Comme il le souligne avec précision dans son livre « la Forme d’une Ville », Gracq indique justement ce que je vérifie à chacun de mes passages à proximité de cette ville de confluence, Nantes est une charnière entre deux mondes. Et l’automobiliste qui la traverse du Nord au Sud a l’impression de basculer.
D’un côté, c’est la coloration et l’atmosphère de l’austère et sauvage et étrange et charmeuse Bretagne, de l’autre, c’est plus léger, plus riant, plus tendre et plus doux... Relisons Gracq :
« Toute promenade vers le sud de Nantes est doublement une marche vers le soleil. Il n’y a aucune ressemblance entre les froids bocages, la verdure sombre, les toits d’ardoise, les villages sans vie, la ruralité pesante et massive des campagnes qui murent la ville du côté du nord, et les côteaux à vignes du pays nantais que le beau nom rabelaisien du
village de la Haie Fouassière semble baptiser - les levées ensoleillées du sud de la Loire, leur
grèves, leurs guinguettes à beurre blanc et à grenouilles – les beaux ombrages de la Sèvre, l’élégance toscane de Clisson
(...) »