Après moi le déluge…

J’ai, depuis quelque temps dans la tête cette phrase, attribuée à Louis XVI, phrase qui n’était vraisemblablement pas pour rien dans les évènements qui s’ensuivirent.

Un éditorial récent du Monde (23/05/09) titre “Alerte à la dette”: “Eric Woerth va être obligé de résoudre, dans les semaines qui viennent, une équation impossible : tenter de maîtriser la dette publique, qui dérape dangereusement, alors que la crise fait fondre à toute allure les recettes de l’Etat et de la Sécurité sociale”.

En effet, la dette publique est annoncée aux environs de 80% du PIB en 2010 et le trou de la sécurité Sociale autour de 20 milliards d’€ en 2009…! (Une Sécurité Sociale que le gouvernement Jospin avait laissée en équilibre en 2002..!). Pour cette dette sociale, après avoir saturé la Caisse de dette spéciale (Cades) créée par A. Juppé en1996, F. Fillon envisage de créer un SuperCades “spécial crise”: un trou supplémentaire. 

On sait aussi qu’un bon nombre de collectivités locales se sont fait généreusement refiler des crédits à risques par les banques dont on refuse  de prendre le contrôle malgré le capital que l’état y injecte et que, là aussi, l’addition risque d’être lourde.

Certes la crise n’a pas arrangé les affaires de notre monarque et ses marges de manoeuvres sont d’autant plus étroites qu’il a vidé les caisses dès le lendemain de son élection, avec les prodigalités à sa clientèle du “bouclier fiscal”. Mais si gouverner s’est prévoir, que devrait faire un gouvernement soucieux de l’avenir et du long terme ?

- Certes diminuer le train de vie de l’état. Si l’on en croit les récentes observations de la Cour des Comptes, il y aurait quelque chose à faire du côté du train de vie de l’Elysée et celui de certains ministères. Si l’on sait qu’un voyage présidentiel en province pour ses meetings UMP  revient à plus d’un million d’€, il y a là encore des économies possibles. S’il existe vraisemblablement des surnombres pour un certain nombre de fonctionnaires, il est des manques criants ailleurs.  Et la suppression 2007-2010 de plus de 50 000 postes, dont près d’un tiers dans l’éducation ne participe certainement pas de l’anticipation des besoins.

- Mais certes aussi, rétablir un minimum de justice fiscale. Le cumul des baisses opérées sous les gouvernements Chirac en faveur des plus riches, du bouclier et des niches fiscales équivaut à plus de 80 milliards d’€ annuels. Réserver les exonérations de taxes et de charges aux seules PME et TPE, évitant le goinfrage des multinationales, ferait aussi rentrer dans les caisses de l’état, annuellement, une somme confortable.

Le cap actuel suivi par N. Sarkozy va aboutir, la crise financière et économique apaisée, aux alentours de 2012-13, à une situation catastrophique ayant essentiellement permis aux spéculateurs qui ont beaucoup perdu de simplement se refaire. Et le comblement de la dette et des déficits cumulés, qui se posera alors, augure mal d’une amélioration des pouvoirs d’achat des classes populaires et moyennes.

Tout se passe comme si  notre Président, tout à ses préoccupations de se montrer et s’écouter et d’amuser la galerie en remplumant sa clientèle avait fait sienne cette réflexion attribuée à Louis XVI. Espérons pour lui que cela ne finira pas de la même manière.

Un peu de musique après ce post indigeste avec le nouvel hymne sarkozien:

Bonne journée.

-“La gendarmerie de Courdimanche, dans le Val-d’Oise, a auditionné un enfant de 8 ans, avec son père, pour s’être battu à l’école avec un autre garçon”. NouvelObs . Pourquoi les gendarmes, au lieu de renvoyer la plaignante à la direction de l’école a-t-elle lancé la procédure aboutissant à l’audition ? Parce que, dans le système d’évaluation sarkozien, cela fait 1 plainte + 1 affaire résolue, ce qui est bon pour leur avenir professionnel… Voilà comment on fabrique une société policière.

- “Israël refuse tout gel de la colonisation”. Le Monde. C’est clair, ils veulent la paix en annexant, peu à peu, toute la Cisjordanie…

- Santa Crisis. Blog de P. Jorion.

- Européennes, derniers sondages. Les “grands” partis baissent au bénéfice des petits et il se confirme que l’UMP est bien le parti du passé et des vieux, recueillant 51% des voix chez les 65-74 ans (son plus beau score). NouvelObs. Le Front de gauche semble réussir son pari, passant devant le NPA…