Vue en coupe de la calotte glaciaire occidentale de l’Antarctique, de la plate-forme de Filchner Ronne à celle de Ross (de gauche à droite). A son point le plus profond, la calotte s’appuie sur le socle rocheux à 2.500 mètres sous le niveau de la mer. (Image courtesy of J. Bamber, University of Bristol)
C’est un scénario catastrophe auquel personne ne veut croire mais dont on tente quand même de prédire les conséquences. Réputée instable, la partie ouest de la calotte glaciaire de l’Antarctique pourrait un jour s’effondrer et entraîner une hausse dramatique du niveau des océans. De combien de mètres? C’est ce que les chercheurs tentent de cerner. La dernière estimation publiée aujourd’hui dans la revue Science est moins alarmante que les précédentes. La montée des eaux serait de 3 mètres en moyenne contre 5 à 7 mètres d’après de précédentes études.Les plates-formes de glace flottantes qui entourent la calotte glaciaire occidentale de l’Antarctique souffrent déjà du réchauffement climatique. Sur la péninsule Antarctique, les températures ont augmenté de 2,5°C depuis 50 ans (soit 0,5°C par décennie en moyenne) et le récent effondrement d’un pont de glace sur la plate-forme de Wilkins est symptomatique de la fragilisation de ces grandes étendues de glaces flottantes qui entourent et protègent la calotte glaciaire.
La topologie de la calotte glaciaire de l’Antarctique Ouest est en effet très particulière : une partie du socle rocheux sur lequel repose cette énorme masse de glace est située sous le niveau de la mer. La glace qui s’accumule sur la calotte glaciaire s’écoule d’abord sur la partie continentale avant d’atteindre les plates-formes flottantes, au-delà d’une limite appelée la ligne d’échouage. La diminution des glaces flottantes et le réchauffement des océans pourraient faire reculer cette ligne et déstabiliser la calotte glaciaire.
Jonathan Bamber (Université de Bristol, GB) et ses collègues –britanniques et hollandais- n’ont pas modélisé les conséquences d’un effondrement complet de la calotte occidentale de l’Antarctique mais seulement des glaces flottantes et de la partie de la calotte dont le socle repose sous le niveau de la mer (voir schéma). L’élévation moyenne du niveau des océans serait de 3,3 mètres, d’après leur modèle, mais elle serait plus forte sur les côtes nord-américaines et autour de l’océan Indien.
En effet, la redistribution des masses de glace à l’échelle du globe modifierait aussi le champ gravitationnel de la Terre et l’axe de rotation de la Terre. Dans le cas présent, ces changements provoqueraient une plus grande accumulation d’eau autour de l’Amérique du Nord et de l’océan Indien.
A l’heure actuelle rien n’indique qu’un tel processus de déstabilisation a commencé ou qu’il commencera un jour en Antarctique, précise Erik Ivins, chercheur au Caltech (Californie, USA), qui commente ces travaux dans la revue Science. Cette région reste cependant sous la surveillance de nombreux satellites, dont les données permettent d’affiner les modélisations des glaciologues et des climatologues.
Cécile Dumas
Sciences-et-Avenir.com