Le massacre a bien eu lieu. L'Onu a fini par l'admettre, du moins à mots couverts, ce ne sont pas 7.000 civils qui ont été tués lors de la bataille finale menée par l'armée du Sri Lanka contre les Tigres de Libération de l'Eelam Tamoul (LTTE), mais au bas mot 20.000.
On est toujours, certes, dans la langue de bois, mais c'est déjà mieux. Le nombre de civils tués au nord du Sri Lanka est "inacceptable", vient de déclarer à Genève Elisabeth Byrs, la porte-parole du Bureau de l'Onu pour la coordination des affaires humanitaires (Ocha). Interrogée sur le nombre de morts avancé par nos confrères du Monde, Philippe Bolopion, et du Times, Jeremy Page, faisant état de 20.000 tués, elle a ajouté : "De toute évidence, nous avons là des estimations issues de sources bien informées et non des chiffres précis, vérifiables".
Qu'en termes choisis, ces choses là sont dites ! Certains responsables de l'Onu ont reconnu qu'ils avaient reçu pour consigne de ne pas froisser le gouvernement de Colombo, dans leurs déclarations. Notamment pour ce qui était des bilans des victimes. " Pas le moindre civil n'a été tué par des bombardements du gouvernement ", a affirmé de son côté un porte-parole de la représentation du Sri Lanka à Londres.
On l'a dit et répété, le gouvernement sri-lankais a verrouillé l'information autant qu'il l'a pu. Allant jusqu'à emprisonner tous les témoins gênants, tels les médecins dont je parlais sur ce blog il y a quelques jours. Philippe Bolopion a mis la main sur les messages qu'ils envoyaient régulièrement de la zone de combats. Le travail en amont réalisé par nos confrères n'en est que plus remarquable. Il y a quelques semaines, Jeremy Page, le correspondant en Asie du Sud du Times, basé à New Delhi, avait été refoulé à sa descente d'avion alors qu'il tentait de revenir à Colombo. Regardez les images publiées par The Times, elles parlent d'elle-mêmes :
Ah oui ! j'allais oublier, le gouvernement du Sri Lanka "jubile" d'avoir échappé à une enquête internationale pour crimes de guerre. Des crimes dans lesquels le LTTE est aussi incriminé, sans aucun doute. "Les efforts du président Mahinda Rajapakse pour éradiquer le terrorisme ont été reconnus, tout comme le succès de la plus grande opération du monde de sauvetage d'otages", a lancé le ministre sri-lankais des droits de l'Homme (ça existe), Mahinda Samarasinghe. Ajoutant : "C'est un message très clair : la communauté internationale est derrière le Sri Lanka".
J'allais oublier autre chose : le gouvernement de Colombo a fixé des élections dans le nord et le nord-est de l'île au 8 août, preuve de sa détermination à intégrer pleinement la minorité tamoule. Les réfugiés qui s'entassent dans les camps du côté de Vavuniya pourront-ils voter par correspondance ? Et pour quels candidats ? Après quelle campagne électorale ? Peut-être, cette fois, la presse sera-t-elle admise.
29 mai 2009 / http://blog.lefigaro.fr/inde