Si tout le monde était un peu comme lui ,on aurait moins de soucis;
VITROLLESA deux mètres de sa cabane de soigneur, un perroquet gris du Gabon amorce un dialogue surréaliste. "Allôôôôô !". Un large sourire balaie le visage de Michel Phisel qui donne un biberon de poupée à une charmante fouine. "Ouais, allôôo, Coco !".
Le gris du Gabon s'ébat de contentement.
Michel Phisel est dans son monde. Un monde fait de volières, de couveuses, de cages, de serres où l'on entend caqueter, ululer, glapir, roucouler, grommeler ou babiller.
Un centre de soins où il reçoit pas loin de 500 animaux par an.
"J'ai ça en moi"Cheveux longs sur les épaules, favoris tombant en broussailles sur les joues, tutoiement instantané et dégaine simple et passe-partout, Michel Phisel se marre. « Avec ma gueule, je me fais arrêter systématiquement par les gendarmes. »
Il vient d'une famille ouvrière. « On n'avait pas d'animaux à la maison quand j'étais petit. »
Depuis, il se rattrape dans son antre de Vitrolles, véritable arche de Noé posée au pied du pic de Crigne.
« Peut-être parce que tout petit, j'ai été très malade, mais j'ai ça en moi. J'aurais aussi pu me plonger dans l'humanitaire et m'occuper des hommes, pas des animaux. Désolé !.»
Depuis 1983, il voue sa vie à ces animaux. « Depuis 25 ans, je n'ai pas pris plus de cinq jours de vacances par an. »
Une vie entière à soigner et nourrirLes gens l'appellent jour et nuit. Qu'ils trouvent dans leur jardin un oiseau blessé, qu'ils récupèrent un chamois mal en point, ou tombent sur un nid de mésanges privés de leur mère. Et Michel Phisel prend sa vieille voiture et court sur les routes des Alpes. « Bien souvent, on m'appelle quand il est presque trop tard. »
Les douanes ou les pompiers lui confient aussi des animaux.
Il n'est pas de ces anars-écolos qui refusent tout contact avec les forces de l'ordre. Il dialogue avec tous. Un gendarme qui lui a déjà confié un rouge-gorge blessé lui rend visite. Et propose de revenir avec une voiture civile. Michel Phisel l'arrête : « Pas la peine. Moi, j'assume tout ». Et il est plutôt fier d'avoir contribué à démanteler un trafic d'animaux sauvages sur la Côte d'Azur. « J'en ai reçu des coups de fil d'insultes ! », se souvient-il.
C'est une vie tout entière vouée à soigner et nourrir des animaux blessés. Et bénévole. « Je suis agriculteur, mais je n'en vis pas. Je suis tellement pris. »
Un sanctuaireMichel Phisel siège dans toutes les instances où les associations de protection de la nature ont fait leur place. Il est le président du CRAVE, et un militant "historique" de l'environnement dans les Hautes-Alpes.
Il sait tout des aventures rocambolesques du crapaud sonneur à ventre jaune. Un Goliath de quelques centimètres qui dévie les autoroutes ou déporte les constructions de stade comme à Embrun.
Mais il veut faire de son centre de la faune sauvage un sanctuaire. Pas de militantisme ici, mais des soins, du calme et la préparation pour ses pensionnaires à poils, à plumes et à écailles de ce grand voyage : le retour à la nature.
Ce ne sera pas pour aujourd'hui. Il pleut. Dans sa cage, le Gris du Gabon a dû recevoir une goutte. « C'est con çaaaa ! ! ! ! », jase le perroquet.
Michel Phisel est heureux : « Ouais, c'est ça, Coco ».
REPÈRES LE CENTRE DE SOINS DE LA FAUNE SAUVAGE Basé à Vitrolles, le centre de soins est habilité à recevoir les animaux en détresse et compétent sur les deux départements des Alpes du Sud. Michel Phisel détient les capacités de transport et de soins des animaux. Le centre ne se visite pas. Chaque année, Michel Phisel procède à un relâcher d'animaux dans la nature. Pour y assister, il faut s'inscrire sur le mail : centresoins0405no-log.org QUELQUES CONSEILS Si vous trouvez un animal blessé, vous pouvez appeler le centre de soins au 04 92 54 74 31 ou au 06 77 97 21 22. En attendant l'intervention de Michel Phisel, il est recommandé : - de ne pas tenter vous-mêmes de donner des soins qui pourraient laisser des séquelles - de placer l'animal dans un carton - ne pas l'exhiber - ne pas lui donner à manger ni à boire - faire attention aux serres des rapaces et au bec des hérons.