Les héritiers d'Arcimboldo

Voici des fleurs, des fruits, des feuilles et des branches.
Et puis voici mon cœur qui ne bat que pour vous...

J’ai pensé à Verlaine, quand j’ai revu récemment ces têtes anthropomorphes du peintre Giuseppe Arcimboldo. L’effet est toujours saisissant. Certes, Arcimboldo n’a rien inventé. Dès l’antiquité, on réalisait ces masques monstrueux faits à partir d’éléments pris dans la nature. Léonard de Vinci et Jérôme Bosch ont également exploré ces compositions. Mais si Arcimboldo a construit une partie de son œuvre dessus, il faut se souvenir qu’il fut d’abord un peintre renommé et patenté par la cour  de l’empereur d’Allemagne, Frédéric 1er, avant de développer le style qui lui vaudra un engouement considérable de son vivant et la postérité au Panthéon de la peinture.
Né à Milan, formé dans l’atelier de son père, qui travaillait pour la cathédrale de la ville, il a réalisé un vitrail sur la naissance de Sainte-Catherine d’Alexandrie pour le Dôme milanais, des fresques pour la cathédrale de Monza et le carton de la tapisserie de la Dormition de la Vierge Marie (ci-dessous), toujours accroché sous les voûtes de la cathédrale de Côme. Bien ancré dans son époque de découverte et de fusion des Arts, à l’instar d’un Léonard, Arcimboldo est comme lui un savant qui dessine des plans de forteresses et invente un système pour traverser un fleuve sans embarcation et sans pont… C’est aussi une sorte de directeur artistique qui organise des fêtes et des spectacles avec des apparitions de “machines” surprenantes que Jean-Paul Goude n'aurait pas reniées.

Cet érudit passionné par la recherche d’une harmonie suprême entre les arts et la science, réalisera même un système de correspondance  des couleurs avec les sons. Recruté par la cour du Saint-Empire germanique, chacune de ses compositions fait son petit effet à la cour des Habsbourg, au point que l’empereur Maximilien en fait accrocher dans sa chambre et commande des doubles qu’il offre à ses relations diplomatiques.

Non content de scotcher son public par ses compositions, il s’amuse à en rajouter avec ces toiles qui se lisent à l’endroit (un panier de légumes, une corbeille de fruits…) comme à l’envers (un jardinier, un cuisinier…). Son humour se marie avec une imagination débordante qui l’amène aux confins du surréalisme, comme avec le fameux “Bibliothécaire”, extraordinairement moderne.

Sentant l’âge venir, et désireux de se retirer en Italie,  il peint pour l’empereur Rodolphe II le fabuleux tableau Vertumnus  (dieu grec des récoltes et de l'abondance) pour se faire pardonner son départ.

J’ai cherché sur les blogs et les sites internet les Arcimboldo modernes. J’en ai trouvé quelques-uns. Le plus étonnant est cette “Salad”, une création digitale de Till Nowak, réalisé par ordinateur et logiciel 3D, en hommage à Arcimboldo. On peut voir les travaux de ce graphiste exceptionnel ici. 

J’aime bien aussi cette composition réalisée lors d’une exposition en plein air…

A noter encore, ce dessin numérique de Silver Veglia (Italie)

Enfin, cette composition d’un peintre américain, Andy Council, moins originale, mais néanmoins attrayante.

Si vous en trouvez d’autres, faites-moi signe. Je vous recommande ce site d’un site d’un passionné d’Arcimboldo, où vous trouverez d’autres tableaux du maître.