Au début des années 80′, les spéculations allaient bon train quant à la mort certaine du disque vinyle détrôné par ce tout nouveau support numérique au doux nom de compact disque, jugé plus esthétique, plus moderne et surtout disposant d’un son plus clair que son prédécesseur.
Cependant, trente ans plus tard et en pleine crise du disque à son tour mis sur la touche par les ventes de mp3, il est amusant de constater que le vinyle conserve toujours sa place au milieu de tous ces changements et encore mieux, que sa cote de popularité est en plein boom… Est-ce à cause de la qualité du son, de sa chaleur plus naturelle que le CD, de l’objet en soit, ou bien encore de l’appel de mode dû à la « rockstarisation du DJ » que ceux-ci restent fidèles au microsillon ?
Et d’ailleurs fidèles, peut-être, mais qu’en est-il quand il s’agit d’animer un stage face à cette déferlante de nouvelles technologies, des mp3, des logiciels de mixage très faciles à manipuler ainsi que tous ces jeunes disc-jockey ayant grandi avec internet, les ipods et autres bidules, machins, trucs éléctroniques ? Et pour être plus exacte, quelle-est la place du disque vinyle sur la scène musicale et commerciale montréalaise ?
Voilà les différentes questions que je me suis posée pour réaliser ma petite enquête… Au détour d’une conversation avec DJ Kobal, que vous retrouverez à la fin de l’article, un passionné du vinyle qui nous parle de son opinion sur le sujet. Mais également avec différents mélomanes, collectionneurs et propriétaires de magasins de disques, étant, eux aussi, tous d’accord pour affirmer que le disque vinyle est bel et bien en demande. Pour exemple, quelques minutes avant mon passage chez cet excellent disquaire montréalais (…), le propriétaire du magasin venait tout juste de recevoir un client s’étant ramené avec une pile de CD’s de ses albums favoris pour les remplacer par des vinyles. D’après le propriétaire, ce genre d’anecdote est très fréquent depuis les deux dernières années.
« Rien d’étonnant » affirme DJ Kobal, puisqu’à l’époque lorsque le CD est arrivé, un grand nombre de personnes séduites par cette nouveauté décidèrent de vendre toute leur collection de disques vinyle -qui vaudrait une fortune aujourd’hui- pour les échanger par des CD’s, qui aujourd’hui retournent au vinyle. Pourquoi ? Peut-être étaient-ils insatisfaits de la qualité du son ou encore nostalgiques du temps passé ? Ou sont-ils tout simplement victimes de la mode ? Enfin une chose est sûre, tout ça ramène de bonnes ventes pour le marché du vinyle à Montréal.
Du côté des DJ’s, les préférences diffèrent des uns aux autres. Ceux que j’ai questionné étant dans le domaine depuis un petit moment déjà, c’est-à-dire avant l’arrivée des mp3, m’ont tous confirmé mixer essentiellement à l’aide de tables tournantes, d’un mixeur et donc des disques vinyle. Pour eux, pas d’équivoque, un DJ se doit de porter ses disques, préparer sa sélection d’avance, avoir un mixeur, sans oublier de bons vieux “headphones” pour faire le “cue”.
Pour d’autres c’est bien différent, ils préfèrent amener leur portable et ainsi avoir une plus grande sélection, ils mixent les mp3 à l’aide d’un logiciel de mixage ou avec des CD’s. Plusieurs d’entre eux aiment beaucoup le disque vinyle mais plus pour les collectionner que pour les soirées où ils sont les maîtres du dancefloor.
Pour finir il y a ceux qui apprécient les deux manières, ils ont souvent connu la bonne vieille méthode du mixage avec les disques vinyle mais se sont aussi reconvertis au mp3, leur permettant d’être versatile et ainsi de jouer dans n’importe quel type de soirée. Car oui, il arrive quelques fois que le bar ou les clubs montréalais ne soient pas équipés de tables tournantes. Par ce fait en restant fidèles au disque vinyle les DJ’s courent le risque de perdre plusieurs contrats ou tout simplement de ne pas en avoir. Enfin tout ceci n’est qu’une question de choix et d’éthique, de goûts et de valeurs.
Pour ma part je ne suis pas DJ mais j’ai une grande passion pour la musique, je collectionne les vinyles mais j’ai aussi un portable rempli de musique en format mp3 et il me reste encore pas mal de CD’s dans ma bibliothèque, prenant plus la poussière qu’autre chose… Alors devant tous ces support je dois avouer préférer le son du disque vinyle et son craquement si réconfortant, l’odeur des pochettes vieillies par le temps, comme celles que l’on retrouve dans les vieux livres. J’aime regarder les images vintages qui nous rappellent une époque que l’on a très souvent pas connu mais qui nous font rêver quand même. Alors je dis tant mieux si le disque noir revient à la mode car il ne faut surtout pas que ces bijoux se perdent mais bien qu’au contraire ils se fassent voir et entendre !!
Bon t’en as assez de lire et bien payz play pis régale-toi !!!
Voilà près de 15 ans que Kobal, alias Jérôme Decis, officie à faire tourner des galettes ou plus spécialement des 45 tours. Alsacien d’origine, cet ancien cuistot reconvertit en DJ par amour de la musique, s’ingénie depuis 1997 à épicer les nuits boréales de sa touche inimitable et, quand il ne se voue pas à ses savoureux amalgames de musique fusion, écume la mémoire discographique de sa ville d’adoption.
Ethno-musicologue autodidacte et co-fondateur du label Afrokats, il déniche des trésors de vinyles dans les caves poussiéreuses ou les bacs des disquaires et participe ainsi à la valorisation d’un patrimoine pop et sonore, qu’il archive, joue et vénère. Parmi les hauts-faits de sa carrière, on retiendra ses prestations au Festival Jazz de Montréal 2006, aux Francofolies 2004 ou encore les premières parties qui l’ont vu côtoyer Roy Ayers, Funkadelic, Sharon Jones, Mr Scuff, ou encore Fred Wesley.
Rencontre avec ce passionné du vinyle qui nous parle de son amour pour ce support inimitable mais aussi de sa vision de l’ère digitale, du marché de la musique, ainsi que des bons plans si vous passez par la capitale québécoise…
Site web
Myspace
Reggae got soul Funk - dj Kobal Free Mix
Si tu es de passage à Montréal, et recherche quelques perles rares, voici les lieux où tu pourras te régaler…
A consommer sans modération !
Inbeat record, 3814 St-Laurent, Montréal, Qc, H2W 1X6, Canada
Primitive, 3830 rue St-Denis, Montréal, Qc, H2W 2M2, Canada
Beatnick, 3770 rue St-Denis, Montréal, Qc, H2W 2M1, Canada
Texte, vidéo et photos : Nina Choquette