Or, bleu profond, rose carmin, ces trois couleurs m'accompagnent depuis ma dernière visite au Musée Jacquemart-André ... et les voilà, là, devant moi, bien présentes, avec cette sépulture faite d'un panneau en bois doré sur lequel reposent quelques pétales d'or, un bouquet de roses et une éponge bleue.
Il s'agit d'une œuvre singulière d'Yves Klein, "Ci-gît l'Espace", réalisée en 1960, et qui semble déjà présager de sa disparition précoce à l'âge de 34 ans.
"A travers les religions et les âges, l'or a toujours matérialisé le divin. Dans la religion chrétienne des premiers temps, le fond d'or signifiait Dieu, irreprésentable et son espace divin, impénétrable. Cette matière est celle des dieux égyptiens, hindous, bouddhistes, celtes" (1).
"Articulé au bleu et au rose, l'or est aussi au cœur du feu. L'or, Dieu le père, le bleu pour le divin fait homme, et le rose garance carminé pour le Saint-Esprit, voilà comment Pierre Restany expliquait l'articulation systématique des trois couleurs à la fin de la vie de Klein" (2).
(1) (2) Extrait de l'Esprit de Klein, exposition Yves Klein "Corps, couleur, immatériel", Editions du Centre Pompidou, Paris 2006