Quand le coéquipier de Srakozy reconnait aujourd’hui une situation que Bayrou dénonçait, que la Commissionde Bruxelles pointe du doigt et que Berlin déplore...
EDITO RELATIO par DANIEL RIOT: « Je suis à la tête d'un Etat en situation de faillite »…Alors, çà, il faut oser le dire quand on est le co-équipier (puisque « collaborateur » est proscrit) du Président de la République ! Même si ce n’est qu’une « formule » (guère imagée)…
Bayrou l’avait dit pendant la campagne électorale et il proposait des moyens cohérents pour sortir de la situation décrite. Mais il n’a pas été entendu et son projet devenu programme a été étouffé par les flonflons et les paillettes de ceux qui au lieu d’assumer leur bilan désastreux ont su faire croire que la « rupture » avec eux-mêmes allait suffire à redresser la barre !
«2007, c’est pas moi », a lancé Sarkozy, l’autre soir dans deux de ses chaînes de télévision, à propos de la mauvaise croissance actuelle. Ben voyons. Ce n’est ni lui, l’ex-ministre d’Etat, ni sa majorité d’hier reconduite aujourd’hui dont il a su si bien faire oublier le bilan, par des impostures de génie, et un art d’exploiter les faiblesses d’un PS, aussi nul au gouvernement avec Jospin que dans l’opposition sans Jospin…
Les faiseurs de débâcle se sont faits passés pour des faiseurs de miracles. Avec une belle alliance objective entre les conservateurs de droite, de gauche et des médias si conformistes. Et avec ces recettes du populisme et du clientélisme démagogique qui sont très efficaces dans tous les pays en crise de repères… Fillon, aujourd’hui, reconnaît les erreurs et les fautes du passé et montre son impuissance face au présent.
Pire : De Villepin (qui avait déjà dit, à Ripostes, que sa politique avait été délibérément été sabotée dans l’optique des Présidentielles) peut se permettre de rappeler que sous son gouvernement la France bénéficiait d’une croissance supérieure, d’«un chômage qui a baissé de 2 points» et d’«une politique de désendettement qui avait amélioré les choses »…ce que ne font évidemment pas les « cadeaux fiscaux » faits (et que Sarkozy voulait même faire d’une façon rétroactive si le Conseil constitutionnel n’avait pas fait son boulot)
Tout regret bayroutiste serait inutile (et stupide), mais le vrai grief demeure : comment sortons-nous d’une telle crise (d’une telle « faillite ») en refusant le mot « rigueur », en octroyant des « cadeaux fiscaux » à la minorité des Français qui en a le moins besoin, en faisant passer pour « révolutionnaires » des réformettes à portée plus politique qu’économique et en misant sur une augmentation de la consommation (sans hausse du niveau de vie) pour stimuler la croissance…Une croissance qui serait encore plus faible sans l’effet d’entraînement des bons résultats allemands et qui sera encore limitée si les turbulences américaines tournent à la tempête.
Expliquez-nous, Monsieur Fillon…. « Je suis à la tête d'un Etat qui est en situation de faillite sur le plan financier, je suis à la tête d'un Etat qui est depuis 15 ans en déficit chronique, je suis à la tête d'un Etat qui n'a jamais voté un budget en équilibre depuis 25 ans. Ca ne peut pas durer », a martelé le chef du gouvernement en s’engageant « à ramener le budget de l'Etat à l'équilibre avant la fin du quinquennat ».
Encore cinq ans en faillite, c’est long et coûteux, non ? Le « travailler plus pour gagner plus » doit-il se traduire par « travailler plus aujourd’hui pour gagner plus dans le deuxième mandat ». Qui disait que Sarkozy se sentait toujours en campagne électorale ? Tout y est en effet : l’omniprésence, les exhortations, les promesses. A coté de l’Hyper-Président, illusionniste de talent, Fillon en Corse a trouvé sa place : dire (tardivement et partiellement) la vérité !
Mais si l’Etat est en faillite, la République cherche un syndic. Avec un esprit d’ « ouverture », si possible… Ce n’est qu’une « formule » va redire Fillon ! Une de ces formules qu’adorent les agences de communication.
Daniel RIOT