Cela vous a peut-être échappé, mais pour le Bio, c’est le printemps. À quelques jours de l’été, les acteurs de la “filière bio” nous proposent leur “printemps bio ” du 1er au 15 juin.
Par bonheur, le “bio” n’est plus l’apanage de quelques “baba-cools” réfugiés aux fins fonds de la campagne française. Les produits bio sont de plus en plus visibles dans les rayons des supermarchés. Si les distributeurs s’y intéressent, c’est qu’il y a quelque profit à réaliser, donc une demande.
Pourtant, il me semble que le “bio” continue d’être entouré d’un halo d’incertitudes, voire de contre-vérités que j’aimerais corriger à ma modeste place.
1- Le bio est bon pour la santé, puisqu’il nous évite d’absorber notre lot de produits phyto-sanitaires, même si quelques voix font valoir que la différence est infinitésimale, peu quantifiable sur la santé publique.
2- Mais le bio, c’est surtout bon pour l’environnement. Selon le bon vieux principe “rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme”, les insecticides, herbicides, engrais, antifongiques, et autres joyeusetés de l’agriculture traditionnelle déversées depuis des lustres sur nos patates se retrouvent forcément quelque part, si ce n’est dans notre ration de frites. Et notamment dans notre eau potable, que nous devons purifier à grand frais.
3- Notre environnement est lui gravement menacé par l’insouciance avec laquelle les pays dits “avancés” l’ont consciencieusement agressé depuis des décennies. Ainsi, la semaine dernière, le Forum humanitaire mondial, présidé par l’ex-secrétaire général de l’Onu Kofi Annan, expliquait que le réchauffement climatique est responsable de 300.000 morts par an et coûte 90 milliards d’euros) chaque année. Et ce sont les 325 millions de personnes les plus pauvres de la planète qui sont le plus affectées. Les 50 pays les moins avancés contribuent à moins d’un pour cent des émissions mondiales de CO2.
4- L’agriculture biologique a progressé en 2008 atteignant 2,12% de la surface agricole utilisée, encore loin cependant des objectifs fixés par le Grenelle pour 2012 de tripler les surfaces, et nous obligeant à coiffer pour l’instant le bonnet d’âne des pays européens, loin derrière l’Italie, en tête avec deux fois plus de surfaces en agriculture bio.
En 2008, 13.298 exploitations agricoles sont engagées dans l’agriculture biologique, soit une hausse de 11%, alors que le nombre d’hectares en conversion en 2008 a progressé de 36% (soit maintenant 580.000 hectares consacrés à l’agriculture biologique).
5- Les Français sont de plus en plus demandeurs de produits bio. Le marché progresse très rapidement, avec 25% de hausse en 2008, soit 2,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Pour répondre à cette demande croissante, la France est obligée d’importer de plus en plus de produits, ce qui est un non sens au regard de la protection de l’environnement. En moyenne 30% de l’alimentation biologique consommée dans l’Hexagone est importée, une proportion qui atteint 60% pour les fruits et légumes, tout comme pour les surgelés et 70% pour les jus de fruits.
Consommer bio, c’est certes une dépense supplémentaire qu’on peut largement compenser en économisant nos dépenses énergétiques. Et demain, ce sera une obligation à laquelle les uns et les autres nous devons aujourd’hui nous préparer.