A lire les programmes électoraux pour les élections du 7 juin, on pourrait penser qu’il y a au moins un point d’accord entre les partis : tout le monde ou presque se dit favorable à « l’Europe sociale ». Proposition de circonstance en période de crise aiguë, son contenu ressemble davantage à une auberge espagnole qu’à la sécurité sociale danoise.
Ce sont les socialistes qui ont, les premiers, fait de « l’Europe sociale » leur slogan lors des précédents scrutins européens. Pour le PS, et plus généralement la gauche, l’Europe sociale est vue depuis longtemps comme l’extension du « modèle » social français à l’ensemble européen : salaire minimum généralisé, couverture étendue des risques (chômage, maladie, retraite)… Bref une harmonisation par le haut des politiques sociales pour tous.
Le problème vient de ce que la généralisation d’un tel « modèle » est refusée par de nombreux pays de l’Union. D’abord en raison du coût d’une telle harmonisation, notamment pour ceux qui ont un modèle faiblement protecteur (les pays d’Europe centrale et orientale par exemple), mais aussi de l’illusion que représente une telle proposition en l’état actuel du rapport des forces politiques européennes – c’est notamment la position, réticente, des grandes démocraties sociales du nord de l’Europe.
Aux yeux de ces dernières, si l’Union européenne venait à se mêler de politiques sociales, il y a fort à parier que c’est l’harmonisation par le bas qui l’emporterait – ainsi que le prouve quotidiennement le dumping social pratiqué par plusieurs pays de l’Union. Ce, d’autant qu’en période de dégradation rapide des finances publiques, nul n’est prêt à prendre en charge la mise à niveau des pays à faible protection.
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Chronique publiée dans le quotidien Nice Matin le 30 mai 2009.
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