Paradis conjugal

Publié le 29 mai 2009 par Sebulon
Paradis Conjugal - Alice Ferney
Editions Albin Michel - 2008
Elsa Platte a renoncé à sa carrière de danseuse pour se consacrer à son mari, Alexandre, et à ses quatre enfants. Depuis plusieurs mois, elle s'est prise de passion pour un film de Joseph Mankiewicz, Chaînes conjugales, au point de le visionner tous les jours et de négliger son environnement familial.
Ce film de 1949 obtint l'Oscar du meilleur réalisateur et du meilleur scénario. L'histoire est la suivante : Trois femmes, Deborah, Rita et Lora Mae, se retrouvent près d'un embarcadère afin d'accompagner les enfants d'un orphelinat pour une mini-croisière et un pique-nique. Leur amie Addie Ross manque à l'appel et leur fait parvenir avant le départ du bateau une lettre dans laquelle elle leur annonce qu'elle a quitté la ville en compagnie du mari de l'une d'entre elles.
Commence alors pour les trois amies une difficile journée, au cours de laquelle chacune, en proie au doute, va revivre certains évènements qui pourraient expliquer que son mari soit l'infidèle.
Le roman d'Alice Ferney nous raconte, lui, la soirée d'Elsa, elle-même dans l'incertitude : en effet, son mari, la veille, révolté par son indifférence, lui a tenu des propos définitifs et a quitté la maison : "Demain soir et les soirs suivants, prépare-toi à dormir seule. Je ne rentrerai pas dans une maison où ma femme est installée devant la télévision, voit le même film depuis trois mois, ne se lève pas pour me préparer à dîner, et se couche sans me regarder !"
Ce soir, comme tous les autres soirs, Elsa est donc devant son poste et regarde le film de Mankiewicz, mais n'est pas seule car ses deux ainés, adolescents, le visionnent avec elle, curieux de comprendre ce qui fascine leur mère. Et c'est à travers le regard d'Elsa que nous est raconté le film, scène par scène, tandis qu'elle commente intérieurement ce qu'elle voit et analyse sa propre existence et ses sentiments.
La lecture des cinquante premières pages a été un peu laborieuse, car l'intrigue peine à se mettre en place. Mais à partir du moment où commence la narration du film, j'ai été séduite par ce roman, par la précision du style, par la description minutieuse des personnages, par l'analyse de leurs caractères et par la résonance de cette fiction avec l'héroïne du livre.
Placée dans une situation identique à celle des personnages du film, la possible désertion de son mari, Elsa en arrive à se remettre en question et à chercher dans son comportement ce qui a pu provoquer la fuite de son mari. Comme elle comprend les raisons qui pourraient expliquer le départ de chacun des trois maris, elle commence à mieux appréhender ses propres manquements vis à vis de son époux.
Ma première approche de ce livre d'Alice Ferney s'est faite lors de son passage dans une émission de France-Inter. Intriguée par le procédé, j'avais emprunté le film Chaînes conjugales à la médiathèque, de façon à être prête pour la lecture, le jour où je pourrais y trouver le roman.
Je crois, au vu des multiples billets concernant ce livre, que la connaissance du film avant la lecture est un plus. Elle permet de mieux apprécier la qualité narrative de ce roman, d'admirer la façon dant Alice Ferney fait revivre le film et comment elle réussit à ménager le suspense sur l'identité du mari, même si on connait déjà la fin du film.
Une lecture que je conseille, mais après avoir vu le film de Mankiewicz, qui est magnifique !
D'autres avis : Praline qui a aimé, Gambadou et George Sand et moi qui ont un avis mitigé, Essel qui est déçue, Lilly happée par l'histoire, Laurent s'est ennuyé. Déception également chez l'empreinte des mots, des réflexions chez Miss Orchidée, Liliba a eu le cafard, Clochette s'y est plongée avec délices, énorme déception pour Manu.