Écrivain prolixe, parolier de presque cinq cents chansons, Trompinettiste, chroniqueur pour Jazz Hot... Boris Vian a tout fait comme un dératé, même la natation qui le précipita plus sûrement vers la mort. Dès son plus jeune âge, il se sait condamné par une insuffisance cardiaque. De ce point de vue explicite on comprend mieux une production insensée contenue dans trente-neuf toutes petites années de vie.
Le retour en arrière orchestré par les auteurs s'ouvre sur Boris enfant, se chamaillant avec son frère dans la maison de vacances familiale, avant que celle-ci ne soit rasée pendant la guerre. Avait-on le droit d'effacer ce temple du souvenir ? Les années suivantes sont chaotiques. La ruine du père rentier, l'exode d'un centralien décentralisé, et le jazz pour toile de fond donne un sentiment d'explosion accentué par des couleurs tranchantes. Le bleu glacé de la piscine succède au rouge éclatant des boîtes de jazz peuplées de bath petites mômes.
On n'aura pas vu tout Vian en refermant cette BD, et c'est tant mieux ! Hervé Bourhis a compris que l'insaisissable ne se couche pas en quelques pages. Alors, il nous reste une flopée d'images magnifiques en tête et des mots qui résonnent doucement dans les oreilles, derrière lesquels on distingue clairement le bruit d'une trompinette. À bientôt Vian !
Vous pouvez retrouver plus d'extraits et une bande-annonce bien ficelée sur le site des éditions Dupuis.
Piscine Molitor, par Cailleaux et Bourhis, dans la magnifique collection Aire Libre de Dupuis, 15,50 €.