la volonté de vivre, entre nos deux héros mais aussi avec les différentes personnes qu’ils rencontrent. Il est dingue de voir comment les hommes réagissent à un cataclysme énorme, certains s’entraidant, d’autres agissant comme de vrais sauvages et d’autres encore en succombant à leur instincts les plus fous. Quand on lit Dragon Head, on se demande inévitablement comment nous aurions réagi à leur place.
Le dernier tome est un vrai plaisir, surtout sur la fin, quand on découvre le pourquoi de ce monde apocalyptique. Je me suis dit à ce moment que le mangaka était un génie, probablement prophétique. Cela se comprend quand on regarde l’histoire d’un Japon meurtri par les catastrophes naturelles et vivant dans la peur continuelle. L’image de la fin est criante de vérité.
Dragon Head est un excellent manga, qui m’a secoué et passionné. Réflexion, suspens, angoisse, psychologie, tous les ingrédients d’un grand seinen sont là et employés avec maitrise. Ne passez pas à côté.