Il avait été l’objet du 500ème billet de ce blog, occupant alors un des Modules du Palais de Tokyo. Il est de retour au Palais de Tokyo dans l’exposition en cours, Sky Numbers, où il a négligemment déposé deux énormes poteaux de ciment dans le hall d’entrée, couchés au sol. Stéphane Vigny a en même temps sa première exposition personnelle à la Galerie LHK (jusqu’au 11 juillet), joliment dénommée ‘Sam Suffit’. Et ne vous fiez pas à l’image terriblement people qui ressort du blog de la galerie (ouf, je n’y suis pas !), où les oeuvres semblent parfois être des accessoires faisant ressortir la beauté de ces dames (Total Judas, une porte en verre avec un judas superfétatoire).
Mais, me direz-vous, c’est que les pièces de Stéphane Vigny sont quasiment invisibles, qu’elles se perdent dans le décor, qu’on passe à côté d’elles sans les voir. Qui, non informé, aurait vu ce Glory Hole, mystérieux taille-crayon double enchâssé dans le mur, que la commissaire de l’exposition qualifie élégamment de ‘fantasme très masculin’ ? Ici le mastic est remplacé par des chewing-gums, là un sandow tendu posé au mur évoque Cadere et Sandback, bâton négligemment oublié ou fil délimitant le volume. Les prises électriques sont de guingois, des gouttières en zinc ne vont nulle part, un bouquet de tubes en PVC multicolore jaillit des profondeurs aux pieds de cette jeune femme (Jamaïque).
Non pas que tout soit petit, discret, il y a aussi un dolmen et une conduite d’eau géante, mais les petites pièces sont plus surprenantes. C’est un art du passage, de l’étonnement, de l’interrogation, du détournement. Mais aussi un art de la ruine, du provisoire, de l’inachevé. Ces bricolages détournés et intempestifs font d’abord rire, et puis on est moins sûr.
Photos courtoisie de la galerie ou de leur site.