Magazine Journal intime
Je passe ma vie à poser des question à Pauline à propos de mon futur job, que dis-je mon travail, ma charge, ma mission !
« Et à quelle heure tu récupère la petite ? » « Et tu fais quoi à manger ? » « T'as déjà croisé William ou Harry » « C'est pas immonde le porridge ? »
Jusqu'au moment où elle m'a annoncé une chose tellement grave que le temps s'est arrêté. Les oiseaux ne chantaient plus, la télé s'est tue et même mon chien s'est arrêté de se les lécher.
« Anika, elle adore aller à la piscine »
Ah non mais là ! Non mais là quoi ! Les glandes internationales !
Oui parce que la piscine et moi ça fait...12. Que je vous raconte. Dans un premier temps, il se trouve que je suis une vraie taupe. La myopie fait partie de ma petite vie depuis que j'ai huit ans (« mamaaan, je vois rien au tableau à l'école, ça fait des vagues ») et depuis, je me traîne des lunettes et ma vue a très fortement baissé (aujourd'hui je me tape du -6 et du -7, oui parce que mêmes mes yeux font chier, j'ai pas la même correction aux deux). Du coup au collège, je pouvais pas faire piscine, parce que je n'y voyais strictement rien, ni les gesticulations du prof pour me signaler que je dérive trop, ni le chrono, que dalle. J'étais donc dispensée.
La belle affaire. J'étais bien contente de ne pas me taper la piscine ! Pas de maillot moche, pas de bonnet qui te fait une rainure rouge sur le front, pas de verrue plantaire, pas de vestiaire collectif ni de cheveux mouillés en hiver (oui parce que la piscine c'est toujours en janvier). Le pied.
Depuis la piscine, je m'en éloigne pour un autre raison. J'ai des lentilles. Ouais l'excuse est pourrie, surtout parce que je prends ma douche avec. Mais le pire, c'est pas ça. Non. Que nenni. Non, vous n'y êtes pas. Bon ok, j'accouche : je trouve ça dégueulasse. Voilà.
Je trouve dégueulasse l'espèce de flaque pour se rincer les pieds, j'aime pas les pieds alors partager une eau où il y a eu plein de pieds ! J'aime pas non plus partager la même eau avec des inconnus, surtout que pas mal de gens ont une hygiène plus que douteuse. J'aime pas nager dans les poils des autres, parce que des bonnets d'aisselles ou de dos, ça n'existe pas. J'aime pas être dans un endroit clos qui résonne, avec des enfants qui crient et des connards qui se prennent pour Flipper le dauphin en faisant des pirouettes, ou pire, des pseudo Philippe Lucas qui se tapent un dos crawlé, « vas-y je regarde pas ou je vais, j'en assomme dix ! ». J'aime pas non plus ces toilettes collectifs, souvent à la turque, et là au revient au paradoxe du rinçage de pied qui je crois, nous il infecte plus. J'aime pas non plus c'est connards de maîtres-nageurs avec des slips à la mode « poutre apparente ». Je déteste sortir de la piscine en ayant pas eu le temps de bien me sécher et du coup la culotte, au lieu de monter correctement, elle s'enroule sur elle-même. Et les chaussettes collent. Et les cheveux sont mouillés. Et il caille dehors. Ça fait mal aux oreilles.
En gros, vous l'aurez saisi, la piscine n'est pas un de mes hobbies. Alors quand Pauline m'a dit ça, au début je me suis contentée d'un « Rah putain ». Mais je vais faire un effort, après tout ça peut être marrant, de toutes manières je vais dire quoi ? « je prive votre fille d'une chose qu'elle adore parce que j'ai des lentilles de contact » ? Alors je vais passer outre ces dégueulassités et faire un effort parce que je serai à Londres, c'est mon rêve, je crache pas dessus et j'y reste le plus possible. Et aussi parce que je serai payée à la fin de la semaine.
Le challenge ultime : trouver un maillot. Oui, je n'en ai pas. Enfin, à ma taille. La dernière fois que j'en ai acheté un, j'étais en troisième. Et depuis j'ai pris des nénés et du corps de femme (le cul quoi) du coup, mon bikini taille nourrisson est relativement obsolète. Je vous rassure, j'ai suis quand même allée tremper mon cul dans du chlore depuis, mais chez des copains, dans la famille et pas du tout à la mer. J'ai fait avec les moyens du bord : haut de maillot trouvé je ne sais où (dans mon placard quand même hein, pas dans la rue) et un short de bain volé à mon Papa. So sexy.
Mais là je me suis dit que ça n'allait pas le faire, ce formidable ensemble. Alors j'ai du me trouver un maillot. Va trouver un maillot en janvier toi. J'ai cherché sur internet, j'ai pas trouvé de maillots sortables, sur les catalogues de la redoute, que dalle. J'ai du aller à Intersport. Et les maillots à Intersport...voilà quoi. Va trouver un truc pour quelqu'un qui a du goût. On dirait que les mecs qui dessinent ces maillots font exprès de les faire moches. « Bon euh...Gérard ! Les maillots on en fait quoi ? Il nous les faut bien pourris sinon on va pas reconnaître la marque, tiens, fous des trous dans le dos et le col, mets-le bien sous la gorge, limite col roulé. Merci. Ah oui, et les couleurs, moches ! Violet, bleu turquoise. Avec des effet de reflets d'eau. Ou brillant ! Comme les otaries ! ». J'ai du taper dans la marque. Super. Moi qui ait toujours proclamé que les marques c'était du caca, me voilà avec un superbe maillot Adidas. Tant pis, au moins j'aurai pas l'air d'un bébé lamantin dans un Speedo lavande.
En plus, il paraît que les maîtres nageurs ils sont over-sexes là bas.
P.S : je voulais vous faire un article court, j'ai écrit un roman.