Pour faire une photographie panoramique, je prends des clichés qui se chevauchent, j’effectue ensuite un montage dans Photoshop. Technique élémentaire mais exigeante : le montage demande beaucoup de patience et de précision, pour un résultat qui n’est pas toujours à la hauteur des espérances.
Ébahi devant ce paysage de Buguélès, j’ai donc pris une dizaine de photographies dans ce but. Et lorsque j’ai commencé mon montage, prêt à ajuster longuement et péniblement chaque image, l’évidence m’est apparue :
ces photographies, simplement juxtaposées, sans aucun travail d’ajustement, évoquent la vision que j’ai eue de ce paysage avec bien plus de justesse qu’un panoramique bien léché.
Devant un tel paysage (je veux parler du vrai paysage, sur place, en « live »…), on a une vision d’ensemble, bien sûr, mais le regard se balade, s’échappe, s’égare, se morcelle… En réalité, on n’a pas le panorama devant les yeux, on le découvre en tournant la tête, on le construit en mettant en rapport différents éléments, on en prend conscience après une phase d’exploration et d’assemblage, on se dit “Oh, quel beau panorama !”
Une photographie panoramique impose la vision d’ensemble, et zappe ce moment d’exploration. Une photographie panoramique a déjà accompli, à la place du spectateur, cette phase de construction. Phase qui est finalement bien plus intéressante que la contemplation du résultat.
Les très belles photographies panoramiques me séduisent, mais m’ennuient à la fois. Mes triptyques (voir l’expo “Triptyques de Bretagne” sur ce blog ou les collections en vente sur la boutique Photolegende) sont une manière de proposer un panoramique en laissant au spectateur un peu de ses prérogatives de construction visuelle.
Avec cet assemblage de Buguélès, je vais un peu plus loin. Il s’y passe des choses qui m’intéressent sur le plan visuel. Exemple, un « allongement » de l’image, dû au fait que les photographies étaient prévues pour se chevaucher. Paradoxalement, cet allongement donne une meilleure restitution de l’espace que le panoramique classique. Idée à creuser…
Ah oui, Buguélès ? Depuis longtemps, j’avais repéré sur la carte ces îlots, à Penvenan, qui me semblaient dignes d’une visite. C’est mieux que cela : fabuleux, magique, inoubliable. Je n’ai pas fini de vous en parler.