Comme je l'ai déjà expliqué ici, j'aime
beaucoup la politique. Mais en politique, il y a des phénomènes contre lesquels je lutte fermement : Les idéologies. Elles sont multiples (ultralibéralisme, marxisme, nationalisme,
...) mais toutes ont en commun d'être un système de valeurs tellement cohérent qu'il néglige de s'adapter à la réalité. Les idéologies sont de belles théories, mais en politique il vaut
mieux avoir les pieds sur Terre que la tête dans les étoires. Je veux dire par là que les idéologies sont assez anciennes, (On théorise mieux le passé que l'avenir) et qu'elles peuvent oublier
que la réalité a changé depuis. L'intellectuel qui a créé une belle théorie et le politicien qui est dans le concret ont des priorités très différentes. J'aime bien les belles théories, ça fait
des livres très intéressants, mais l'attitude qui consiste à tout voir au travers d'un prisme idéologique est très dangereuse.Les exemples sont multiples : Alors que nous sommes dans une société libérale, l'idéologie
libérale peut être très dangereuse si on la pousse à son extrémité. Simple exemple : j'ai vu des gens soutenir ouvertement que l'impôt est un vol légal, mais un vol. Je pense au contraire que
l'impôt et même le consentement à l'impôt est un des principes fondateurs de la République.Le marxisme est une idéologie qui a perdu de sa capacité de nuisance parce qu'elle a montré ses limites. La plupart des marxistes se sont reconvertis
dans la social-démocratie, reconnaissant qu'il fallait mettre de l'eau dans leur vin mais sans renoncer pour autant à leurs idéaux originels. Malheureusement, le parti socialiste français cultive
sa différence en Europe en faisant semblant de ne pas renoncer au marxisme, quand il est dans l'opposition. Il entretient par là une
illusion chez ses électeurs, mais il déçoit vite.
L'opposé de l'idéologie, c'est le pragmatisme. Ca ne veut pas dire qu'on n'a pas de valeurs ni qu'on est prêt à y renoncer pour
avoir le pouvoir. Le pragmatisme c'est le fait de chercher ce qu'il y a de mieux et de plus efficace sans esprit partisan. C'est aussi de reconnaître les limites de sa propre idéologie
habituelle. C'est d'accepter que l'Etat conserve le monopole des jeux même dans un monde de libre concurrence, par exemple... Ca peut être de reconnaître qu'une idée proposée par un adversaire
politique est bonne. Les médias parlent de la stratégie de triangulation (reprendre l'idée d'un adversaire politique pour la mettre en application) uniquement comme d'une stratégie visant à
affaiblir ses adversaires. C'est vrai, mais pas seulement. C'est aussi un acte fort qui consiste à reconnaître qu'il peut y avoir de bonnes idées dans le camp adverse. Tout cela va à l'encontre
de la logique de partis, qui combine les deux inconvénients : l'idéologie et l'esprit partisan.