Quand gauchedecombat monte au front… ça fait mal.

Publié le 29 mai 2009 par Mister Gdec

Depuis que je suis en âge de voter (j’ai raté d’un an 81… mais ma sensibilité politique naissante était, je me souviens, plutôt fière de la victoire de François Mitterand), j’ai toujours opté pour le parti socialiste.

Seule exception notable, comme beaucoup par contrainte, l’élection présidentielle de 2002 où, au deuxième tour, il s ‘agissait de faire barrage à ce que l’on considérait en ces temps là comme le pire des dangers anti-démocratiques qui soit, en dépit des sondages qui ne l’avaient aucunement prévu, et qui donnaient toujours les mêmes pronostics aux allures pseudo-scientifiques mâtinées d’un soi disant pragmatisme de bon aloi dont on a vu ce que donnait son inscription dans la réalité : l’apparition du Fn, totalement improbable, qui a causé un tel choc dans nos consciences d’alors…

Aujourd’hui nous savons, avec le recul que nous donne ces deux années de gouvernement sarkozyste, que sous le déguisement d’une droite relativement classique, les français ont contribué par leur vote à doter la France d’un conglomérat ministériel hétéroclite qui n’a rien à envier aux déclarations et aux pratiques Lepenistes… Et qui est en partie constitué, il n’est pas inutile de le rappeler, de ministres autrefois socialistes. Aux pratiques sociales d’ailleurs pour le moins plutôt étranges… Pauvre France, aux repères si troublés.

Ce gouvernement, parmi les plus réactionnaires, au comportement le plus ultra-sécuritaire, à la doctrine la plus désespérément antisociale d’Europe, continue pourtant d’œuvrer toujours dans ce même sens, mû par cette doctrine ultra-libérale, qui nous a plongé dans ce chaos … Au plus grand mépris de la réalité, qui nous laisse à penser que c’est pourtant bien cette même idéologie à laquelle se réfère implicitement cette fine équipe nationale qui nous a pourtant bien  plongé dans le chaos de la crise des subprimes, et qui a conduit les gouvernements de toute la planète Terre à opérer ce même renflouement détestable des banques qui avaient pourtant tant fauté…

Sans la moindre sanction, les mêmes qui ont commis trop d’ erreurs continuent d’administrer en toute quiétude les établissements financiers qui nous ont plongé dans ce marasme. C’est un comble. Au pire, ils se voient contraints d’abandonner – les pauvres – une partie de leurs primes mais se rattrapent en catimini sur d’autres dividendes et récompenses occultes à leur incompétence notoire. Au mieux, Sarkozy les nommes à la tête de regroupements bancaires, au mépris de la commission de déontologie qui a vu démissionner dernièrement deux membres un peu plus honnêtes que les autres...

A cette étape de mon exposé, je suis malheureusement contraint de dire et d’écrire, en mon âme et conscience, que cette idéologie libérale, le parti qui m’était autrefois cher l’a pourtant autrefois lui aussi partagée, sous couvert d’un soi-disant pragmatisme, le seul possible, et d’une adaptation nécessaire à la réalité, la seule qu’il s’agissait de croire et d’accepter, lorsqu’on réclamait le droit, comme moi, mais aussi d’autres, à davantage d’utopie… Moi qui pensais, pauvre imbécile d’alors (du moins tentait-on de m’en convaincre, dans  nos propres rangs socialistes) qu’un autre monde était possible.

Je me souviens très nettement de cette époque, pas si lointaine, en laquelle il était incongru de parler des méfaits de l’économie libérale, de lutte contre le capitalisme, sous peine de passer pour un dangereux gauchiste qui niait la réalité économique ou, pire, le suppôt de Satan habité par le bolchévisme le plus primaire qui avait emmené tant d’innocents au goulag. Oui, ça je l’ai entendu… dans mon propre camp, qui se paraît des vertus de la modération qui caractérise nos cousins socialistes. Mais aussi le mépris pour les autres formes de conception sociétale, telle que les réflexions sur l’économie sociale et solidaire ou la décroissance… Qui nous faisait ranger, dès qu’on l’évoquait dans le camp de ceux qui, terroristes intellectuels que nous serions, tentaient de nous amener à l’âge de pierre ou de la lampe à pétrole. La caricature ne faisait alors guère peur à mes amis socialistes.

Hier soir, alors que je participais en tant que représentant du Parti de Gauche à un débat organisé par le Front de Gauche à Lunéville (mon trou du cul du monde à moi), l’un des interlocuteurs qui s’est présenté comme issu de la communauté maghrébine nous a exprimé ses doutes quant à la gauche que nous représentions, alors qu’ils avaient tant cru aux promesses jamais tenues des différents candidats socialistes, comme pour seul exemple le vote des étrangers aux élections locales, sous conditions de durée de séjour bien entendu… Promesse jamais tenue… évoquant également en filigrane son amertume quant au fait que les socialistes n’avaient aucunement lutté contre une certaine politique qui considérait que la France ne pouvait accueillir toute la misère du monde… Et ça, ce n’est pas Sarkozy qui l’a dit… mais un socialiste (Michel Rocard, l’année ou tu es né, mon fils…).

Il y avait à l’époque, désolé d’avoir à l’écrire, une certaine connivence (qui adoptait alors la tenue de camouflage de l’adaptation à la réalité) sur les sujets centraux comme l’économie ou l’immigration, entre le PS et le RPR devenu par la suite UMP. Au point que les électeurs ne savaient plus trop pour qui voter, tant les politiques se suivaient et se ressemblaient, malgré de très légères nuances.

L’un des points d’orgue de cette collusion entre la droite et un certain socialisme officiel a été l’épisode du référendum de  2005,  pendant lequel la direction socialiste d’alors a tenté de nous faire croire que tous ceux qui voteraient contre étaient de fieffés incultes. J’ai lu, j’ai vu, j’ai compris, et j’ai pourtant voté NON. Et milité pour qu’on le respecte. Et ne suit pas un abruti. Comme une majorité de français qui ont voté contre. Et même une majorité d’électeurs et de militants socialistes qui n’ont pas suivi les consignes nationales.

Pourtant, malgré cette opposition significative, ce vote a été confisqué, et c’est là l’une des trahisons notables du Ps , que de n’avoir pas lutté contre le tour de passe-passe qui a constitué à contourner l’expression de mes compatriotes, qui se sont sentis à juste titre floués, et exclus du débat démocratique. Et cela sans la moindre amende honorable de la direction de ce parti à ce sujet. Non, ils ne se sont jamais trompés… Chuttt, interdiction d’en parler sous peine de rompre notre sacro-sainte unité…

La crise aura eu ainsi comme mérite, en dépit des souffrances sociales qu’elle engendre et qu’il convient de ne pas mésestimer, de clarifier le débat quant aux valeurs essentielles que nous entendons défendre les uns et les autres, et que certains avaient peut être un peu trop oubliées, sous couvert de pragmatisme et de stratégie politique de nature à mieux plaire aux électeurs… et à rassembler. Peu importe sur quelles bases…

Présumer ainsi de ce qui plairait ou non a contribué très certainement à l’éclosion de ce vote sarkoziste, ainsi qu’à la confusion des genres et au brouillage des repères politiques, au point qu’il était devenu égal pour la classe populaire de voter pour le PC, le FN, ou Nicolas Sarkozy. Ce n’est peut être pas la même chose, mais les frontières idéologiques étaient devenues si floues que le commun des mortels s’y est fourvoyé.

Aujourd’hui, il est temps de renouer avec nos fondamentaux, ces repères clairs, nets et précis qui ont fondé la gauche, tous ces combats pour l’évolution sociale, la défense des droits de l’homme, des droits du travail, tout ce que le gouvernement actuel est en train de systématiquement démanteler, dans une formidable entreprise de destruction massive de tout ce qui fondait notre cohésion nationale.

Il fut un temps, souvenez vous pour les moins jeunes d’entre vous, où il était coutume de se demander ce qui différenciait la droite de la gauche… Aujourd’hui, si nous ne savions plus trop (le parti socialiste y a hélas indubitablement joué un certain rôle..) ce qu’était la gauche, nous savons bien à présent ce qu’est la droite, et combien elle est dure pour les plus modestes d’entre nous.

Et ce qui fonde selon moi la ligne exacte de démarcation entre droite et gauche, notions que certains voudraient nous voir abandonner en les rangeant dans le rayon des archaïsmes, alors qu’elles n’ont jamais été aussi efficientes (malgré le titre de gauche moderne dont se pare abusivement un certain parti de droite dirigé par un douteux Boeckel, bien connu de mon ami Eric, de Mulhouse), c’est le rapport que l’on a vis à vis de l’argent, et par extension de l’économie, ainsi que d’une échelle de priorités dans laquelle la notion d’intérêt, et donc de service, public, l’emporte sur les intérêts privés.

Et l’on comprend donc mieux, par là même, ce qui est en train de se jouer aujourd’hui en France, sous la baguette de l’apprenti sorcier dont les français se sont doté : cette démarche de destruction sans précédents des services publics, pour mieux asseoir des domaines entiers d’intérêts privés proches de l’idéologie dominante. Et d’une certaine élite politique qui transcende les partis… Suivez mon regard…

Ségolène, ce me semble, ne s’est pas pacsée avec un plombier, même polonais. Et elle a beau jeu de jouer aujourd’hui les gauchistes révolutionnaires, alors qu’elle est si vraisemblablement bien éloignée de la majorité des français, de condition modeste, qui auraient bien de la peine à s’identifier à cette figure christique et élitiste, comme les dernières élections présidentielles l’ont assez prouvé, malgré sa royale obstination… Cette gauche là n’est pas ma gauche, mais celle qui m’a tant trahi…

Aussi, après d’augustes prédécesseurs tels que Sophie, Nicolas, Etiam Rides, Rébus, Slovar, Olive,  qui se sont brillamment exprimés sur le Front de gauche pour changer d’Europe (suite à une chaîne initiée semblerait-il par Arrêt sur les mots), ce qui serait une hypothèse bienvenue,  pour toutes les raisons citées plus haut, du passé conjugué au présent, j’invite également à voter pour le Front de Gauche, persuadé que je suis qu’il s’agit là du seul et unique vote utile, afin de lutter contre cette idéologie libérale à l’œuvre à l’échelon européen, incarnée par Barroso, Sarkozy, Berlusconi et consorts, pour une meilleure protection des droits sociaux, des droits de l’homme et des droits du travail, dans une logique de défense des services publics et des services sociaux utiles, plutôt que de la sauvegarde d’intérêts privés qui se sont déjà dernièrement bien assez engraissés comme cela sur notre dos.

L’Europe sera sociale, ou ne sera pas. Sociale, mais pas forcément, malgré leur volonté d’hégémonie dont on voit ce qu’elle a donné dans le passé, socialiste. Car on peut le prouver à l’aide de ceci,  le parti socialiste européen a voté dans 70 % des cas avec le PPE-DE (droite, centre droits, démocrates).

Alors, vous voulez vraiment changer d’Europe ? Votez Front de Gauche.

Pour une vraie gauche de combat !


J’invite donc à présent tout ce que la blogosphère compte de noms prestigieux (à mes seuls yeux ?)  à s’exprimer sincèrement sur leur ressenti vis à vis du Front de gauche pour nourrir le (si nécessaire) débat démocratique… Qu’ils soient d’accord avec nous…  ou pas.  J’ai nommé :  Torapamavoa, Bibi, Section socialiste de l’île de Ré, Sarkofrance, RuminancesPlume de Presse, Piratages, peuples.net, numéro Lambda, le mammouth manchois énervé, Lutopick, Superno, le petit cadre dans sa grosse boiboîte, l’ami kropotkine, mémé kamizole, Cpolitic (mais oui t’a le droit de répondre par des images !), et enfin pour ne plus lasser le dénommé Coucou de Claviers à l’esprit si affuté  (excuse moi, mon vieux, de te faire travailler…).

(Ah zut, j’ai oublié ma dose de parité…. bon, les  femmes engagées,  si vous avez quelquechose à dire sur le sujet et si vous n’êtes pas trop blondes, je daigne consentir à vous passer la parole… Mais zavez intérêt à être un peu plus sérieuses que d’ordinaire, hein ! nous les chiffons, on s’en fout !… ).

Bon travail et amitiés militantes à tous. Et vive la liberté d’expression.