Voilà un livre bien singulier. Alors que nous pourrions nous attendre à un ènième livre de discussion sur la propagande présidentielle, nous sommes au contraire face à un des plus brillant essai que j'ai lu sur notre civilisation, ses choix et son devenir.
Loin de prendre des gants, c'est avec un "pessimisme méthodique" que l'auteur nous entraîne dans la pensée, et surtout dans les limites de la pensée, du système global néolibéral qui asservit le monde. Loin de le remettre seulement en question à la marge, l'auteur se place du point de vu de ce qu'il est urgent de faire pour mieux nous démontrer que nous n'en prenons pas du tout le chemin, au contraire. Et c'est là que l'oxymore prend son importance tant il sert à cacher l'indicible et la réalité.
L'essai est vraiment brillant et offre une base solide de réflexion, même s'il n'est pas "positif" au sens que nous donnons à ce mot en ce moment. Les choix de l'auteur lui même (la décroissance choisie) sont auto analysés avec brio et réalisme.
Quatrième de couverture : Les démocraties modernes possèdent-elles les ressorts nécessaires pour prévenir et affronter la catastrophe écologique due au réchauffement climatique ? Comme l’explique Bertrand Méheust, ce n’est pas de l’écologie libérale et du « développement durable » que viendra la réponse : ces discours consistent à graver dans l’esprit du public l’idée que l’écologie est compatible avec la croissance et même mieux, qu’elle la réclame afin de masquer l’incompatibilité entre la société globalisée dirigée par le marché et la préservation de la biosphère.
Un univers mental ne renonce jamais à lui-même si des forces extérieures ne l’y contraignent pas. Le système a saturé tout l’espace disponible et est à l’origine de tensions de plus en plus fortes. Pour les masquer, ceux qui nous gouvernent pratiquent la politique de l’oxymore. Forgés artificiellement pour paralyser les oppositions potentielles, les oxymores font fusionner deux réalités contradictoires : « développement durable », « agriculture raisonnée », « marché civilisationnel », « flexisécurité », « moralisation du capitalisme », « mal propre », etc. Ils favorisent la destruction des esprits, deviennent des facteurs de pathologie et des outils de mensonge.
Plus l’on produit d’oxymores et plus les gens sont désorientés et inaptes à penser. Utilisés à doses massives, ils rendent fou. Ainsi, si le pouvoir de Sarkozy fait rupture, c’est par la production et l’usage cynique, sans précédent dans la démocratie française, d’oxymores à grande échelle.
Vraiment un livre essentiel, à ne pas louper, qui permet d'ouvrir le champ des visions possibles et surtout de sortir la tête de l'étau.