Stefan Kozalla est un petit plaisantin, coutumier des ruses de sioux et des surprises stylistiques, et par conséquent complètement imprévisible. Pour son premier maxi de l’année, le Hamburgeois nous revient plus joueur et intransigeant que jamais avec deux collages radicaux et humoristiques, sur le toujours excellent label parisien Circus Company. Ne vous attendez donc pas à une house facile et immédiatement fonctionnelle : comme souvent, il vous faudra une certaine persévérance et quelques écoutes pour entrer dans le monde psychotique de DJ Koze.
Lui qui avait remixé l’hymne anti-minimal de Matias Aguayo persiste comme par provocation dans un registre dépouillé à l’allemande. Mais là où 90% des productions actuelles brillent par leur manque d’originalité flagrant, il parvient à un degré d’étrangeté ahurissant en brisant la linéarité du genre. Dans son communiqué de presse, Circus parle d’une rencontre entre Sun Ra et le clubbing. Pour une fois, la proposition est assez pertinente ; il y a indéniablement quelque chose du grand jazzman chicagoan dans la méthode de travail de Koze, qui laisse une grande place à l’aléatoire et préfère certainement les travaux de démolition à la maçonnerie.
Le bien nommé “Dr Fuck (The Drunken Preacher)” livre sa version du prêche house, exercice devenu classique depuis le “I can feel it” de Mr Fingers AKA Larry Heard. On est plus proche ici du côté vicelard de certains vieux morceaux acid-house de Chicago comme “Flash” de Green Velvet ou “Where is your child ?” de Bam Bam. Pitchée très bas, une voix de pervers déclame un monologue à la gloire de la house music, sur un beat lent et malsain qui cultive en vain l’attente d’une explosion. La suite n’est qu’une succession de tintements de casseroles, de verres, et de phrases free-jazz au Bontempi... On se demande bien quel dancefloor barré pourrait se déchaîner sur ce track lent, sombre et bizarroïde.
Un poil plus accessible,”Mrs Bojangels” n’en est pas moins tordue, avec ses voix extra-terrestres passées à la moulinette et ses nappes ascensionnelles. A l’écoute de ce morceau, on imagine bien Koze en savant fou, dans un studio qui aurait l’air d’un laboratoire, maniant les sons comme autant d’éprouvettes, à la recherche de la formule du bonheur chimique.
En bref : une paire de collages expérimentaux qui suscite deux remarques. 1/ DJ Koze est l’homme en forme de la techno allemande. 2/ Ce type devrait être interné.
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Le site et le Myspace de DJ Koze
Le site et le Myspace de Circus Company