Le président s'est offert un beau week-end de trois jours. Le lundi de Pentecôte est redevenu férié pour la majorité de nos concitoyens, alors que Jean-Pierre Raffarin, Premier Ministre, l'avait déclaré "journée de solidarité" avec les personnes dépendantes, en 2003. Qu'importe ! Nicolas Sarkozy sera lui en congés. Il est vrai qu'il a bossé 5 jours la semaine dernière, et que Barack Obama vient lui rendre visite 3 heures samedi prochain. Cela mérite bien une petite compensation.
La veille, le président français avait fait publié une tribune commune avec Angela Merkel dans le Journal du Dimanche et Die Welt. Si la presse française en fait ses gros titres, fidèle qu'elle est à la couverture des moindres faits et gestes du Monarque, la presse allemande est restée étonnament discrète. Outre-Rhin, on s'en fiche !
Dans le même Journal du Dimanche (décidemment très riche en exclusivité présidentielle), le chef de l'Etat a confié à Claude Askolovitch que la crise l'a changé. Tiens donc ! Vous rappelez-vous, ce funeste 14 janvier 2007, quand Nicolas le candidat a expliqué à longueur de discours qu'il était devenu calme, apaisé et rassembleur entre Noël et le Jour de l'An, à quelques semaines de l'élection présidentielle de 2007 ? Et bien voici qu'il remet le couvert. Combien de fois Nicolas Sarkozy changera-t-il donc ? On finirait presque par le trouver inconstant...
"Je dois changer ma communication, je dois apaiser mon langage, être rassembleur. A moi aussi, la crise rappelle des limites, et elle m'a fait changer." (...) "Le résultat des européennes n'y changera rien. S'il est bon pour l'UMP, on en parlera une journée, s'il est mauvais, ça durera une semaine. Et le remaniement, qui vous passionne tant, compte moins que les projets que nous porterons! Je serai jugé en 2012 sur ma capacité à avoir pris les bonnes décisions au bon moment." (...) "Je dis à mes collaborateurs qu'on ne fait pas plus de réformes quand la popularité est en hausse, et on ne les arrête pas si elle tombe. Quand l'opinion me lâche, c'est dur pour eux et pour moi, mais ça ne change rien." (...) "On me prédisait une explosion sociale, elle n'a pas eu lieu. Les vraies difficultés sociales surviendront quand on sortira de la crise, justement." (...) "Je n'ai pas fait de bêtise"
On ne sera pas surpris de la complaisance du journaliste. Obligé à plaire pour cause d'exclusivité, Claude Askolovitch sert les plats avec douceur et révérence : "Ralentir, quel drôle de mot pourtant! Lui, brûle d'envie devant une planète en friche" ou encore: "Apaisé, mais en accélération constante. Il est une juxtaposition d'intenses prudences et d'envies d'échappées belles. Il touche du bois et fourbit ses armes. La crise finira." Et même: "A-t-on vu sa cote de popularité en Europe? 51% des Européens l'apprécient, 60% ont aimé la présidence française*!" Pas un mot, pas une contradiction dans la bouche d'Askolovitch. Il aurait puparler des promesses non tenues du G20, de l'équation budgétaire impossible, du maintien du bouclier fiscal ou de la loi Loppsi 2. Et bien non, on restera dans la contemplation béate.Askolovitch, dans cet éditorial, n'est plus un journaliste et pas encore un thuréfifaire... Encore un effort, une biographie ne demande qu'à s'écrire.
Cette image d'un président apaisé et "changé" est assez loin de la réalité. Quand des citoyens veulent venir aux meetings de l'UMP pour l'élection européenne, il faut montrer patte blanche, passer les portiques et les vigiles d'entreprises privées. Sans cartes de l'UMP, impossible de rester. A l'UMP, les meetings, comme la justice, sont privés. Pour ceux qui, comme votre serviteur, ont déjà assister à des meetings à gauche, du Parti Socialiste aux Verts, en passant par l'extrême gauche, ce type de pratiques reste inouïe dans une démocratie moderne. Qu'importe ! Nous sommes en Sarkofrance. Mardi, Xavier Bertrand, le patron par procuration de l'UMP, ira participer à un meeting avec les descendants du franquisme espagnols en Espagne. A chacun ses symboles.
Samedi, Obama fait un détour par la France. Nicolas Sarkozy cache sa peine. Il n'aura pas droit à un dîner entre présidents. Barack Obama arrive bien vendredi soir en France mais n'a pas souhaité dîner avec le monarque français. L'agenda de Barack Obama ne prévoit que de rejoindre Sarkozy à Caen, puis sur les plages de Normandie pour la célébration du 65ème anniversaire du débarquement anglo-américain le 6 juin 1944. Les Etats Unis ont officiellement regretté que la France ait oublié de convier la Reine d'Angleterre, seule chef d'Etat encore en vie ayant participé à la seconde guerre mondiale.
Ultime manipulation, le président français utilisera l'évènement pour faire sa promo électorale à moins de 48 heures du scrutin. Eviter une telle accusation était pourtant simple. Il suffisait d'inviter des représentants de l'opposition.
Post-Scriptum : Barack Obama a proposé à l'ancien producteur du Muppet Show de devenir amabassadeur des Etats Unis en France.
Une nomination à la hauteur de la situation française.&alt;=rss