Diffusée sur : The CW
Depuis le : 19 septembre 2007 (Etats-Unis)
Avec qui ?
Blake Lively, Leighton Meester (Surface), Chace Crawford, Taylor Momsen, Ed Westwick, Matthew Settle, Kelly Rutherford (Melrose Place), Nan Zhang, Nicole Fiscella, Penn Badgley (The Bedford Diaries, The Mountain).
Ca parle de quoi ?
Adaptation des romans pour adolescents de Cecily von Ziegesar, Gossip Girl est une série créée par Josh Schwartz (Newport Beach) et Stephanie Savage.
Les étudiants privilégiés des écoles privées du Nord Est du quartier de Manhattan à New York sont tous accros au blog de Gossip Girl sur lequel sont dévoilés tous les derniers ragots sur leur communauté très fermée. Seulement, personne ne connait l'identité de cette mystérieuse Gossip Girl. La série débute sur l'arrivée de Serena Van Der Woodsen qui revient à Manhattan retrouvant ainsi son ancienne meilleure amie, Blair, tout aussi étonnée que le reste des lycéens du retour de Serena après un exil mystérieux en pension. Gossip Girl va s'intéresser au quotidien de cette jeunesse dorée. (source : www.serieslive.com)
Et alors ?
Nous voici immergés dans l'Upper East Side, un quartier huppé New Yorkais, où des jeunes gens beaux et riches tentent de survivre à l'adolescence dans un lycée chic, sous l'oeil d'une blogueuse qui relate tous leurs potins d'une vie de festivités... Si Josh Schwartz a quitté le soleil californien, sa version new yorkaise frappe tout d'abord par les similitudes évidentes qu'établit sans le moindre effort le téléspectateur. Délaissant tout penchant geek au profit de son autre création de la rentrée Chuck, Gossip Girl a donc hérité de The OC le quotidien mouvementé d'une jeunesse dorée. J'avoue que j'attendais avec une certaine impatience ce pilote d'une série qui, sur le papier, a tout pour s'affirmer en guilty pleasure sympathique.
L'épisode nous introduit dans l'univers des adolescents d'Upper East Side à travers le retour de la "fille prodigue", l'inénarrable Serena Van Der Woodsen qui symbolisait toute cette jeunesse dorée et festive. Mais elle est brusquement partie l'année précédente, déménageant dans le Connecticut sans même avertir sa meilleure amie de l'époque, Blair. L'introduction commentée par la Gossip Girl nous donne l'occasion de nous plonger immédiatement dans la particularité de la série, qui est sans doute aussi sa seule originalité : une blogueuse qui commente les faits et gestes du microcosme lycéen du quartier. Or le retour de Serena ne va évidemment pas se faire sans tension. Les scénaristes reprennent des coktails qui ont déjà maintes fois fait leurs preuves, entre amour et quête de popularité, finalement tout est rapidement dominé par la jalousie et les luttes d'influence. Car le petit ami de Blair, Nate, n'a jamais été insensible au charme de Serena, ils ont même couché ensemble juste avant le départ précipité de la jeune fille. Toute cette storyline apparaît cependant bien convenue et terme, sans dynamisme. L'affrontement entre Serena et Blair manque de piment, tandis que le personnage de Nate, choisissant Blair pour satisfaire les exigences paternelles (et un gros contrat actuellement en négociation), reste figé dans son rôle de beau gosse frigide, ne parvenant pas à trouver d'épaisseur, ni à manifester le moindre charisme. Le triangle amoureux ainsi dessiné apparaît quelque peu bancal.
Finalement, la seule brève étincelle dans cet univers huppé new yorkais se retrouve à travers le personnage clairement le plus détestable de l'épisode : Chuck. Parce que tout groupe a son bad boy, il incarne la dérive de cette jeunesse friquée, exprimant dans ses excès toutes ses désillusions quant au vide du monde privilégié dans lequel il vit. La scène du parc où il disserte sur leur vie programmée avec Nate, un joint délicatement roulé à la main, est le symbole parfait du personnage. Ajoutez à cela le fait qu'il semble avoir un penchant très serial rapist (violeur en série) -même si on reste sur The CW et qu'il est éconduit de façon peu élégante par deux fois, n'arrivant pas à ses fins. Voici un personnage exécrable. Mais dans l'ambiance désespérément policée et convenue de l'épisode, ces quelques rares scènes apportent le piquant tant attendu, recaptant un peu l'attention déclinante du téléspectateur. Enfin, une attitude pas seulement faussement provocante et des actes qui interpellent.
Les actions de Chuck servent également de point de départ pour provoquer certains évènements. En effet, l'adolescent s'en prend aux deux jeunes filles qui comptent dans la vie de Dan : Serena et sa soeur Jenny. Dan est l'archétype de l'adolescent invisible socialement, sans histoire, mais qui assume parfaitement son statut. S'il n'a pas la touche geek d'un Seth Cohen, il accepte très bien son image. Sauf lorsqu'il est question de la ravissante Serena dont il est secrètement amoureux, même si cette dernière ignore jusqu'à son nom en début d'épisode. Un peu par hasard, initialement en prétexte pour éviter la fameuse fête organisée par Blair, Serena se retrouve à passer une soirée avec Dan, découvrant ainsi la personne derrière l'anonyme. Ces quelques heures vont d'ailleurs servir à capitaliser l'ensemble des tensions et des futures oppositions et alliances. Jenny, en naïve lycéenne qui découvre avec un air émerveillé la party de Blair, est accostée de façon fort peu chevaleresque par Chuck. Elle appelle à l'aide son grand frère qui, comme elle était avec lui au moment de l'appel, emmène Serena à la fête. Tandis que Dan se débarrasse facilement de Chuck, l'échange de regards assassins entre Blair -ayant appris entre temps l'infidélité de Nate- et Serena scelle une seconde inimité glacée. Les futures confrontations ainsi annoncées, si elles sont orchestrées de façon plus convaincantes que les quelques soubresauts de ce pilote, ont le potentiel pour conférer à Gossip Girl la saveur piquante d'un guilty pleasure. Les scénaristes devront cependant se montrer plus tranchants.
Gossip Girl semble devoir s'orienter sur un show uniquement centré sur les adolescents, à la différence de The OC où les adultes avaient leur part de storylines. Seuls deux parents sont véritablement introduits : le père de Dan et Jenny, ex-rock star has been, rebelle à la société, et la mère de Serena, multiple divorcée aux pensions confortables, soucieuse des apparences. Ajoutons qu'ils ont un passé commun non encore précisé, les scénaristes peuvent difficilement faire moins subtiles pour les pousser dans les bras l'un de l'autre. Et si on anticipe les hauts et les bas de l'éventuelle relation Dan/Serena, on voit clairement les jalons que posent les scénaristes.
Si la subtilité ou l'originalité ne seront sans doute pas les atouts de la série, sur la forme, cette dernière déçoit également par une photo bien trop sombre. Alors qu'on pouvait s'attendre légitimement à une certaine vitalité colorée dans les plans, le réalisateur rate ici l'occasion d'apposer sa marque, en retombant finalement sur une image qui n'est que la déclinaison d'un classique drama presque sombre (pourtant, non, nous ne sommes pas sur CBS !). Cela ne colle pas à l'ambiance attendue pour Gossip Girl. La série y perd une touche identitaire. A voir si ce défaut sera corriger dans les épisodes suivants.
Bilan : Au terme de ce pilote, ce qui reste est le classicisme extrême de la construction du scénario et des personnages. Ce sentiment constant de "déjà vu" accompagne le téléspectateur tout le long de l'épisode. La retenue que la série adopte pour diverses mises en scène tempère quelque peu tout guilty pleasure potentiel, tant tout apparaît à la fois naïf, convenu et polissé. Avec les annulations de l'année dernière, Gossip Girl est le seul teen-show de la rentrée à occuper la place, mais le résultat est plutôt terne au vu des attentes. La seule originalité, la voix off de la Gossip Girl, constitue finalement le seul réel plaisir de ce pilote : entendre la voix de Kristen Bell nous rend étonnamment nostalgique.
En somme, une énième déclinaison de teen-drama qui semble surtout destiné à ceux qui ne maîtrisent pas encore pleinement toutes les ficelles du genre... Mais je vais persévérer et attendre de voir quelles seront les évolutions. Il faut que je vous avoue que, pour mon équilibre intérieur sériephile, il m'est vital d'avoir un teen-show en cours de visionnage. Appelez ça une question d'étalonnement et de mise en perspective. ^_^
Pour un aperçu, visionnez le trailer de The CW :