L'Arc en Vingt Cinq Triomphes est un ouvrage d' Henri Duthu et Marc Gaillard qui relate les éditions de l'Arc de 1965 à 1989, de la victoire de SEA BIRD à celle CARROLL HOUSE. C'est un bel ouvrage où chaque édition est analysée (origines des vainqueurs, déroulé de la course..) et enrichie d'une belle iconographie.
Le premier Arc que j'ai vraiment suivi de près a été celui de 2005, celui où BAGO tenta de réussir le doublé, ce qu'aucun cheval n'avait réussi depuis Alleged en 1978. Cette année-là, Bago devait affronter quelques 3 ans sérieux. Scorpion, un O'Brien lauréat du Saint-Leger et du Grand Prix de Paris, Motivator, le lauréat de l'Epsom Derby, Hurrican Run vainqueur du Derby Irlandais, Shawanda la lauréate du prix Vermeille et des Oaks Irlandais. Chez les 4 ans, il y avait ce Shirocco, vainqueur du Breeder's Cup Turf, le dauphin de Bago dans l'Arc 2004.
Le 2 octobre 2005, la pluie s'est annoncée et Shawanda a décidé de prendre son destin en main en prenant la tête devant Westerner, mais c'est Hurricane Run, ayant choisi le parcours le long de la corde qui, en alignant de puissantes foulées, allait dominer l'opposition. Quant à Bago, resté à l'arrière, il produira une ligne droite exemplaire et prendra une très belle troisième place.
Bago est devenu depuis étalon au Japon et ses premiers produits sont nés en 2007. Certains sont déjà à l'entraînement chez John Pease ou Dominique Sepulchre comme Zen, un petit fils de Miesque qui est déjà engagé dans l'Epsom Derby 2010 ou Flower, une demi-soeur de Freedonia.
Par le biais de cette ouvrage c'est l'occasion de revenir sur quelques champions, et notamment des championnes.
En premier lieu SEA BIRD. Il est né en 1962 dans le Haras de Notre-Dame-de-L'Isle dans l'Eure de l'union de Dan Cupid et de Sicalade. Il sera mis à l'entraînement chez Etienne Pollet, connu pour réaliser une sélection drastique dans son effectif. C'est à dire que dés les premiers mois de l'année, les 2 ans sont soumis à des galops exigeants afin de juger de leur vitesse et de leur précocité. Ceux qui ne réussissent pas ces premiers tests rigoureux débuteront en fin d'année. C'est le cas de Sea Bird qui fera ses premiers pas à Chantilly au mois de septembre. Parti très lentement, il parviendra néanmoins à finir très vite, performance qu'il réitérera quinze jours plus tard dans le Critérium de Maison-Laffitte. Le 11 octobre 1964, il connaîtra sa seule et unique défaite dans le Grand Critérium car sa grande action ne lui permet pas de négocier les courbes avec aisance. En 1965, il suivra le programme classique des poules de produits, prix Greffuhle, prix Lupin, qu'il gagnera facilement de 3 et 6 longueurs, puis il enchaînera par le Derby d'Epsom et le Grand Prix de Saint-Cloud.
Le 3 octobre 1965, c'est le jour de l'Arc au départ duquel on trouve Reliance vainqueur du Jockey Club et du Grand Prix de Paris, Meadow Court, le vainqueur du Derby irlandais, Tom Rolfe, un américain vainqueur des Preakess Stakes.
Après le défilé, on peut voir une scéne surprenante. En effet, l'américain Tom Rolfe sera amené jusqu'aux boîtes par le biais d'une longe tenu par son entraîneur lui-même en selle sur un petit cheval.
La course en elle-même, fut assez limpide. Sea Bird, galopant dans son train, la tête haute, a pris la tête dans la ligne droite en laissant Reliance à six longueurs et en versant de façon impressionnante sur sa gauche.
Après ce succès qui sera l'un des plus impressionnants de l'histoire de l'Arc, il partira aux USA dans le Kentucky pour officier comme étalon. Ce sera le père de notre championne Allez France qui gagnera l' Arc en 1974, mais aussi de Gyr entrainé également par Etienne Pollet et qui gagnera le Grand Prix de Saint-Cloud..
ALLEZ FRANCE est une femelle baie née en 1970 de Sea Bird et Priceless Gem, a été acquise par Daniel Wildenstein lors de la liquidation de l'écurie Guggenheim. Confiée à Albert Klimscha, à 2 ans, elle gagnera très facilement le Critérium des Pouliches.
A 3 ans, elle montrera toute l'étendue de son talent en gagnant la Poule d'Essai, le prix de Diane et le prix Vermeille. En fin de saison, elle essayera de défier les britanniques dans les Champion Stakes, mais elle terminera seconde de l'épreuve.
A 4 ans, elle change d'entraîneur, sera confiée à Angel Penna et ce sera l'année de la consécration. Elle ne courra que cinq fois mais gagnera toutes les courses de groupe auxquelles elle aura pris le départ, soit le prix d' Harcourt, le prix Ganay, le prix Ispahan, le prix Foy et l' Arc.
Sa victoire dans l'Arc fut éclatante car, se présentant en tête pour aborder la ligne droite, elle prendra quelques longueurs d'avance , mais peu à peu se fera remonter puis parviendra à résister aux assauts de ses poursuivants.
A 5 ans, elle gagnera encore trois courses de groupe dont le prix Ganay et le prix Dollar, puis elle tentera à nouveau sa chance dans l'Arc mais hélas pour elle, elle sera victime d' un incident (atteinte aux postérieurs et arrachement d'un fer) qui ne permettra pas de défendre ses chances.
Bien sûr, on ne peut dissocier le destin de cette exceptionnelle jument avec celui d'Yves Saint-Martin qui lui aura été associé tout au long de sa carrière.
THREE TROIKAS est une femelle baie née en 1976 née de Lyphard et de Three Roses. Elle avait été achetée par Alec Head aux ventes yearlings de Newmarket. Après des débuts victorieux à 2 ans au mois de novembre, elle va réaliser une année de 3 ans en tous points exemplaire. Gagnant le prix Vanteaux, la Poule d'Essai, le Saint-Alary, le prix Vermeille et l'Arc de Triomphe. Dans le prix de Diane, elle ne sera que seconde battue par une certaine Dunette entrainée par Emmanuel Chevalier du Fau (celle-ci la devancera encore l'année suivante dans le prix du Prince d'Orange).
Dans cet Arc 1979, il est un mâle qui s'annonce comme le grand favori. Il s'agit de Troy, un britannique vainqueur de quatre groupes 1. Mais c'est sans compter sur l'exceptionnelle vélocité de Three Troikas, car elle va réaliser une vraie démonstration en accélérant sèchement dans la ligne droite, à tel point que Troy sera à la peIne derrière elle, incapable de la remonter.
A quatre ans, elle fut moins brillante car son seul titre a été le prix d'Harcourt. Malgré tout, elle retentera sa chance l'année suivante et terminera bonne cinquième de l'épreuve
AKIYDA est une jument baie brune née en 1979 de Labus et Licata devenue propriété du prince Karim Aga Khan quant il a racheté l'écurie et l'élevage de Marcel Boussac. Sa mère Licata fut une excellente poulinière car trois de ses produits ont été présentés dans l'Arc. Acamas, vainqueur du Jockey Club qui terminera 18° dans l'Arc, Akarad, vainqueur du grand Prix de Saint-Cloud et qui terminera 7° de l'Arc, et Akiyda.
Elle a débuté victorieusement en novembre à Saint-Cloud puis réalisera une année de 3 ans prometteuse en se plaçant tout d'abord dans plusieurs semi-classiques puis elle sera seconde des prix de Diane et du prix Vermeille. C'est donc sans titre de gloire qu'elle va se présenter dans l'Arc, mais son entraîneur l'a toujours estimée. et en effet, le jour dit, le 3 octobre 1982, après un très bon parcours à la corde, elle prendra la tête au pavillon puis résistera héroïquement à l'attaque du britannique Ardross.
Ce fut la première grande victoire du prince Karim Aga Khan. La seconde n'aura lieu que dix-huit plus tard avec Sinndar. Les deux autres furent plus rapprochées. Dalakhani en 2003 et bien sûr Zarkava en 2008.
SAGACE est un mâle bai né en 1980 de Luthier et de Seneca. Seneca a été élevée par Daniel Wildenstein et n'a couru qu'une fois en gagnant à Saint-Cloud à l'âge de 3 ans. Avant de donner naissance à Sagace, elle avait donné par Mill Reef (vainqueur de l'Arc 1971) Simply Great, un mâle qui gagnera un groupe 3 en Angleterre.
Une fois au haras, vient le choix de l'étalon et celui qui attira l'attention de M.Wildenstein était Luthier. En effet, celui-ci avait déjà donné de nombreux lauréats de groupe 1 et c'était pour lui une garantie de cette alliance vitesse/tenue communément acquise comme une condition pour faire naître des chevaux classiques. Il verra juste. Et c'est d'ailleurs l'une des preuves que l'élevage est un domaine où l'étude approfondie des généalogies vise toujours à une recherche permanente de la perfection. A ce sujet, dans l'ouvrage, est citée cette déclaration d'un des plus grands éleveurs italiens Frédérico Tesio qui dit au sujet de l'élevage que " l'élement chance joue une petite part dans le succès d'un élevage, mais c'est sans aucun doute, le travail qui en est le facteur réel".
Sagace a débuté l'entraînement en Irlande puis a rejoint les boxes de Patrick Biancone en France. Il débutera tardivement à 3 ans mais ne gagnera pas car il versera fortement à gauche dans la ligne droite. Ensuite, il gagnera le prix Niel puis sera partant dans l'Arc mais ne terminera que 24° sur un terrain insuffisamment souple pour lui.
A 4 ans, il sera second du prix Ganay mais une fracture de la 3° phalange sera décelée à l'issue de cette course. Il fera sa rentrée en juillet et gagnera le prix Foy en laisant le second à sept longueurs. Pour cet Arc 1984, le terrain est souple, et tout se présente sous les meilleures auspices.
Au départ, il va retrouver sa compagne de boxe All Along, lauréate de l' Arc 1983. On trouve surtout Sadler's Wells, vainqueur de trois groupes 1 (et dont ne sait pas encore bien sûr qu'il deviendra le chef de race que l'on connait aujourd'hui avec plus de 300 vainqueurs de groupe dont une centaine de groupes 1). C'est un cheval australien qui va attaquer le premier, mais Sagace s'installera dans son sillage, le débordera et prendra du champ, laissant ses poursuivants sans réaction, et même si la pensionnaire de François Boutin, Northern Trick, lauréate du doublé Diane-Vermeille réussira à se rapprocher un peu, Yves Saint-Martin, son pilote, parviendra à contrôler la course. All Along sera troisième.
Il continuera sa carrière à 5 ans avec en point de mire l' Arc 1985 et avant le mois d'octobre, il enchaînera trois victoires (Foy, Ispahan, Ganay). Malheureusement, cette édition 1985 laissera beaucoup d'amertume car Sagace, ayant passé le poteau en tête au prix d'un ultime coup de reins devant Rainbow Quest, sera retrogradé au profit de ce dernier, sous prétexte d'un double contact entre les deux protagonistes. M. Wildenstein fera appel, mais le verdict sera confirmé un mois plus tard.
Entré au haras, sa production ne s'étalera que durant 4 ans, suite à sa disparition le 4 mai 1989. Il aura néanmoins mis sur les pistes Arcangues vainqueur du Breeders Cup Classic et du prix Ispahan et Saganeca, la mère de Sagamix vainqueur de l'Arc 1998 et de Sagacity, troisieme de l'Arc 2001.
Les femelles dans l'Arc
De 1965 à 1989, huit pouliches ont dévancé les mâles, ce qui n'avait été le cas que quatre fois depuis 1945. Elle ont d'ailleurs dominé l'épreuve sans discontinuer de 1979 à 1983. Et ces vingt dernières années, elles n'ont été que deux à réussir cet exploit. Urban Sea en 1993 et Zarkava l'année dernière. Bien sûr, il faut une jument d'exception pour parvenir à atteindre cet objectif suprême, mais il est vrai que la raréfaction de cet exploit doit surtout à l' excessive raccourcissement de la carrière des femelles surdouées pour lequelles le destin de poulinière prime avant la confrontation sportive. Ce qui est regrettable.
Pour autant, ces dernières années, un bon nombre de femelles ont encore réussi à frôler l'exploit en se classant seconde. Parmi elles, citons Magic Night, Egyptband, Aquarelliste et Pride.
Dans l' Arc 2009, elles ont 25 engagées. Parmi celles-ci, il est encore trop tôt pour relever celles qui pourraient prétendre se mesurer aux mâles.
Parmi elles, j'ai noté Dar Re Mi la pensionnaire de John Gosden lauréate du prix Minerve puis dauphine de Zarkava dans le prix Vermeille et qui, pour sa rentrée dans un groupe 3, s'est livrée à une lutte intense avec une pensionnaire de Sir M.Stoute, Crystal Capella qui restait sur cinq victoires consécutives.
Look Here, la brillante lauréat des Oaks mais pas revue en piste depuis septembre 2008. Elle pourrait être au départ de la Coronation Cup le 5 juin.
Shamakiya, une Aga Khan lauréate de son maiden en avril de cette année. C'est une demi-soeur de Shamdala et elle est engagée dans les Oaks Irlandais.
et surtout Ghanaati, une pouliche Shadwell de très belle naissance, de la souche de Nayef, Nashwan et Unfuwain, lauréate de son maiden par six longueurs, puis des 1000 Guinées.
ICI, quelques vidéos de l'Arc, notamment Sea Bird et Allez France