Premier constat après plusieurs semaines : si la Wii a réussi son lancement en permettant à de nouvelles catégories de personnes d’entrer dans la pratique du jeu vidéo avec notamment Wii Sports et Wii Play, certains hardcoregamers restent un peu sur leur faim. Bien-sûr le magnifique Zelda s’est imposé d’emblée comme le jeu référence de la console. Personnellement, j’ai trouvé que Nintendo avait emprunté un peu trop à droite et à gauche pour produire le dernier épisode de sa célèbre licence. (J’ai crû par exemple me retrouver dans Shadow of the Colossus en visionnant la cinématique d’intro). J’avais trouvé les partis pris du volet précédent The Wind Waker beaucoup plus osés, en matière de graphisme notamment. Il leur fallait sans doute être beaucoup plus consensuels pour que ce Zelda là permette à la console de rassurer un maximum de vieux aficionados de la marque. Le problème c’est que derrière Zelda les autres sont loin d’avoir séduit. A leur décharge, certains développeurs expliquent les difficultés et le peu de temps qu’ils ont eu avant de pouvoir prendre en main la console.
La plupart des jeux sortis depuis début décembre sont ainsi des portages
de projets conçus au départ pour d’autres consoles, avec les inévitables licences
adaptées du cinéma ou de la télé que certains éditeurs, alléchés par le
succès de la Wii, s’empressent de nous refourguer sans vergogne sur
cette nouvelle console, alors qu’ils n’avaient pas été initialement
conçus pour en tirer toute la quintessence.
Restent les fun party games. Là c’est plutôt réussi. On voit ainsi
s’organiser des soirées Wii Sports entre potes. Le problème c’est
qu’entre les jeux destinés aux hardcoregamers et les party games vite répétitifs il n’y a pas
trop d’alternatives. Rayman et les lapins crétins a réussi à
défricher pas mal de gameplays spécifiques à la console. Mais, si
l’univers a conservé sa dimension humoristique, il a perdu au passage
certaines qualités poétiques et scénaristiques qui le rendaient
extrêmement attachant. Le risque serait que l’arrivée de la Wii ne
fasse qu’accentuer ce phénomène de jeu jetable que le site Gamongirls
dénonçait dans un récent édito.
Entre, d’un côté, Zelda qui demande des dizaines d’heures pour
l’apprécier à sa juste valeur, et de l’autre, ces nombreux party games
jetables qui s’annoncent pour les prochains mois, n’y aurait-il pas une
troisième voie à explorer ? Cette troisième voie permettrait à ces
nouveaux entrants (trentenaires actifs, pères ou mères de famille…) de pouvoir
goûter à des expériences ludiques plus riches, sans pour cela leur demander un investissement de 50 heures et des réflexes de vieux gamers ! Elle permettrait également de réunir autour de
l’écran parents et enfants, dans des univers un peu plus profonds et un
peu plus subtiles que les Nintendo party. Si dans les mois qui
viennent ce genre de jeux intermédiaires ne voient pas le jour, avec une
politique de prix plus abordables, adaptés à ces nouveaux publics, il y
a fort à craindre que ces derniers, attirés par la formidable lumière
allumée par Nintendo, ne s’en retournent à leurs anciennes occupations,
déçus que cette nouvelle expérience qu’on leur avait fait
miroiter, n’ait été en fait qu’un magnifique mirage.