Azuré de la Bugrane (Polyommatus icarus) sur son plantain fané, Saint-Léger, Alpes-Maritimes, mai 2009
Un soir de douce ivresse, elle m’avait chuchoté qu’en un certain pays tout près d’ici, des chênes et des pins dansaient ensemble autour de prairies vastes comme la mer, moutonnantes dans le léger vent. Qu’en cet endroit des Fleurs fusaient leur corolle droit vers le ciel et que dessus jouaient toutes sortes de bestioles aux ailes bigarrées de nacre et de perles, qu’il suffisait de s’asseoir parmi elles pour se laisser conter la vérité du monde. Je ne l’ai crue qu’à moitié et maintenant j’avance à contre-jour aux environs d’un pays introuvable. Je regarde passer les rayons X à travers ma persienne de codes-barres, mon teint ne dépend plus que de la volatilité des chiffres et de l’Oréal, mes ailes ne le valent bien qu’au kérosène.
« La fleur vit si belle parce qu’elle vit peu de temps et pourtant, comme elle se donne, entière, oubliant la fleur qu’elle est pour devenir élan d’offrande » (Claudio Rodriguez, Don de l’Ivresse).