Le Canada est beau en toute saison. À commencer par l'hiver: durant cette période, la neige sera assurément au rendez-vous de la semaine du blanc que vous avez prévu de passer là-bas, avec son lot de loisirs et de sensations fortes. Le tout sur fond de la légendaire hospitalité dont nos cousins d'outre-Atlantique ont le secret.
Môôôôôdit qu'il y fait froid! Quand on s'est débattu lamentablement avec la gadoue des fin et début d'année que nous réservent habituellement nos régions plus tempérées, les rigueurs de l'hiver canadien ont pour premier effet de surprendre. Et puis, très rapidement, on y prend du plaisir. N'est-on pas venu pour cela?
À mi-chemin grosso modo entre Montréal et Québec: la Mauricie. Cette région «aux mille visages, aux mille activités et aux mille passions» sait d'emblée séduire les amateurs de grands espaces et d'un air aussi pur qu'aux premiers jours de la Création. Elle «invite à découvrir sur un même territoire tout ce que le Québec a de meilleur à offrir... et plus encore!»
Slogan touristique ou pas, cette offre alléchante prend des allures de réalité bien sympathique dès que l'on est accueilli chez nos cousins canadiens. «Accueilli»: le mot est trop faible. Nos hôtes s'ingénient à créer, jusque dans le plus petit détail, une atmosphère familiale. Tout semble aller de soi, même le temps précieux que l'on prend à vous écouter, à vous raconter l'art de vivre à la canadienne. Bref! On s'y sent bien.
Sports divers
Vous souhaitez apprécier les plaisirs de la neige, voire de la glace? Vous n'aurez pas fait le voyage pour rien.
La nature au Canada est une valeur sûre. On la protège, on sait l'apprécier et la respecter, on n'a jamais fait le tour de sa merveilleuse diversité. Mise à l'unisson de son épais manteau neigeux, elle n'en paraît que plus majestueuse.
Pour partir à sa découverte, tous les moyens sont bons. Chiens de traîneau, randonnées en raquettes ou skis de fond, motoneige, pêche blanche, autant de moments exceptionnels au coeur d'une nature... d'exception!
A priori, les raquettes et le ski de fond ne présentent guère de secrets. On les pratique au Canada comme partout ailleurs, à condition d'avoir des sentiers enneigés à se mettre sous les pieds. On s'attardera donc davantage aux loisirs plus couleur locale. Et comment, entre autres divines surprises, ne pas fondre d'affection devant les yeux enjôleurs des six huskies, vos compagnons de randonnée qui, guidés par leur générosité innée, tirent le traîneau sur lequel vous êtes confortablement installé? Et que vous tentez, en apprenti musher, de diriger de votre mieux... De toute façon, ce sont eux qui guideront la manoeuvre. À leur rythme de surcroît, c'est-à-dire trop lentement à leur gré.
Laissons-nous bercer par le lyrisme de cette information «Tourisme Québec»: «Le traîneau à chiens crée entre vous et l'animal une intimité presque palpable, qui vous réconcilie totalement avec la nature. Quand se dessine à l'horizon la silhouette des immenses domaines forestiers jadis parcourus par les coureurs de bois et les marchands de fourrures, quand les lacs gelés s'égrènent le long de la piste comme les perles blanches d'un chapelet, quand vous n'entendez plus que le son du vent qui fouette votre visage et le halètement des bêtes en pleine course, alors vraiment vous avez le sentiment que vous faites corps avec l'hiver et que tout le reste ne compte plus vraiment.»
Une «géniale invention»
Au guidon de votre motoneige (motonêêêêge en canadien), la sensation sera évidemment bien différente. Moins écolo parce que plus pétaradante, cette activité n'en est pas moins un autre temps fort d'un séjour au coeur de l'hiver canadien. Elle permet de découvrir sans trop d'efforts des sites difficilement accessibles pedibus cum jambis. Et puis, l'occasion est trop belle, pour une fois, de jouer des mécaniques sans craindre les remontrances de la maréchaussée. Alors, ça serait trop bête de s'en priver. Un conseil: n'oubliez pas de glisser dans vos bagages votre permis de conduire, sinon, vous vous contenterez du rôle de passager.
Mettons-nous derechef à l'écoute du lyrisme local: «Tous les mordus de l'hiver et du grand air sont reconnaissants à Joseph-Armand Bombardier pour sa géniale invention qui a fait du Québec la patrie de la motoneige et la destination la plus courue au monde pour la pratique de ce sport. Grâce à lui, plus de 100 000 motoneigistes québécois, auxquels se joignent chaque année des milliers d'Américains, de Canadiens et d'Européens, empruntent les 30 000 km de sentiers, spécialement conçus pour eux, qui sillonnent leur territoire. [...] Moyen de transport primordial pour certains, la motoneige offre surtout, entre décembre et avril, un loisir à nul autre pareil.»
Un «pur divertissement»
D'aucuns auront peut-être une vague préférence pour une randonnée plus tranquille au sein de la nature. On ne peut alors que leur conseiller une initiation à la pêche blanche. Autrement dit, une tentative de capture d'un hypothétique poisson à l'aide d'une ligne introduite dans un trou pratiqué à la surface d'un lac gelé. Des gens vivent de cette technique de pêche. On voit même de gros brochets à même le sol, congelés de la manière la plus naturelle, à proximité des cabanes de pêcheurs. L'histoire toutefois ne dit pas si cet exploit est à mettre au compte de quelque touriste particulièrement adroit ou chanceux.
«Coutume héritée des Amérindiens, commente une dernière fois notre informateur de Tourisme Québec, la pêche sous la glace se pratique un peu partout au Québec dès que la glace qui recouvre les lacs et les rivières est suffisamment épaisse. Pour contrer les effets du vent et pouvoir ainsi pratiquer plus longtemps leur passe-temps, les pêcheurs occupent une petite cabane de bois qui est déplacée l'hiver sur le champ de glace et remisée l'été près des berges. Cette cabane, généralement louée, peut être aménagée avec plus ou moins de confort. [...] Au menu des pêcheurs figurent principalement le doré, la perchaude et le brochet. Les forfaits offerts garantissent aux apprentis pêcheurs des moments de pur divertissement.»
Retour à la ville
Les Québécois rencontrés lors d'un séjour dans leur «Belle Province» n'en finissent pas de chanter leur pays, au point de se croire des privilégiés. Et l'on comprend rapidement pourquoi. Pourquoi surtout ils ont raison.
Une nature qui prend le temps d'être belle et de décliner cette beauté au gré des saisons et des vastes espaces, voilà qui définit plus que tout le Canada. Et pourtant, la ville y garde également son attrait, notamment dans le Québec où l'on peut retrouver des fragments de sa propre histoire.
La francophonie n'est pas ici un gadget. Elle est, à sa manière, une raison de vivre. Voire de survivre face aux séductions d'un imposant pays voisin à la culture tentaculaire.
Surplombant le majestueux fleuve Saint-Laurent du haut du cap Diamant, la ville de Québec est le «berceau de la civilisation française en Amérique du Nord». Elle a, il est vrai, chèrement payé cet honneur, comme le rappelle notamment le site des Plaines d'Abraham où, en 1759, se déroula le sanglant affrontement entre les armées française et anglaise.
Un bref passage dans cette ville qui «respire l'histoire» laissera inévitablement une impression de trop peu. Il aura au moins le mérite de donner des envies de revenir, au printemps ou en automne par exemple. Il sera en tout cas suffisant pour comprendre combien les Québécois «cultivent en tout temps l'art du bien-vivre et du divertissement».
On ressent une impression toute différente à Montréal. Cette deuxième capitale de la francophonie est déjà plus étendue que Québec. Elle est surtout plus cosmopolite et l'influence anglophone y est plus nettement marquée.
L'hiver, la célèbre «ville sous la ville» trouve toute sa justification. Alors que le patinage et le ski de fond sont à l'honneur dans les parcs et sur les étangs ou lacs gelés, alors que les chasse-neige sont régulièrement en activité pour rendre praticables les artères de la ville recevant leur dose moyenne annuelle de deux à trois mètres de neige, le réseau souterrain de 30 km de galeries est beaucoup plus animé que les rues en surface. On y trouve tous les commerces et il permet d'aller de porte à porte à son travail, à son bureau, à son centre commercial habituel, au cinéma, au restaurant, à l'hôtel, à la gare, au parc de stationnement pour voitures, sans mettre le nez dehors. Il est vrai que des moins 30°C ou quelque chose d'approchant vous font réfléchir à deux fois avant de vous risquer à aller prendre des nouvelles du monde extérieur! «Mon pays, chante Gilles Vigneault, ce n'est pas un pays, c'est l'hiver»...
À la revoyure!
Autre moment privilégié d'un séjour au Québec: l'accueil dans les familles. La formule par elle-même n'a rien de très original. Elle revêt néanmoins là-bas, sur les rives du Saint-Laurent, un caractère très spontané et extrêmement chaleureux. Nous sommes très loin du simple «bed and breakfast»!
Dans l'intimité d'une famille d'accueil, l'hospitalité prend, pour les «cousins» de France, des allures de retrouvailles par-delà le temps. Si la discrétion ou la timidité peuvent être un frein tout d'abord à l'ambiance bon enfant, faites confiance aux Québécois pour rompre la glace rapidement (ils sont habitués à cet exercice!), surtout lors d'une soirée folklorique où tout le monde est là pour «s'amuser bein gros» et «swinguer la baquaise dans le fond de la boîte à bois».
Au moment du départ, quand toutes les mains réunies forment une grande chaîne d'amitié, l'émotion n'a rien d'un simulacre. On a beau n'être cousins que «de la fesse gauche», les Français d'ici et ceux de là-bas sont heureux et fiers de se retrouver. Dans la simplicité, la bonne humeur et un brin de fantaisie. Bref, à la québécoise!