Dans la droite lignée de mes études, et dans le but de promouvoir la cuisine barbare (celle qui en met partout), passons au plat du jour : le poisson braisé à la camerounaise.
Je profite ici de l'expérience de mon beau-frère Christian (que je salue au passage, coucou Chris).
Le poisson braisé, donc.
Commençons par le commencement, c'est la partie la plus rigolote : le vidage du poisson. Si vous êtes riches et oisifs, faites les vider et écailler par votre poissonnier, je vous mépriserai jusqu'à la fin des temps, mais vous en gagnerez (du temps).
Prenez donc des poissons : des maquereaux c'est très bien, la daurade aussi, aujourd'hui on fait les snobs, on prend du bar (1 bar par personne).
Videz les poissons : c'est très facile, insérez un couteau (ou la lame d'un ciseau) dans l'anus, et ouvrez le dans le sens de la longueur jusqu'au bout, glissez les doigts dedans et tirez sur les trucs mous et gluants. Si vous avez des ongles, c'est plus facile. Dans le cas où vous n'auriez pas d'ongles, faites-les pousser. Enlevez bien tout ce qui est gluant.
(zut, on voit rien)
Ecaillez ensuite les poissons : il suffit de les gratter à rebrousse-poil, ça vole dans tous les sens, c'est rigolo.
Préparez la marinade (si vous êtes intelligents ou nombreux, vous le ferez avant en même temps que vous écaillez les poissons) : prenez tout plein de persil plat, un peu l'ail, de l'oignon, hachez finfinfin, puis broyez tout ça avec une pierre à écraser (ou, si vous manquez de pierre à écraser, foutez tout ça dans un bol, rajoutez un peu d'eau, mixez tout jusqu'à obtenir presque une pâte, rajoutez un peu de bouillon Kub (deux à quatre cubes, faut goûter pour voir si ça va), rajoutez de la pâte de piment rouge faite par la soeur de votre beauf (sinon, faites-la : broyez du piment rouge qui pique avec du persil et de l'ail, et de l'huile). Rajoutez un peu d'huile, ça doit faire une pâte un peu semblable aux épinards de cantine, et quand vous goûtez vous devez avoir les yeux un peu exorbités, des larmes qui vous coulent dans le nez et le nez qui coule sur le menton, vous devez faire « Hhhhhh kof kof ça pique un peu mais c'est bon mais ça pique un peu» d'un ton presque crédible, et ça doit être bon.
Faites des entailles sur les poissons, perpendiculairement à la longueur, espacées de la largeur d'un pouce, de derrière la tête au bout de la queue.
Badigeonnez les poissons de la marinade avec un gros pinceau, en insistant bien sur les entailles. Pour les plus gros boulets, il y a même une démonstration sur youtube, si vous savez pas faire après, prenez-vous en à ma grande soeur.
Préparez le barbecue (j'espère que vous l'avez fait avant). Astuce pour les petits joueurs qui ne veulent pas user de journal pour lancer le barbeuque : faites cuire votre charbon sur le gaz. Non, finalement je mettrai pas de photo.
Rajoutez un peu d'oignon dans le barbecue, ça épatera les amis et ça donnera une bonne odeur alentour.
Mettez le poisson sur le barbecue. Ayez à portée de la main un seau de flotte pour au cas où et une pelle à poussière pour attiser les braises. N'oubliez pas que si votre barbecue est ridiculement petit, il sera nécessaire de faire la manoeuvre plein de fois d'affilée et que vous mangerez tard.
Servez l'apéro. Bière de qualité et rhum sont de rigueur (n'essayez surtout pas la Guinness camerounaise, elle est abominable), il faut tenir jusqu'à la fin de la cuisson de chaque poisson.
Surveillez bien la cuisson : il ne faut pas qu'il y ait de flamme. S'il y en a, éteignez là en balançant de la flotte sur le charbon, sinon votre poisson braisé sera du poisson brûlé. Vérifiez la couleur du poisson : s'il a l'air cuit, c'est bon. Retournez de temps en temps.
A côté de ça, préparez la garniture : nous, on a fait des frites de patates douces et des frites de patates dures et du gratin de courgettes, parce qu'il nous restait des courgettes. Pour faire les frites de patates douces, procédez comme pour des frites normales, mais avec des patates douces.
Profitez de votre casserole à manche qui tourne pour tester la conformité du carrelage de la cuisine en ce qui concerne la résistance à l'huile chaude et à la frite grasse (et par la même occasion, testez la résistance de la babouche camerounaise).
Ouf, tout est conforme.
Ne reste plus qu'à manger avec les doigts tout ça.