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Paris, le 2 juin 2009 – Le ministre d’Etat Jean-Louis Borloo, ministre de l’Ecologie, de l’Energie du Développement durable et de l’Aménagement du territoire présentera demain matin le programme des infrastructures énergétiques de la France. Greenpeace dénonce un programme en contradiction avec le Grenelle de l’Environnement et le paquet Energie/climat européen, détourné pour planifier de facto un deuxième EPR sans qu’aucune justification énergétique n’ait été apportée.
En juillet 2008, suite à l’annonce par Nicolas Sarkozy de lancer un deuxième EPR en France, le ministre de l’Énergie Jean-Louis Borloo a missionné la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC) pour conduire d’ici la fin 2008 un nouvel exercice de Programmation pluriannuelle des investissements (PPI), avec pour horizon 2020. Cet exercice 2008 concerne la production d’électricité mais aussi de chaleur et le secteur du gaz (PIP).
« Dès la première réunion du comité de suivi organisée en fin septembre 2008, la construction d’un deuxième EPR a été posée comme un acquis non discutable » explique Frédéric Marillier chargé de campagne Energie à Greenpeace France. « Alors que c’est au regard des besoins électriques que la PPI doit définir les investissements souhaitables, le gouvernement a totalement détourné le but de la PPI pour en faire un outil de programmation nucléaire. C’est scandaleux, on sacrifie à nouveau notre politique énergétique sur l’hôtel de l’atome ! »
Monsieur Borloo prétend que son programme des infrastructures énergétiques s’inscrit « dans la droite ligne de l’adoption de l’accord européen Energie-Climat en décembre 2008 et du Grenelle Environnement », mais les scénarios énergétiques de l’administration sur lesquels se base le programme, ne prennent pas en compte l’ensemble des objectifs comme celui de réduction de 20 % de la consommation d’énergie.
Au contraire, « pour justifier un second EPR injustifiable, le scénario prévoit une augmentation spectaculaire des exportations d’électricité : jusqu’à 129 TWh en 2020 (contre 63 aujourd’hui), soit l’équivalent de la production d’électricité de 11 EPR ! » déclare Frédéric Marillier. « Il est impensable de se fixer comme objectif d’augmenter de manière importante la part des renouvelables et les efforts de maîtrise de la consommation sans réfléchir à la diminution de la part du nucléaire dans le mix français. A moins d’en arriver à des absurdités comme cette PPI ! »
Aux investissements envisagés dans cette nouvelle PPI, s’ajoutent des projets qui vont eux aussi à l’encontre de la réalité énergétique globale et de la lutte contre les changements climatiques. C’est le cas par exemple du terminal charbonnier de Cherbourg, actuellement en attente d’autorisation. Il s’agirait de revitaliser une activité économique portuaire par le développement d’un trafic de charbon entre la Colombie et le Royaume-Uni. Ce sont jusqu’à 4,5 millions de tonnes de charbon qui transiteraient par Cherbourg, soit l’équivalent de 10 à 11 millions de tonnes de CO2 émises au final dans l’atmosphère. A l’heure où la communauté européenne s’est engagée à réduire ses émissions d’au moins 20% d’ici 2020, un tel projet est totalement incohérent. Greenpeace attend du ministère de l’environnement qu’il prenne position sur ce projet.