Magazine Régions du monde
Si les croisières ont connu leur grande et belle époque, celle des destinations lointaines, exotiques et réservées à une certaine élite, elles sont maintenant devenues plus accessibles. Grâce notamment à Costa Croisières qui, pour transformer le rêve de tout un chacun en réalité, cultive l'art de naviguer, "mariage subtil de festivités, de charme et d'hospitalité", sur de nombreuses routes maritimes.
Pour Gibraltar et Cadix à bord du Costa Romantica, embarquement immédiat!
Dimanche 26 octobre 2003. Après trois heures de car pour effectuer le trajet Nice-Savona (Italie) et rejoindre l'embarcadère, l'accueil sur le Costa Romantica offre déjà la douce sensation de l'évasion dans un autre univers. "Benvenuti a bordo!" mentionne la bouée de sauvetage tenue par les deux hôtesses au sourire généreux qui officient pour la photo de circonstance. Bienvenue à bord! La semaine s'annonce en effet comme "romantique" à souhait. Non seulement pour celles et ceux qui auraient quelque événement personnel à célébrer, mais également pour tous ceux qui souhaitent voyager autrement.
En cabine, on retrouve ses bagages déposés à Nice dans la soute du car. Le confort est au rendez-vous. Une véritable chambre d'hôtel. À cette différence près que notre hôtel nous suivra partout (à moins que ça ne soit l'inverse!), sans souci de valises à défaire-refaire-redéfaire, etc. Avec ses 643 chambres, ses 221 mètres de long et ses 31 mètres de large, le Costa Romantica est un véritable géant des mers. L'ambiance très cosy procure néanmoins la sensation d'une réelle intimité. On trouve vite ses repères, grâce à l'abondante documentation et aux indications fournies par le personnel présent sur chaque pont du navire.
Une demi-heure après l'appareillage, pour satisfaire aux exigences de la réglementation internationale de la navigation en pleine mer, un exercice d'abandon du navire est au programme. Les passagers sont invités à enfiler leur gilet de sauvetage, puis à joindre un point de rassemblement pour y recevoir les recommandations d'usage. La croisière peut alors commencer. Et elle a déjà effectivement débuté puisqu'on se trouve au large, entre les côtes italiennes et françaises, en route pour Malaga que l'on atteindra après 786 milles (rappel: un mille nautique équivaut à 1 842 mètres). Un regard par le hublot. La nuit tombe. Calmement, avec une douce régularité, notre navire fend la mer, traçant un sillage argenté que l'obscurité estompe rapidement.
Après le dîner de "Bon voyage", il n'y a plus qu'à se laisser guider par les propositions d'animation mentionnées sur le bulletin Today: une vidéo sur le Costa Romantica, le "Chapeau fou" (un jeu à prix au salon Tango), un super-bingo... Un peu plus tard, les amateurs de danse pourront se remémorer les "belles années 70" au salon Tango. Puis, dans la foulée, les inconditionnels de disco continueront à danser sur le pont supérieur à partir de minuit: le DJ Gianluca les y attendra.
Bref, les premières impressions sont du genre sympa de chez sympa. On se sent ailleurs. Sur cette véritable ville flottante qu'est le Costa Romantica, la sollicitation, l'invitation est omniprésente. Nous en étions avertis: "À bord, il se passe toujours quelque chose."
Lundi 27 octobre. Nous avons navigué toute la nuit et allons poursuivre notre route toute la journée. La télé du matin précise notre position (nous approchons de la côté est de l'Espagne) et notre vitesse de croisière (entre 35 et 40 km/h). Apparemment, les eaux du golfe du Lion semblent un tantinet agitées. Le roulis et le tangage sont toutefois parfaitement supportables. D'ailleurs, notre transporteur en a pris l'engagement: "Nos itinéraires sont étudiés pour offrir à nos clients les mers les plus belles et les plus calmes du monde."
Précision lexicographique de Today: le roulis est "l'oscillation transversale d'un navire qui s'incline alternativement d'un bord à l'autre"; le tangage est "le balancement longitudinal d'un navire dont l'avant s'enfonce dans les lames (les vagues) et se retire suivant un mouvement d'oscillation plus ou moins régulier". C'est vrai qu'on se sent nettement mieux après une telle leçon de choses!
Notre informateur nous rappelle en outre qu'un noeud marin équivaut à 1,852 km/h, que bâbord est le côté gauche du bateau en regardant l'avant, et que tribord est le côté... Vous avez deviné?
Cette première journée entière de navigation, cap sur le sud de l'Espagne, donne au passager l'occasion de trouver définitivement ses marques à bord, pour repérer où se trouvent la piscine, le théâtre, la salle de gym, le casino, la boutique photo, le salon de beauté, les boutiques duty free, le casino-bingo, la bibliothèque, la discothèque, l'internet café, les différents bars, la chapelle, l'infirmerie, le bureau des excursions...
Pour tous les achats, la carte Costa fait office de moyen de paiement. Ce sésame est un document personnel d'identification, utilisé lors des débarquements et embarquements aux escales. Après enregistrement d'un numéro de carte bancaire, il permet en outre de régler les dépenses faites à bord (boissons,excursions, achats dans les boutiques, blanchisserie, salon d'esthétique...). L'utilisation d'argent liquide n'est en effet pas possible sur le bateau, sauf au casino. Le récapitulatif des dépenses figure sur une fiche remise en cabine, pour contrôle, en fin de périple.
L'un des espaces les plus animés sur le bateau est sans conteste le club enfants. Costa Croisières a eu en effet l'astucieuse idée de leur réserver un lieu de détente approprié, sous la responsabilité de professionnels de l'animation. Pas de problème majeur de compréhension: les animateurs sont au minimum trilingues, sans compter le langage des signes ou du mime qui est, comme on sait, sans frontières.
La prise en charge des enfants, voire des ados, inclut même, sur demande des parents, les repas sous forme de buffets. "Enfants heureux, parents détendus": on a bien compris le message.
La journée se termine en fanfare avec le dîner de gala de bienvenue, faisant suite à la présentation par Mauro Muratore, commandant de bord, des responsables de son équipage, et finalement avec un spectacle de variétés internationales présenté par Tiziana Foppiani, directrice de croisière.
Terre! Terre!
Mardi 28 octobre. On a beau se sentir bien sur le Romantica, on commence à avoir des fourmis dans les jambes au bout d'une journée et demie de navigation. En outre, en ce début d'automne 2003, la météo n'est pas fameuse, y compris le long des côtes espagnoles. Crachin, grisaille, un temps plutôt frisquet: rien qui ne convienne vraiment pour profiter pleinement de l'air du large. Seuls trois ou quatre téméraires osent quelques brasses dans la piscine sur le pont 11. Quant au solarium, c'est plutôt pour le moment du genre gros gilet et bonnet de laine.
La première escale, à Malaga, est donc la bienvenue, même si elle commence sous la pluie. Elle revêt des allures de retrouvailles avec la terre ferme. L'après-midi est consacré à la visite, avec plusieurs options: tour de ville de la capitale de la Costa del Sol, visite du village typiquement andalou de Mijas, excursion à Marbella.
Étrange, mais sans doute bien compréhensible réflexe: dès que la possibilité en est offerte au cours de la visite des hauteurs de Malaga, on se prend à rechercher dans le paysage la silhouette du Costa Romantica sur le quai, ne serait-ce que pour faire la photo qui manquait à la collection.
En fin d'après-midi, lors du retour à bord, la satisfaction est évidente de se retrouver un peu chez soi, dans un univers devenu familier. Comme les habitudes se prennent vite!
La journée se termine, pour beaucoup tout du moins, par un nouveau spectacle de variétés avec les acrobates Clomax et Bodrov, les chanteurs Caroline Beckman et Neville Knight, et le ballet The All Star Dancers. Pour celles et ceux qui souhaitent jouer les prolongations, une "Fête tropicale" les attend au salon Tango. On vous l'avait dit: à bord, il se passe toujours quelque chose.
Cádiz ciudad trimilenaria
Mercredi 29 octobre. Annoncé par Today: à minuit, nous pouvions apercevoir les lumières de l'Espagne à droite du bateau et, à gauche, celles du Maroc. En clair: nous voguions sur le détroit de Gibraltar.
À minuit, j'en connais qui dormaient. Ce qui n'empêche que les 156 milles marins entre Malaga et Cadix ont été bouclés aux environs de 8 heures.
Cette nuit, la mer s'est rappelée à notre bon souvenir. Oh! Pas de quoi vous faire remonter l'estomac à la place du gosier. Mais quand même! Il est vrai que nous avions laissé la Méditerranée pour l'océan Atlantique, apparemment plus agité. C'est cela aussi une croisière: celle des vagues qui, parfois, jouent aux montagnes russes. Pas de panique! Tout va bien. Il y en a même que cela amuse.
Au programme du jour, une escale à Cadix la belle andalouse. Deux excursions sont proposées: soit un tour de cette ville fondée par les Phéniciens vers 1 100 av. J.-C. (ne pas manquer la visite de la cathédrale et une promenade dans les ruelles très typiques), soit une visite de Séville, la "ville aux mille reflets" ou "ville de la grâce", dominée par sa célèbre tour de la Giralda.
Heureuse surprise pour la journée: la Costa del Sol justifie son appellation puisque le soleil est enfin de la partie. Morale de l'histoire: une croisière durant l'automne n'a rien d'une entreprise hasardeuse. Mieux: elle présente en plus les avantages non négligeables du hors-saison.
Cap sur les Baléares
Jeudi 30 octobre. Deuxième volet de la croisière. Le Costa Romantica a appareillé hier soir pour entamer la route du retour, sans pour autant se contenter de suivre le sillon tracé à l'aller.
Réveil un peu plus matinal pour profiter de la courte escale du jour: Gibraltar. Est-il besoin de le rappeler? Les noms des rues (Queen's way, Williams way, Main street...)ne prêtent en tout cas à aucune équivoque, même si les voitures roulent à droite: nous sommes bien en territoire britannique, sous la protection de Sa Gracieuse Majesté. C'est en 1704 qu'une flotte anglo-hollandaise a pris possession de cette langue de terre (dénommée alors "langue du diable" par les Espagnols) séparant l'Europe de l'Afrique.
Comme pour ne pas remuer de fâcheux souvenirs (la pâtée prise par la flotte franco-espagnole affrontée à la marine britannique placée sous les ordres de l'amiral Nelson: 21 octobre 1805), aucune excursion n'est organisée. Libre par conséquent à chacun de flâner à sa guise dans les rues commerçantes du "Jabal-Tarik" ("Rocher de Tarik"), d'aller y admirer les maisons de style anglais ou espagnol, de visiter les grottes de Saint-Michel, de faire une halte dans un pub, d'emprunter le téléphérique pour découvrir le point de vue du sommet du Rocher (2 étoiles au Guide vert) ou de se laisser tenter par les shops aux enseignes britanniques.
Pendant ce temps, les infos en provenance de France nous apprennent que l'hiver précoce s'est installé là-bas, alors que nous contentons de nos 63,4 degrés... Farenheit!
Deux bonnes nouvelles en début d'après-midi, alors que le Costa Romantica a repris sa route en direction des Baléares. Tout d'abord, le franchissement du détroit de Gibraltar nous ramène en Méditerranée, Mare nostrum ("notre mer") comme disaient les Romains. Après quatre ou cinq jours (on ne sait plus très bien) de navigation, elle fait désormais partie de notre décor. Deuxièmement, le soleil semble décidé à accompagner notre route. D'où apparition des maillots de bain du côté des solariums. Les transats trouvent enfin leur raison d'être sur les ponts supérieurs.
De toutes les couleurs
Vendredi 31 octobre. Le retour à la case départ pointerait-il à l'horizon? Tout porte à le croire. Une "importante réunion d'information", avec présence recommandée, est annoncée par Today en prévision du débarquement à Savona: dépôt des valises, facturation des suppléments, pourboires à prévoir... Annoncé également le dîner de gala de l'au revoir. Pas de doute: on s'achemine bien vers la fin du périple.
Mais pour l'heure, Costa Tour magazine et Costa Port information, deux autres bulletins remis aux passagers, invitent à partir à la découverte d'Ibiza. L'"île blanche", autrefois dénommée "île des pins" par les Grecs, est réputée pour ses habitations typiques, la beauté de ses paysages, la douceur de son climat, sans oublier sa vie nocturne qui attire de nombreux touristes. Sauf que...
Sauf que se produit l'imprévisible: une météo pour le moins défavorable, avec un vent de force 8. Le débarquement programmé à Ibiza est donc impossible. L'île tant réputée pour ses charmes touristiques restera pour nous dans la brume. Notre navire trace donc sa route vers Palma de Majorque. À tout prendre, si l'on en croit les étoiles du Guide vert, on n'y perdra pas au change. Sauf que...
Sauf qu'une nouvelle annonce nous informe vers midi, toujours pour cause de météo cette fois-ci très défavorable, les autorités portuaires de Palma interdisent à leur tour tout débarquement. D'où un nouveau changement de cap, direction Barcelone. La faute à pas de chance! Mieux vaut supporter de tels aléas avec humour et sérénité. La vie à bord, avec son lot d'animations, n'en continue pas moins son cours nullement perturbé, lui, par les caprices de la météo.
Loin de ces tracas d'itinéraire, le dîner de gala restera dans les mémoires. Il est suivi de l'élection du "couple idéal" (traduit étrangement par "couple infernal" dans Today en version française), de la Halloween party et son défilé de costumes préparés en fin d'après-midi avec l'équipe d'animation, puis du "buffet magnifique" dressé par le chef Gerhard Ottinger et servi aux environs de minuit. Pendant ce temps, les 3-12 ans se retrouvent pour leur dîner des sorciers et magiciens, puis leur nuit de Halloween à la discothèque.
Dépassée la réserve du début de navigation, les langues se délient. On a commencé à faire plus ample connaissance. De nombreux visages sont même devenus familiers. On parle de tout et de rien. On partage ses impressions sur les agréments de la croisière. Les sourires échangés se font plus fréquents, plus spontanés.
Après l'île qui devait être "blanche", au milieu d'une mer censée être bleue, la nuit est, quant à elle, réellement haute en couleurs. À en oublier les fantaisies de la météo. Vue du pont ou à travers le hublot de la cabine, la Méditerranée réagit à sa manière aux caprices du temps, par une ondulation plus soutenue de ses vagues qu'elle saupoudre d'écume, entraînant le navire dans un roulis nettement amplifié. On ne se lasse pas, malgré tout, du spectacle de la mer...
Arrivederci !
Samedi 1er novembre. Barcelone est la dernière, mais aussi la plus importante escale du voyage. Pas moins de cinq excursions sont au programme pour découvrir, trop sommairement, la capitale de la Catalogne: une visite panoramique, un circuit consacré aux chefs-d'oeuvre de l'architecte Gaudí (dont la célèbre Sagrada Familia), Barcelone et le musée Picasso, panorama de la ville et shopping, promenade à vélo.
À 13 h, comme prévu, le bateau appareille pour la dernière ligne droite. Le show des enfants, préparé durant le périple, et un méga-bingo (5 000 euros de prix) marquent la clôture des animations. Sauf pour les fondus de discothèque où le DJ Gianluca attend ses clients à partir de minuit.
À une heure du matin, les valises dûment étiquetées attendent, sagement rangées, dans les coursives. On les retrouvera quelques heures plus tard lors du débarquement.
Avec tout le confort d'un hôtel flottant, ponctuée d'escales pour la découverte d'autres pays et d'autres cultures, la croisière fait désormais partie des moeurs touristiques. Placée sous le signe de la convivialité et de la dolce vita, elle est une incitation à donner du temps au temps, dans un "ailleurs" qui se laisse facilement apprivoiser. Quand bien même serait-elle parfois capricieuse, la mer est une constante invitation à l'évasion, loin de tout stress et de toute précipitation. Contrairement aux autres formes de tourisme, le voyage - la vie à bord - n'est pas une simple parenthèse, plus ou moins agréable, plus ou moins longuette, en attendant les vraies vacances: il en fait partie. Il en est même un temps fort. Assurément, pour reprendre le mot de Mauro Muratore, notre commandant du Costa Romantica, une croisière est "une expérience unique" à savourer paisiblement. Elle est " un rêve enfin réalisable".