Article paru dans Le Vif / L'Express, premier hebdomadaire d'information en Belgique francophone - 22 mai 2009
Enfilez sur une brochette un scoliaste, un
gypaète, l’omerta et saupoudrez de quelques éphélides kymriques. Vous
participez au plus grand festival de jeux de mots, de néologismes et
autres réjouissances lexicales. Le titre, judicieux, Et que morts s’ensuivent
donne le ton ; onze nouvelles, onze cadavres, onze corps exposés en fin
de recueil, selon des épitaphes pour le moins originales. Le lecteur se
régale : quand le comique gifle le tragique, la raillerie devient
ingénieuse. Les invités, originaux, – un curé-conseiller vinicole, une
cantatrice adepte du cannibalisme, une meurtrière occasionnelle
allergique, aux rhinites chroniques ou encore une critique littéraire
psoriasique victime d’une jeune romancier qu’elle a exécuté –, tous
vous raviront. Mais le personnage le plus énigmatique demeure Géraldine
Bouvier, sorte de muse faucheuse qui tire son fil d’Ariane à travers
toutes les nouvelles. On ne peut s’empêcher d’évoquer le «
langage-univers » de Boris Vian, le cirque de l’extrême digne de
Houellebecq ou encore le nouveau roman quand Marc Villemain décrit « la compilation des minutes de l’existence
» où rien ne se passe. Mais si ce jeune auteur est un creuset de tout
cela, il reste avant tout « lui », avec sa verve grinçante et sa leçon
de style, digne des grands romanciers du XIXè siècle. © M.-D.R