Considérant la question de la simulation, il y a deux approches distinctes: la synthèse et la fragmentation.
Cette dernière, comme c’est le cas pour les TTS, est fondée sur une décomposition en éléments discrets de phénomènes continus afin d’en permettre la combinatoire. La fragmentation suppose une décontextualisation puis une recontextualisation, son objectif est de rompre le continuum pour produire une nouvelle continuité. La difficulté de la fragmentation est d’opter pour une bonne décomposition qui offre le maximum de possibilités avenirs. Or toute décomposition est un choix, il n’y a pas naturellement des éléments au départ discrets qui s’agencent de façon continue mais des continuums dans lesquels on perce des fragments. La limite de la fragmentation réside en trois points: la quantité (on ne peut pas décomposer à l’infini), la double indexation (index de départ traduit en un index d’arrivée) et la continuité (comment produire un effet de continuité par exemple entre des fragments visuels).
Portrait numéro 1 de Luc Courchesne est un exemple de personnage fragmenté.
La synthèse quant à elle est basée sur une modélisation, une compréhension mathématique d’un phénomène. Elle ne part pour ainsi dire de rien, si ce n’est du calcul. Si elle peut être continue parce qu’elle a lieu dans le maintenant du calcul (et on pourrait s’interroger par rapport à la continuité qui n’a lieu qu’au présent si elle est procédurale, ce qui n’est pas par exemple le cas du cinéma), sa difficultée est le réalisme, la ressemblance par rapport à son référent alors même, paradoxalement, que la synthèse s’écarte de son référent du fait même du coup de force mathématique qui est une abstraction, c’est-à-dire une mise à distance. Le réalisme de la synthèse est pour ainsi dire toujours décevant non par quelques limites techniques mais du fait de son mouvement de départ.
L’Autre (1992) de catherine Ikam est un exemple de personnage synthétique.
L’interactivité est le plus souvent fondée sur une fragmentation réalisée grâce à des capteurs qui est ensuite synthétisée informatiquement.