Il suffit d’aller sur le site Googlefight pour se rendre compte que la notoriété de la marque Google a ringardisé Microsoft. Conscient que le statut de “nouveau riche de l’Internet et des NTIC” est une chose extrêmement précaire, Google n’en finit pas de buzzer autour de prétendues innovations.
De l’innovation en général
Même si Kondratieff avait mis en forme la relation entre croissance et innovation, il ne l’avait pas expliquée. Peu satisfait de l’explication sinusoïdale de l’innovation donnée par Kondratieff qui veut qu’après la pluie vienne le beau temps, Schumpeter tenta une explication peu convaincante sur l’innovation en grappe et la destruction créatrice autour du génie entreprenariale. Jacques Monod n’aurait pas dit mieux. On en savait toujours pas plus sur les forces endogènes à l’innovation. C’est Max Weber qui lui donna des explications plus culturelles : il associa le développement capitaliste à l’émergence de l’éthique protestante.
Quel rapport avec Google ?
Pour certains, Google aurait inventé le moteur de recherche. Faux, le moteur de recherche existait avant Google. Google n’a pas inventé grand chose à vrai dire, s’appuyant la plupart du temps sur des technologies existantes et le logiciel libre, notamment. La force de Google est d’avoir inventé Google en lui attachant un modèle économique autour des AdWords et du programme AdSense qui captent l’essentiel de la publicité en ligne. Autrement dit, la force industrielle de Google est dans sa capacité à construire le mythe Google tel que le percevait Roland Barthes et dans sa capacité à s’instituer dans nos imaginaires comme l’évoquait si bien Cornélius Castoriadis.
Redescendons sur le plancher des vaches.
- Google va vendre des eBooks à 10$. Innovation ? Non !
- Google fait Androïd pour répondre à l’iPhone d’Apple. Innovation ? Non
- Google Wave parle désormais de “collaboration électronique”. Google réinvente le mail 3.0 après le POP et le Webmail.
- Des macros javascript dans Google Docs pour automatiser les documents en ligne. Du neuf ? Certainement pas ! Les macros existent depuis 1986.
- Google Chrome propose un système d’extensions… pour reprendre celles de Firefox ?
J’interromps cette liste à la Prévert que d’autres, plus avisés, se sont évertués à faire.
La destruction créatrice
Le revers de la médaille à l’expression de cette “énergie créatrice” est la destruction de technologies et d’algorithmes concurrents. Le néo-darwinisme économique que semble appliquer Google au monde des nouvelles technologies est inquiétant par la vitesse à laquelle les concurrents disparaissent.
Imaginons un être vivant dont la faculté serait de tuer tous ses “concurrents”, espèces végétales et animales confondues. Quelles seraient les chances de survie de cet être vivant ? C’est aujourd’hui aux pouvoirs publics - soucieux de l’expression d’une concurrence libre et non faussée - de prendre conscience de la nature réelle de l’innovation telle que Google nous la vend par communiqués et vidéos interposés ! L’entreprise de Google, par son aspect totalisant, renferme un risque “totalitaire”.