Au Palais Royal (jusqu’au 1er juin seulement), une exposition pour commémorer le vingtième anniversaire de la chute du mur de Berlin. Ce pourrait être historique et convenu, mais au contraire, ici, 31 artistes, connus ou pas, se sont réapproprié des morceaux de murs et les ont incorporés dans leur travail. Les plaques de béton sont enserrées dans un dispositif de verre et de métal qui sans doute les protège, mais leur enlève toute proximité, toute réalité et c’est bien dommage; les doubles photos en rendent un peu compte.
Parmi ces pièces, de qualité très inégale, j’ai aimé celle de Luciano Castelli montrant le désir plus fort que le corps opprimé (La liberté enchaînée, 1990, ci-dessus).
Rolf Knie, lui, a condamné sa plaque de mur à la chaise électrique, avec un pieu en plein coeur, comme l’arme ultime contre le vampire (Le mur condamné à mort, 1990). Devant ce fauteuil électrique, j’ai pensé au Christ de Peter Fryer montré à Gap il y a quelques mois.Peter Klasen y fait circuler la haute tension, Boris Zaborov en fait un face à face et Eduardo Chilida y voit la promesse d’un pont. D’autres, plus évidents (Boulatov), plus grafiti (Kriki) ou plus descriptifs (Fromanger), sont moins convaincants.
Le Coréen Jeon Su-Cheon évoque, avec deux simples anneaux scellés dans le béton, la ligne qui sépare son pays en deux, même si ce n’est pas vraiment un mur. Par contre, un autre mur, bien réel celui-là, n’est pas évoqué ici : trop politiquement incorrect en ces lieux et pour ces gens, sans doute.
Photos in situ à droite, de l’auteur; photos à gauche provenant du site de l’exposition. Luciano Castelli étant représenté par l’ADAGP, les reproductions de son oeuvre seront retirées du blog au bout d’un mois.