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" Il y a violence, non parce que nous serions porteurs de je ne sais quelle agressivité naturelle, "animale" ; il y a violence parce que nous sommes des consciences séparées, qui éprouvons violemment l'exigence de donner sens, et que nous butons d'emblée sur le fait que les autres consciences le veulent aussi, mais pas forcément de la même façon que nous. " A trop fréquenter l'existentialisme sartrien, Francis Jeanson balaie un peu vite la question de l'animalité dont la violence, me semble-t-il, est d'autant exacerbée qu'elle émane d'une conscience. La torture, par exemple, est le propre de l'animal humain. D'autre part, je crois moins que jamais, au regard de l'expérience de vie qui est la mienne, que l'objet de la conscience est de donner puis d'imposer du sens. La vérité, si tant est qu'elle puisse exister, a toujours fait peu de cas du sens. L'Histoire est là, hélas, pour en témoigner. Nous savons bien que l'irrationnel la dirige le plus souvent, nourrie de nos pulsions les moins avouables... Enfin, pour ce que j'en dis, je ne suis pas philosophe, moi. Seulement un papillon fragile, ou un oiseau à ressort qui ne prétend pas remonter la pendule du monde. La photo de Francis Jeanson est des éditions du Bord de l'Eau où Francis Jeanson a publié ses derniers entretiens dont " Affaires humaines, violence & liberté".