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Ma fille ... et la mort.

Par Sandy458

Cette année a été une période charnière pour ma fille, Ysilde, qui a énormément grandie psychologiquement parlant.

Ses jeux ont changé, ses questions aussi.

Elle a réellement commencé à se poser des questions sur le processus de la séparation entre les êtres et la mort peu après son 5ème anniversaire.

Ensemble, nous parlons librement et sans tabou de proches décédés dans la famille (sa grand-mère maternelle, son grand-père paternel) et je réponds patiemment à ses interrogations sur le sujet.

Elle a intégré des décès dans ses jeux, certaines poupées ou figurines meurent, d'autres non, et elle verbalise beaucoup ses inquiétudes face à cet événement de la vie.

« La mort, ça fait peur ! » me dit-elle souvent.

Un insecte mort, le cadavre d'un animal rencontré lors d'une balade, cela la captive et suscite des conversations. Je la vois de plus en plus développer une sensibilité spirituelle et une certaine conception de la vie après la mort qu'elle a élaboré dans son for intérieur.

La mort de notre plus vieille chienne cette semaine a bien entendu causée une grande tristesse chez elle et des inquiétudes à calmer du mieux possible.

C'est son premier gros chagrin.

J'ai choisi de lui parler clairement de la mort de sa chienne : 


« Non, elle ne dort pas.

Non elle n'est pas partie ailleurs ou « en vacances ».  

Oui, elle est morte, ce qui implique qu'elle ne bouge plus, qu'elle ne respire plus.

Non, tu ne la verras plus courir ni jouer avec toi, juste dans tes souvenirs et dans ton cœur.

Elle est née, elle a (très bien) vécu et elle est morte car son temps était venu, parce qu'elle était vieille et qu'elle n'avait plus assez de force pour continuer le chemin.

Certains animaux vivent très longtemps, d'autre une journée mais pour un chien, 13 années c'est un âge tout à fait respectable. De toute façon, c'est toujours trop tôt à nos yeux d'humains car nous oublions la temporalité de la vie sauf lorsque nous nous retrouvons face à son achèvement.

Donc, oui, ma fille, notre autre chienne mourra un jour (11 ans, aïe !).

Le chat,  aussi.

C'est inéluctable, c'est normal et il faut profiter de la vie au présent.

Aujourd'hui, ils sont là, c'est ce qui est important. »

Ma fille sanglote : « Mais qu'est ce qu'on va devenir sans animaux ? »

« Il y aura toujours des animaux à la maison, il y en a toujours eu.

Et, encore une fois, il nous reste 2 quat' pattes à cajoler. »

Un peu calmée, elle sèche ses larmes puis repart en sanglots de plus belle : 

« Et après, c'est papa qui mourra, et toi, moi et Jocelyn ».

Je ne peux pas lui dire que non, ça n'arrivera pas, ce ne serait pas honnête.

Elle a fait le parallèle d'elle-même de l'inéluctabilité de la mort des animaux familiers mais aussi des membres de la famille.

« Un jour, nous aussi, nous mourrons.

Nul ne sait quand mais pour le moment, nous sommes ensemble et c'est bien.

Demain est un autre jour. 

Tu as le droit d'être triste, d'avoir mal dans ton cœur, de pleurer.

Moi aussi, j'ai mal. »


Quel être humain serais-je si je n'éprouvais rien devant la disparition d'un animal aussi familier que j'ai tenu dans mes mains, petite boule de 5 jours, qui m'a accompagné toutes ces années, que les enfants ont connu depuis leurs naissances et qui est partie dans mes bras ?

Oui, j'ai mal et cette douleur est « bonne ».

Elle m'aide à tourner la page et à transmettre le goût de la vie et la compréhension de sa valeur à mes enfants.

Mais je sais, et j'en assure ma fille, que bientôt, nous parlerons gaiement de sa chienne et de ses pitreries.

Ysilde a souhaité voir sa chienne morte, je l'ai laissé libre de la regarder avant que le corps ne parte pour la crémation, la toucher, lui faire un bisou d'adieu.

Elle a  eu tout loisir de lui dire au revoir comme elle le souhaitait, librement.

Quelques jours après, elle semble apaisée.

Elle sait que dans la petite boîte posée ici, il y a les cendres de sa chienne et elle est contente d'en parler avec moi et de partager sa tristesse.

J'ai pu répondre à ses inquiétudes au moment de la survenue de l'événement et l'intégrer plus globalement dans le cycle de la vie, par une parole simple et sincère.

Et surtout, Ysilde a compris que l'attachement et l'amour ne disparaît pas avec l'être aimé quel qu'il soit. Savoir que nous serons respectés et toujours vivant dans le souvenir d'êtres chers est réconfortant.

Décidément, l'art d'être parent est un exercice parfois difficile mais qui est toujours d'une richesse extrême.

Il nous replace devant l'essence de l'existence et aussi devant l'essentiel.

Il nous permet une réflexion intérieure pour laquelle nous n'avons pas toujours assez de temps à consacrer.

Et c'est, en définitive, encore et toujours une histoire d'écoute, de partage et d'accompagnement.

Ainsi va la vie et malgré les obstacles, c'est un beau chemin à parcourir ensemble.


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