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Volontariat

Publié le 29 mai 2009 par Malesherbes

A mon sens, le volontariat est une qualité des plus rares. Si on peut le rencontrer dans le bénévolat ou par exemple parmi les pompiers volontaires, je doute fort qu’il existe dans les entités où existe quelque forme que ce soit de hiérarchie. Il m’est arrivé qu’un de mes enfants ou quelque élève m’interrogeât, suite à une de mes injonctions : «  Mais pourquoi ? » Je répondais le plus souvent : « parce que nous vivons dans un monde où ne règne pas l’égalité, parce qu’il n’y a pas de symétrie entre nous, je suis le père (ou le professeur) et toi tu es le fils (ou l’élève) ».

Il en va de même dans le monde de l’entreprise. Si l’employeur ne peut rien accomplir sans des salariés, c’est toutefois lui qui leur fournit du travail et un salaire. Et s’il lui prend fantaisie, ou s’il ressent la nécessité, de se séparer d’un employé, il en a le pouvoir. Il peut même le faire au nom d’une simple incompatibilité d’humeur, que l’on pourra habiller d’un vocable plus noble, tel que « désaccord sur les orientations stratégiques de l’entreprise », comme on vient de le voir à TF1.

Bien sûr, il y a des recours. Le salarié peut porter l’affaire devant les Prud’hommes, il arrive même qu’il obtienne gain de cause et, après des mois, voire des années d’attente, perçoive un dédommagement. Mais, après l’affrontement, c’est bien lui qui se retrouve à la recherche d’un emploi. Parfois, par extraordinaire, il arrive qu’il soit réintégré. Mais pensez-vous qu’il puisse ensuite avoir une évolution de carrière normale, que ce conflit ne le marquera pas d’une tâche indélébile ?

Un salarié a donc le souci de plaire à son patron, pour conserver sa place, obtenir des augmentations de salaire, des promotions ; ou, tout au moins, il s’efforcera de ne pas lui déplaire. On se plaint souvent de la faible participation des salariés aux syndicats. Si une raison de cet état de fait est que bien souvent des salariés répugnent à adhérer à des organisations qu’ils considèrent comme inféodées à des partis politiques, une autre est que des employeurs voient en tout syndicat un infâme repaire de rouges, de saboteurs, pourquoi pas de terroristes, et ils préfèrent traiter les problèmes sur un plan individuel plutôt que collectif, adoptant la célèbre maxime : « diviser pour régner ». Prudents, les salariés évitent alors de rejoindre ces organisations.

Je vous ai peut-être déjà conté l’épisode de ma vie professionnelle qui va suivre mais, comme il illustre à merveille mon propos, je vais courir ce risque. Il y a quinze ans, la multinationale qui m’employait a offert à ses employés de participer volontairement à son redressement. Cet effort consistait à accepter une baisse de salaire de 7,7%. La singularité de cette offre résidait dans le fait qu’il n’était même pas nécessaire de se porter volontaire. Au contraire, une lettre recommandée suffisait pour rejeter l’offre et échapper à la baisse. Que croyez-vous qu’il arriva ? 95% des salariés, dont votre serviteur, furent assez sots pour ne pas refuser. Il me fallut six ans pour retrouver mon salaire antérieur, et je ne fus pas des plus mal lotis.

Quand à cette entreprise, elle va fort bien, merci. Ses effectifs ont fondu, les profits sont toujours là, gloire aux volontaires !


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