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INTERNET : l'Algérie à la traîne

Publié le 21 septembre 2007 par Houssam Eddine Oussama Boussahel

Le Centre de presse d'El Moudjahid a reçu, hier, des spécialistes et professionnels de l'internet, dans le cadre d'une table ronde consacrée à l'évolution de l'internet en Algérie. Etaient présents à cette table ronde, M. Grar Younès, P-DG de GECOS et président de l'Association algérienne des fournisseurs des services internet, M. Hamzaoui Sidi Mohamed, P-DG de SERI NET et ancien président de l'Association, M. Kahlane Ali, P-DG de Satlinker, M. Saâdi Mohamed, P-DG de Big Informatique, M. Antri Bouzar Mohamed, P-DG de ALMB.

Le sommet de Tunis sur la société de l'information reste une référence : Intervenant le premier, M. Younès Grar rappelle toutes les recommandations adoptées à échelle internationale et notamment au sommet de Tunis sur la société de l'information, il y a quelques années. Un programme de mise en œuvre de ces recommandations a été mis en route.

Pour M. Antri Bouzar, l'internet est un bon " uyau pour aller loin." L'internet reste une très bonne chose pour la gestion. On ne peut imaginer aujourd'hui de véritable gestion sans le recours à l'internet. L'Algérie devrait consommer cinq fois plus en PC que sa consommation actuelle.

Notre pays a installé un cadre d'exercice et des garde-fous pour veiller à une concurrence loyale, ce fut le début, il y a quelques années, de la libéralisation du secteur des télécommunications, note dans son intervention M. Hamzaoui Sidi Mohamed. Le passage d'une société de monopole à celle plus libéralisée n'a pas été simple.

Une politique nationale de l'internet : Aujourd'hui, on constate, note l'orateur, la nécessité d'une véritable politique nationale de l'internet, une sorte de stratégie nationale pour le développement de cette technologie. L'intervenant se plaint de l'absence de moyens chez les ISP, fournisseur d'internet qui, depuis trois ou quatre ans, disparaissent.

On assiste parallèlement à un afflux d'étrangers fournisseurs de solutions. Pour sauvegarder leur outil de travail, les ISP songent à la mise en place d'un véritable plan d'urgence. M. Hamzaoui évoque l'existence d'une commission e-gouvernance, installée il y a quelques années et dont on n'a rien vu. L'orateur regrette que les micros soient frappés encore d'une taxe.

L'information est vitale : Produire de l'information, note M. Hamzaoui, est essentiel dans un pays et là nous avons dans notre pays de lourds handicaps. Or la production de l'information, c'et la production du savoir qui doit être accessible à tous les citoyens. La production de l'information, c'est ce qui fait qu'internet marche ou pas dans un pays. One ne peut faire du business en ligne s'il n'y a pas une liaison on line, c'est évident, relève l'orateur.

Pour qu'internet se développe, il faut, en outre, une réduction des coûts. Or les coûts dans notre pays sont très élevés encore. Il faut également qu'il y ait un autre exploitant pour la gestion des réseaux. On a salué, affirme M. Hamzaoui, l'arrivée d'un nouvel opérateur national pour l'exploitation de la fibre optique. L'intervenant souhaite voir l'installation d'un haut conseil de la technologie. On va demander, dit-il, une coordination de providers, un réseau national de connexion.

Pour M. Ibarissem Mohand, la technologie avance chez nous normalement. On assiste à une démocratisation dans le domaine. Internet est là, même si sa gestion connaît quelques problèmes. ADSL est là aussi. La question que l'on peut légitimement poser est de savoir ce que l'on peut faire de la technologie d'internet qui est entre nos mains.

Ce qui bouge doit être encouragé : Pour M. Ibarissem, ce qui bouge doit être encouragé. Il faut mettre en place une politique de l'internet, le cadre réglementaire suivra.

Intervenant de son côté, M. Ali Kahlane relève que potentiellement la communauté internaute pourrait être de 21 millions. Il évoque le bond qualitatif fait en 2004-2005 où l'on est passé de 3 millions d'internautes à 11 millions. Ce bond en avant intéresse les étrangers qui poussent la curiosité à demander comment ce bond a été possible. L'orateur regrette qu'au niveau institutionnel, on privilégie l'acquisition de matériel mais on ne songe pas au contenu.

Pour édifier l'assistance, on peut rappeler, dit M. Kahlane, que la commission e-gouvernance n'a pas de site internet. L'échec d'Ousratic, c'est l'absence de contenu entre autres, et pourtant l'avertissement aux autorités a été lancé. On leur avait dit vous avez lancé Ousratic, faites la même chose pour les contenus, lancez une opération Ousratic pour les contenus. On n'a pas eu d'écho.

La grande solitude des providers : L'orateur rappelle qu'ils étaient une centaine de providers en 2000, trente réussissent à rester actifs aujourd'hui, dont 4 ou 5 sont dans l'internet. L'intervenant note qu'il y a des moyens, mais dont il faut rationnellement en faire usage.

Intervenant à son tour, M. Saïdi Mohamed relève qu'il est impossible de nos jours d'avancer sans information. L'Inde était exportateur de services en 2001, pour un revenu de 5 milliards de dollars. En 2005, ce revenu est à hauteur de 25 milliards de dollars.

Les Etats-Unis, ce sont 65% des dépenses mondiales de technologies de l'information : Les Etats-Unis, relève l'orateur, ce sont 65% des dépenses mondiales en technologies de l'information. Pour le reste du monde, c'est 35%. Il y a 200 millions d'internautes aux Etats-Unis, pour 100 millions en Chine.

Il nous faut augmenter pour notre part le débit. Le problème des infrastructures est posé. Concernant le troisième niveau, il réside dans le contenu. Cette question du contenu comme rappelé par d'autres intervenants est capitale.

Il y a 28 millions de sites web aux Etats-Unis, 22 en Allemagne, 6 en Angleterre, partout ailleurs le niveau est au-dessous de 1.

Si le monde économique, social, politique et culturel s'y mettait : Le contenu, relève l'orateur, c'est de l'information. Tout le monde peut fournir cette information, les PME, les collectivités locales, les institutions nationales. Or, cette éventualité est très peu prise en considération chez nous.

Or, le besoin d'information doit amener une création de travail, qui doit se traduire par le développement de logiciels. C'est ce besoin qu'il faudra créer chez nous. Ce besoin est là, mais il est latent. Il n'existe pas de réels buisness plans, pas de système de sanctions.

Le recours à l'étranger en matière d'acquisition de logiciels est la solution la plus recherchée. L'orateur revient à cette stratégie de développement sur laquelle sont revenues la plupart des intervenants. Il s'agit d'une stratégie de développement de contenu, qui nécessite des choix stratégiques et techniques.

Intervenant de nouveau dans le débat, M. Hamzaoui Sidi Mohamed a relevé que l'Etat est un prestataire de services. Cette prestation n'est pas gratuite. Pour les citoyens, comme pour les entreprises, il y a une qualité de services qui est donc due par eux.

Concernant les bureaux d'études étrangers installés en Algérie, suite à une question posée durant les débats, ils sont nombreux, chinois, égyptien, etc., aussi bien sur le téléphone, l'ADSL que sur les logiciels. Des sites web algériens hébergés pour l'essentiel à l'étranger : S'agissant de l'hébergement de sites algériens, ils sont pour la plupart hébergés à l'étranger, a-t-il été remarqué par les intervenants. Le point DZ n'est pas beaucoup connu et on ne sait pas comment pouvoir avoir un site.

Pour M. Grar Younès, en Algérie il n'y a pas d'institution qui dispose d'un annuaire recensant les sites web. Ce que l'on peut dire, c'est qu'il existe 300.000 PME, 1.500 APC, entre autres, et que chacune peut disposer d'un site web.

On pourrait parler de centaines de milliers de sites web en Algérie. Pour l'heure, force est de reconnaître que les chiffres demeurent fort modestes. L'orateur rappelle la nécessité d'une stratégie pour pousser les gens à aller de l'avant.

Ousratic aurait pu réussir : M. Grar Younès revient sur le projet Ousratic pour confirmer comme ses collègues que pour le projet Ousratic soit productif, il faut du contenu, dit-il. Concernant les abonnés ADSL, l'orateur avance le chiffre de 3 millions d'abonnés en 2009. Aujourd'hui, on est à 200.000 abonnés.

Cela va nécessité d'importants sauts technologiques. L'intervenant fait remarquer qu'il n'y a pas de raison qu'il y ait des sauts dans le mobile, et qu'il n'y en ait pas dans l'ADSL. Au Maroc, l'ADSL est proposé à 20 mégabits, ce que nous n'arrivons pas à proposer pour notre part.

Pour le P-DG de GECOS, il faut une structure qui arrive à gérer l'internet. Il faut, dit-il, beaucoup plus d'effets que d'annonces dans notre façon d'agir. On devrait avoir besoin de plus d'ISP, des fournisseurs d'internet.

Un marché de 10 millions de PC en Algérie : En Algérie, il y a un marché de 10 millions de PC. Il y a donc nécessité d'ouvrir un large débat pour savoir où sont les blocages.

Intervenant dans les débats, Mme Afif Houria, P-DG d'Algérie Télécom Internet Djaweb, a concerté sur beaucoup de points l'analyse faite par les différents intervenants sur la réalité de l'internet en Algérie, son accès et sur les infrastructures.

Elle rappelle le mot d'ordre de l'ancien ministre des P et T, M. Maghlaoui, qui avait demandé à ce que l'internet aille vers la démocratisation. L'oratrice a parlé de la réduction des coûts générés par cette exigence ministérielle.

Elle a parlé de la plate-forme Djaweb, des 48 points d'accès répartis sur l'ensemble du territoire, le lancement du 15-15 à partir de 120 DA l'heure, qui est redescendu à 40 à 50 DA l'heure aujourd'hui. La P-DG de Djaweb a rappelé que son institution prenait des marges minimales en ne perdant pas de vue qu'elle est une entreprise publique et citoyenne. Sur d'autres questions, les intervenants ont rappelé que l'ADSL avec un débit de 512, c'est largement suffisant, 2 méga et plus, c'est le jour où on aura la télé par internet.

Certains dans le débat ont noté que le 512 était suffisant pour lerésidentiel. Pour M. Hamzaoui, intervenant de nouveau dans le débat, on a vu Wataniya offrir de nouvelles connexions sur son réseau. En tant qu'opérateur, dit-il, j'applaudis car cela permettra de faire baisser les prix. Mais on voudrait aussi de telles extensions sur le fixe. M. Hamzaoui plaide pour une stratégie globale où les providers trouveront leur place.

L'internet mobile est une réalité aujourd'hui : Pour M. Saïdi Mohamed, l'internet mobile, à propos d'une question sur le sujet, est une réalité aujourd'hui dans le monde. En Algérie, le phénomène prend forme. La téléphonie par internet commence à dépasser la téléphonie par portable dans le monde, 37% pour l'une et 31% pour l'autre.

Pour certains intervenants, les coûts de façon globale ne permettent pas d'offrir aujourd'hui dans notre pays des débits élevés. Pour M. Ibarissem Mohand, revenant sur la question du contenu, il relève qu'il faut créer le besoin.

Gagner du temps : Pour M. Mohamed Habib, directeur commercial à Cisco, spécialisée dans les télécommunications, nous nous situons dans un contexte où il faut impérativement gagner du temps. Il faut avoir un réflexe chez nos décideurs.

L'Algérie a des positions à gagner si elle sait s'organiser pour aller de l'avant. Car dans le monde, les nouvelles technologies apprennent à travailler vite et avec efficacité. Au total, on a pu assister à un excellent débat entre professionnels, où de nombreux chefs d'entreprises, des universitaires, la presse ont été conviés à donner leur point de vue.

Le débat a montré tous les efforts qui restaient à faire pour que l'Algérie arrive en matière d'internet à atteindre les minima que d'autres pays à travers le monde à commencer par nos voisins ont pu négocier favorablement.

Ce qui est certain, c'est qu'une marge de manœuvre importante existe dans notre pays. Les différents intervenants reconnaissent que des possibilités et opportunités importantes sont présentes et qu'il s'agit d'exploiter au mieux.

Pour sortir de l'apathie ambiante, beaucoup militent pour la mise en place d'une stratégie nationale de promotion de l'internet et ont focalisé leurs interventions sur l'émergence d'une véritable industrie du contenu.

Sans contenu, disent-ils, il est difficile de parvenir à une véritable démarche nationale en faveur de l'internet.


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