Je suis retourné dans une salle de cinéma, depuis mon retour à la vie normale. Enfin, quand je dis "salle de cinéma" ...
Je comprend mieux pourquoi on l'appelle "le palais des festivals", à Cannes... 2400 personnes installées, et pas un bruit ! Mais comme la cohue dans le métro, on va se "réhabituer", l'accepter, jusqu'à l'année prochaine...
Comparée aux deux précédentes éditions que j'ai eu le chance de vivre, je dirais que la cuisine 2009 n'était pas mal, mais ... mais on sort de là en ayant encore un peu faim...
Certes les différents "plats cinématographiques" proposés par Thierry Frémaux n'étaient pas mauvais, certes de grands "cuisiniers du 7ème art" étaient présents sur la croisette ... les Almodovar, Lars Von Trier, Ang Lee et autre Quentin Tarantino nous ont préparé des petits plats originaux, loin du classique steak frites mayo hollywoodien (que j'apprécie tout autant, un bon blockbuster des familles, ça fait du bien parfois !! Attention tout de même aux crises de foie ...), certes on aime ou on n'aime pas ...
Alors pourquoi cette petite déception qui plane sur la session 2009 ? Est-ce l'arrière goût douteux que laisse cette "palme d'or à un ami d'Isabelle", dont l'accolade fraternelle pouvait être mal perçue ? Avait-on laissé à Monsieur Frémaux tout le loisir de déguster les mets cinématographiques avant de les proposer sur la croisette ?
Les plats ont souvent une très belle présentation, semblent plus qu'appétissants sur la carte, mais les saveurs ne restent pas forcément en bouche une fois le repas terminé.
Pourtant, je me souviens de projections en 2007 (année exceptionnelle) ou même en 2008 qui m'avaient littéralement transporté, troublé, touché, ému ... Alors pourquoi les plus grands chefs ne font-ils pas toujours les plus grands plats ? J'en sais rien, moi .... peut-être tout simplement parce que, comme Monsieur Frémaux, et contrairement à Cantona, ce sont des hommes et des femmes comme les autres, ils sont humains. Ils ne sont pas des dieux cuistots qui détiennent la recette miracle afin de plaire au plus grand nombre, alors ils essaient, ils testent ...et ils ont raison finalement.
Évidemment, on ne peut pas en vouloir à Monsieur Frémaux, qui je pense réalise un travail titanesque en pré-sélectionnant 1600 films avec son équipe, où seulement 20 seront retenus. Comme il nous l'a expliqué, cela veut dire 1580 "non, vous ne serez pas en compétition..." à des grands réalisateurs qui méritaient peut-être d'y participer.
Le plus dur pour lui, ce n'est pas de trouver les bons ou mauvais films (quasiment impossible, il faut s'en remettre à son flair), c'est plutôt de faire des choix ... choix qui seront de toute façon critiqués, comme tous les ans, chacun pensant à tort pouvoir faire mieux.
Tarantino, avant d'être Tarantino, c'était un pizzaiolo inconnu débarquant à Cannes en proposant d'excellentes 4 fromages pimentées ... Il a aujourd'hui tout simplement agrandi son camion pour accueillir plus de monde, c'est tout !
C'est un tel privilège de pouvoir être heureux ou déçu à Cannes que nous sommes prêts à nous réinstaller à la table de Monsieur Frémaux. Dans un mouvement théâtral dont il a le secret, il soulèvera de nouveau la cloche cinématographique gardant les plats au chaud, à l'abri des regards, et lancera un malicieux "surprise !!".
Allez, bon appétit.
Seb