Ce qui est génial quand on travaille avec de la matière vivante (même quand ce “travail” consiste à s’affaler dans un canapé pour regarder National Geographic pour vaincre ses insomnies chroniques), c’est que les possibilités d’être étonné sont nombreuses. D’ailleurs, récemment, je suis tombé sur un comportement assez intéressant: un phénomène d’adoption chez des laridés (comme les mouettes).
Ne vous faites pas de faux espoirs, ce billet n’apportera pas de vraies informations sur le sujet. C’est juste pour en parler rapidement, avant des choses plus conséquentes.
Chez ces laridés (dans le reportage en question, il devait s’agir de Larus canus, le goéland cendré), les oeufs éclosent de manière tout à fait particulière. Deux poussins en deux heures, puis un troisième beaucoup plus tard. Ce dernier étant désavantagé, il choisit en général de quitter le nid, et d’en rejoindre un autre.
D’ou plusieurs questions: l’arrivée d’un nouveau poussin représente un coût net pour les parents, et un désavantage pour leurs poussins. On pourrait imaginer qu’ils chassent l’”envahisseur”. Il n’en est rien. On peut entrer dans un raisonnement de type “le coût de la chasse surpasse le coût d’entretien”, assez classique, mais j’ai quand même du mal à y croire.
Pour qu’un comportement se généralise à ce point (et d’ailleurs, est-il inné?), il faut bien que les chances d’être acceptées soient assez grandes, d’ou peut-être l’hypothèse que le couple adoptif en retire des avantages. Mais lesquels?On peut aussi imaginer que les goélands sont aussi stupides que leurs ramiges, et qu’ils soient incapables de faire la différence entre leurs petits et ceux des autres. D’ailleurs, est-ce qu’il n’y à pas des phénomènes de “compatibilité” qui entrent en jeu, comme par exemple des motifs du plumage du poussin/du couple adoptant? On a bien ce genre de chose pour les poissons nettoyeurs.
Dernière question: quelle est la part des facteurs environnementaux dans ce phénomène? Est-ce que certains facteurs externes vont le limiter, ou au contraire l’encourager? Est-ce que cette “dispersion” du patrimoine génétique (on est dans Dawkins, la, ou je me trompe?) n’est pas un avantage en terme de transmission des allèles pour le couple qui voit son poussin s’éloigner (sur un raisonnement du type “on ne met pas tous ses oeufs, surtout éclos, dans le même panier”)?
Ah, et puis, j’oubliais. Quel rôle les parasites ont à jouer dans tout ça (il y en a forcément un!), ou tout au moins quelle est l’influence de ce comportement sur l’épidémiologie et le “bouclage” des cycles, l’occurrence de transmission horizontales, et autres joyeusetés du genre?
Vous l’aurez compris, je n’ai pas encore creusé le sujet, je me suis contenté à une recherche de bibliographie, et j’ai laissé tourner mon imagination pour trouver des questions à peu près intéressantes. Avec un peu de chance, notre sujet de “Synthèse bibliographique” sera libre, et je trouverai un binôme assez dérangé pour me suivre dans mes élucubrations. Sinon, je prendrais sur mon temps de sommeil pour approfondir!