Bernard Bertossa, l'ex-procureur du canton de genève était à Paris cette semaine. il vient d'y d'accorder un interview pour Rue89.
Dans cet entretien, il juge très durement la démocratie Française qui ne fait plus partie, selon lui, des démocraties parlementaires. C'est donc un vent frais venu de suisse qui souffle sur les braises du Sarkozysme trop souvent rougeoyantes.
Il juge également avec sévérité l'absence de volonté politique, de Nicolas Sarkozy, au sujet de la lutte contre la criminalité financière. Il s'étonne que cette abdication du président Français à lutter contre la criminalité financière ne soit remplacée, comme en Italie, par une pantalonade sécuritaire populiste - mais payante électoralement.
Entendre cette sentence d'un procureur Suisse pas franchement positionné à la gauche de la gauche, cela fait du bien. Il nous expose là une évidence, mais déclamer de tels propos aujourd'hui en France semble relever de la gageure, c'est un peu comme vouloir rompre un charme que Nicolas Sarkozy aurait jeté aux électeurs Français. Et c'est immédiatement déclencher les foudres de l'appareil de "maintient du pouvoir" que représentent les différents cercles qui gravitent autour de lui.
Le procureur pointe également une évidence, les causes de l'insécurité ne sont pas traitées, seules les conséquences sont pointées du doigt à la façon de Berlusconi.
A propos du populisme sécuritaire
C'est une ritournelle qui fleurit avant chaque élections, des hordes de wisigoth banlieusards, se déplaçant en bandes, seraient donc aux portes de nos chères villes. C'est là un biais de l'UMP bien pratique au demeurant. Nous assistons aujourd'hui à un réflexe pavlovien de ce parti. Ce biais politique se pratique en bande, et il se termine à chaque fois avec une chasse aux sorcières qui tend encore et toujours à diviser le corps social...pour mieux le manipuler.
Ce regain de réflexes innés à l'UMP marche donc toujours sur la même rhétoriques depuis bientôt cinq ans, avec quelques slogans tendant à les populariser (tolérance zéro, bandes etc..). Je pense cependant que ce sujet n'est plus la mine d'or politique qu'il a été jadis (si je puis dire).
La sécurité: un thème en déclin dans l'opinion publique mais porteur pour l'opposition
Lorsque l'on soumet régulièrement et de façon désordonnée à grands coup de législations, d'arguments virulents (très souvent non étayés) le corps social Français à cette thématique là. Celui-ci le digère en partie. Ce thème étant "intégré", il n'est donc plus une "rupture" par rapport à un état antérieur puisqu'il s'est mué en nouvelle "normalité". Une savante dichotomie est à l'oeuvre actuellement, nous avons d'un coté la police et la gendarmerie ont intégré "leurs nouvelles attributions" et de l'autre coté un corps social, ayant un temps de latence beaucoup plus long sur ce sujet,qui est en train de se réveiller et voit l'ampleur des transformations en cours.
La carte de la sécurité est-elle encore payante aujourd'hui ? je ne le crois pas.
La police sensible à cette argumentation récurrente réagit de façon systématique et de façon pavlovienne à ces stimulus ministériels. Contrairement aux initiateurs de cette thématiques qui eux agissent sciemment de façon délibéré et calculée. Cette manipulation de grande ampleur est cependant en train de prendre son autonomie dans les corps sociaux. Lentement mais surement, elle commence à vivre sa propre vie en échappant à ses créateurs.
Le meilleur exemple est l'interpellation des deux jeunes de 6 et 10 ans à Floirac. Cet excès de zèle de la police a dans un premier temps été soutenu par le préfet ainsi que par le ministre Xavier Darcos avant que ces deux marques de soumission à l'autorité ne soient recadrées sèchement et sévèrement par MAM.
Aujourd'hui encore, nous avons un enfant de huit ans qui vient de passer au poste avec son père...pour une bagarre. La guerre des boutons, pour un vélo volé, pour une bagarre conduit désormais au poste de police. Et aujourd'hui comme hier à Floirac, la police justifie son action.
François Bayrou ne s'y est pas trompé, puisqu'il vient de marteler juste après que ce nouvel incident ne soit connu: "le climat que l'on est train de créer entraine un certains nombre de dérives, et c'est le climat qui en est responsable". L'opinion publique commence à bouger sur ce thème, et elle est de plus en plus choquée par les méthodes utilisées. L'insécurité est donc en train de devenir un sujet porteur..mais pas pour les raisons stratégiques qu'utilise l'Elysée et l'UMP à des fins électorales. L'insécurité et les méthodes utilisées sont désormais devenues un sujet porteur pour l'opposition.
François Bayrou est non seulement sur la note juste sur cette affaire, mais également en phase avec l'opinion. Les intentions de votes pour l'UMP ( 25%) sont en chute libre jour après jour - alors la guerre des boutons va t'elle déboulonner l'UMP le 7 juin ?
"La guerre des boutons aura toujours lieu" en version Française: sortie nationale en salle le 07 juin.
Un commentaires d'élève-spectateur en culottes courtes: si j'aurais su, j'aurais pas venu.