Or, bleu et rose carmin ...

Publié le 02 juin 2009 par Myriam

Or, bleu profond, rose carmin, ces trois couleurs m'accompagnent depuis ma dernière visite au Musée Jacquemart-André ... et les voilà, là, devant moi, bien présentes, avec cette sépulture faite d'un panneau en bois doré sur lequel reposent quelques pétales d'or, un bouquet de roses et une éponge bleue.

Il s'agit d'une œuvre singulière d'Yves Klein, "Ci-gît l'Espace", réalisée en 1960, et qui semble déjà présager de sa disparition précoce à l'âge de 34 ans.

Et je ne peux m'empêcher de voir qu'au delà de la vie terrestre, de la chair et du sang symbolisés par les roses, la couronne en éponge, représentative de la souffrance et du martyr et matérialisée dans la couleur bleu Klein, en élevant l'esprit vers le spirituel, va permettre de parvenir aux portes de l'éternité, à l'immatériel.

"A travers les religions et les âges, l'or a toujours matérialisé le divin. Dans la religion chrétienne des premiers temps, le fond d'or signifiait Dieu, irreprésentable et son espace divin, impénétrable. Cette matière est celle des dieux égyptiens, hindous, bouddhistes, celtes" (1).

Ces trois couleurs vont à nouveau se rejoindre dans un "Ex-voto dédié à la Sainte-Rita de Cascia", qu'il crée en 1961 pour le sanctuaire de Sainte-Rita de Cascia : du pigment pur de magenta, de bleu et des feuilles et lingots d'or, dans un simple coffrage en plexiglas.

"Articulé au bleu et au rose, l'or est aussi au cœur du feu. L'or, Dieu le père, le bleu pour le divin fait homme, et le rose garance carminé pour le Saint-Esprit, voilà comment Pierre Restany expliquait l'articulation systématique des trois couleurs à la fin de la vie de Klein" (2).

(1) (2) Extrait de l'Esprit de Klein, exposition Yves Klein "Corps, couleur, immatériel", Editions du Centre Pompidou, Paris 2006