Chômage : Gouvernement et UNEDIC "confiants" mais toujours pas de pistes emplois sérieuses

Publié le 29 mai 2009 par Slovar
Le taux de chômage n'est plus préoccupant : Il est dramatique. Il n'est pas de jour sans qu'un plan social, un allègement des effectifs ou carrément une fermeture ne soient annoncés.
Pour les demandeurs d'emploi qui "se bougent" pour réintégrer le monde du travail, les réponses (quand les entreprises sollicités se donnent la peine de répondre) sont sans appel : Aucune embauche prévue et aucune création de poste.
Pour ceux qui, comme nous avons passé la cinquantaine, on en arrive à se demander s'il ne va pas falloir (comme l'a fait ce cadre chômeur) vendre ses organes pour continuer à vivre ou devenir "tueur à gage" compte tenu que c'est une prestation qui ne demande aucun niveau d'âge.
Ce ne sont certainement pas "Les modalités de l’obligation de négocier sur l’emploi des seniors" qui vont s'appliquer à compter du 1er janvier 2010 qui vont changer les choses :
"les entreprises d’au moins 50 salariés ou appartenant à un groupe d’au moins 50 salariés se verront infliger une pénalité si elles ne sont pas couvertes par un accord d’entreprise ou de groupe ou un plan d’action sur l’emploi des seniors. Très attendus, les décrets fixant les modalités d’application de cette obligation, instituée par la loi de financement de la sécurité sociale pour 2009 (v. Légis. soc. -Sécu., financ.- n° 06/2009 du 9 janvier 2009), sont enfin publiés. La pénalité, fixée à 1 % des rémunérations ou gains versés aux salariés, sera due pour chaque mois entier au cours duquel l’entreprise n’est pas couverte par un accord ou un plan d’action sur l’emploi des seniors. Source WKRH
Car, une fois de plus la loi ne s'appliquera qu'à partir de 50 salariés alors que la situation actuelle des entreprises française est à quelque chose près la suivante :
- 80 % des entreprises créées en France n'ont pas de salarié au démarrage, et 99 % en ont moins de 10.
- Plus de 90 % des entreprises françaises sont des TPE (ce qui représente quelque 2,2 millions d'entreprises)
- Impact de ce mouvement sur l'emploi :Ces dernières années, la part des salariés travaillant dans des établissements de moins de 20 employés a connu une forte augmentation jusqu'à atteindre les 40 %, dont 26 % dans les TPE. Inversement, celle des salariés présents dans les établissements de plus de 500 employés est passée de 20 % à 11 %. Source Le Rucher
Quant aux entreprises concernées, il n'y a qu'à regarder les chiffres de l'emploi des handicapés pour se rendre compte de la faible application d'une obligation légale. A tel point que l'Etat s'est transformé en recruteur ( 1700 en 2009 - Source Handicap.fr) pour atténuer les chiffres. Ce qui donne une idée de l'impact futur de cette mesure.
Ce qui signifie que nous sommes en face d'une "mesurette" qui n'apportera aucune solution au chômage des plus de 50 ans et surtout met à mal l'ambition du gouvernement de faire travailler ces populations au delà de 60 !!!
Au delà du débat "idéologique" sur la durée de cotisation, il ne faut pas oublier qu'à l'autre bout de la chaîne, les plus jeunes n'arrivent pas à intégrer le monde du travail et qu'en fin de compte quel que soit l'âge, le sexe ou la compétence, il devient de plus en plus difficile de convaincre un employeur de vous faire confiance. Il n'y a pas si longtemps, l'embauche d'un salarié était considérée comme une prise de risque légitime par les employeurs.
Depuis quelques années, sans contrat aidé, stage plus ou moins rémunéré, baisse temporaire des charges ou autres subterfuges gouvernementaux (RSA, cumul emploi retraite), trouver un emploi relève de l'exploit. Tout ceci ne devrait toutefois pas s'arranger dans les années à venir puisque le gouvernement maintient son exemption des heures supplémentaires et que les experts prédisent un recul durable de l'emploi dans la zone Europe au profit des pays émergents et d'une nouvelle montée en puissance de la robotisation.
Dans ce contexte terriblement morose, on a pu entendre Le Président de l'UNEDIC et le Premier Ministre nous donner leurs points de vue sur le chômage et la reprise tant attendue.
Premier à dégainer : Le président de l'Unedic Geoffroy Roux de Bézieux
Hier, Geoffroy Roux de Bézieux, dont l'organisme a récemment prédit 639.000 chômeurs de plus fin 2009, prévoit que "les inscriptions vont se ralentir en rythme et que quelque part, on pense que le plus dur en terme de chômage est derrière nous" "L'autre point à noter", observe-t-il dans "Le Talk" Orange-Le Figaro, "c'est que l'on ne passe pas la barre des trois millions de chômeurs alors qu'il y a quelques années, et la récession était moins violente, nous avions passé cette barre".
Interrogé sur la capacité de l'Unedic à pouvoir assurer le versement des allocations en 2009 et en 2010, M. Roux de Bézieux se montre rassurant, précisant que l'organisme recourera à l'emprunt comme par le passé. "Il faut savoir que le déficit de l'Unedic il y a trois ans et demi maintenant était à -15 milliards, nous sommes à -5 milliards aujourd'hui et prévoyons d'être à 11 en 2010. On a une capacité d'emprunt, on est bien notés par les banques".
Toutefois, "si les choses s'aggravent après 2010, il faudra renégocier la convention d'assurance-chômage", poursuit-il, même si "nous n'en sommes pas là". AP/YAHOO
Encourageant direz-vous ?
Déclaration de François Fillon ce matin sur Europe1
Aujourd'hui : "On aura une augmentation du chômage dans tous les pays européens qui va se poursuivre tout au long de 2009 et sans doute encore un peu au début de l'année 2010", "Pour que l'économie crée des emplois, il faut qu'elle soit en croissance d'au moins 1,5 à 2 pour cent" "Les plans de relance européens vont donner tous leurs effets à partir de l'été", a assuré François Fillon, observant par ailleurs des "signes de reprise aux Etats-Unis". Le chef du gouvernement a précisé que des "mesures complémentaires" seraient mises en oeuvre dans les prochaines semaines en faveur des jeunes chômeurs". Reuters/Yahoo
Si les déclarations du Président de l'UNEDIC se veulent rassurantes, (on attend toutefois, la réaction du MEDEF, qui ne saurait tarder, sur les cotisations et l'avenir du régime d'indemnisation) les prévisions du Premier Ministre, elles, relèvent du "doigt mouillé" et ne s'appuient sur aucune étude chiffrée mais sur la confiance et ... la baraka !
Compte tenu que, du FMI à l'OCDE, personne ne prédit des chiffres aussi élevés pour la zone Europe, ni pour la France d'ailleurs. Alors, les déclaration du Président de l'Unedic (qui est en contact étroit avec le gouvernement) ne sont-elles que le prélude à l'anticipation d'une renégociation de la convention d'assurance-chômage ?
Où le gouvernement compte t-il aller chercher ses 1,5 à 2 % nécessaires à la sortie du bourbier actuel ?
Laurent Wauquiez a présenté, le 27 mai, en Conseil des ministres, la politique de l’emploi mise en œuvre par le Gouvernement pour affronter la crise économique. Trois objectifs sont fixés pour maintenir dans l’emploi, stimuler la création d’emplois, aider à l’accès à l’emploi et au retour vers l’emploi.
Le Gouvernement mène de pair une politique de soutien de l’activité et une politique de l’emploi en faisant le choix de :
- tourner résolument le dos au traitement dit "statistique" du chômage qui revient à écarter des catégories entières de la population active du marché du travail ;
- s’appuyer sur une coopération étroite avec les partenaires sociaux, notamment dans le cadre du fonds d’investissement social ;
- rechercher une sécurisation des parcours professionnels par un service public de l’emploi et un système de formation modernisés qui doivent notamment faciliter les reconversions vers les métiers de demain ;
- s’appuyer sur des mesures simples, rapidement opérationnelles et réversibles lorsque l’activité économique redémarrera. (celui qui est capable de traduire cette phrase nous écrit !)
Maintenir dans l’emploi. L’activité partielle, qui permet d’éviter les licenciements, pourrait concerner 600 000 salariés cette année. Les mesures d’incitation des entreprises à employer des seniors et celles visant à anticiper les mutations économiques en aidant les différents secteurs à gérer les évolutions des emplois et des compétences contribuent également au maintien dans l’emploi.
Stimuler la création d’emplois. Le Gouvernement a mis en place plusieurs outils innovants tels que :
- l’aide à l’embauche "zéro charges" dans les très petites entreprises (220 000 embauches depuis le début de l’année) ;
- la nouvelle aide aux créateurs et repreneurs d’entreprise (Nacre, 400 opérations par semaine) ;
- la distribution de chèques permettant de financer des aides à la personne pour les ménages modestes.
L’accès à l’emploi et le retour vers l’emploi doivent être facilités avec la création de Pôle Emploi. A l’issue du sommet social du 18 février 2008, des mesures en faveur de l’emploi ont été prises pour protéger les Français les plus touchés par la crise. L’extension du contrat de transition professionnelle, la nouvelle convention de reclassement personnalisé et la mise en place du Revenu de solidarité active sont autant d’outils qui permettent d’atteindre cet objectif.
Pour accompagner l’entrée sur le marché du travail de plus de 500 000 jeunes des mesures d’urgence pour l’emploi des jeunes ont été également prises. Le recours accru aux contrats aidés a pour objectif de soutenir les personnes les plus éloignées de l’emploi - Source Premier Ministre
Pas très innovant tout ça. et dans certains cas, franchement, ça tourne au verbiage.
Au delà dudit verbiage, vous noterez :
- le retour des emplois aidés, créés par Lionel Jospin, et hués par la droite parlementaire en leur temps
- les formations sans fin qui ont pour avantage d'améliorer les statistiques des chiffres du chômage sans pour cela permettre de trouver un débouché
- le fameux 1% (cité plus haut) de pénalité pour les entreprises (+ de 50 personnes) n'employant pas de seniors, qui restera, nous l'avons démontré sans la moindre efficacité
- Une nouvelle aide pour les entreprises "chasseuses de primes". Mesure dangereuse au demeurant pour les comptes sociaux et inutile puisque la plupart des TPE sont touchées par des difficultés de carnets de commande et surtout de financement bancaires. Conclusion, elle n'embaucheront pas.
- les emplois à la personne créateurs de précarité (la majorité des salariés ne touchant même pas la moitié d'un SMIC)
La réalité, c'est que la France comme beaucoup de pays (notamment européens) a fait le choix des services au détriment de la production. Ce choix nous a mis en état de dépendance vis à vis des producteurs asiatiques qui assurent aujourd'hui la quasi totalité de la production des biens industriels ou de consommation.
Les économistes, conseillers de nos politiques, qui tablaient pour la fin du XXeme siècle (et début du XXI eme) sur une "révolution industrielle" du type de celle de la fin du XIXeme, grâce à la révolution technologique, ont tout simplement fait fausse route et font payer aux populations le poids de leur erreur. La technologie supprime beaucoup plus d'emplois qu'elle n'en créé !!!
Transformer certains pays en consommateurs non producteurs revient en période de crise économique à transformer les salariés de ces pays en chômeurs potentiels de longue durée. En effet, incapables de déployer une stratégie industrielle inovatrice à court ou moyen terme (puisqu'ayant dans beaucoup de cas accepté le transfert de technologique et des laboratoires ou bureaux d'études dans des pays émergents à bas coût), les dirigeants politiques inspirés par les économistes libéraux se retrouvent devant un problème insolvable : Inciter les salariés disposant d'un emploi à travailler plus tout en "accueillant" de plus en plus de demandeurs d'emplois.
La refondation du capitalisme façon "vertueux" ne changera rien à la réalité des salariés ou de ceux qui aspirent à l'être. De l'autre côté, vouloir s'accrocher à un modèle qui met des millions de gens à l'index pour des durées de plus en plus longues hypothèque tout avenir.
Au point où nous en sommes, il est évident que nous devons changer radicalement le mode de fonctionnement de l'emploi dans nos sociétés.
Chez Slovar les Nouvelles, nous défendons depuis longtemps les propositions de l'essayiste américain, spécialiste de prospective économique et scientifique : Jeremey Rifkin contenues dans son livre "La fin du travail" et qui fait partie de nos livres de chevet.
Comme l'explique Jeremy RIFKIN dans son livre :
"La fin du travail" paru en 1995, "l'automatisation et les nouvelles technologies vont supprimer chaque année de plus d'emplois"
Ceci, sans aucune alternative crédible, si nous restons arc bouté sur le modèle économique actuel.
La seule alternative qu'on pu nous présenter nos gouvernants, jusqu'à présent, repose sur les services à la personne.
Le "formidable gisement d'emploi" tant vanté par Jean-Louis Borloo, s'avère être surtout une trappe à travailleurs pauvres.
En effet, les services à la personne ne trouvent leur justification que dans la mesure où ceux qui peuvent en passer commande disposent d'un salaire ou d'un pouvoir d'achat suffisant. En ce qui concerne les employés, l'avenir de ces métiers repose sur le fait qu'ils leur permettent de vivre décemment. Sinon, nous retournerons à l'époque du "prolétariat domestique"
Pour en revenir à RIFKIN, qu'écrivait-il en 1995 sur ce qui nous attendait si nous persistions dans la voie actuelle ?
Son hypothèse : Il faut revoir le contrat social, trouver une autre manière de redistribuer les richesses et partager au mieux les gains de l’énorme productivité actuelle et à venir. La société civile doit exercer des pressions. Créatrice de "capital social", elle doit se donner suffisamment de force pour devenir un secteur créateur d’emplois capable d’obtenir de l’économie et de l’état sa part de redistribution de richesses.
Un bref résumé du livre "La fin du travail" proposé par le CNAM
Victimes de la révolution technologique, plus de 800 millions d’êtres humains sont actuellement sans emploi ou sous-employés.
Des catégories entières d’emploi ont disparu et le chômage va vraisemblablement grimper en flèche : les machines remplacent rapidement le travail humain et annoncent une économie de production quasi automatisée d’ici au milieu du XXIème siècle. Les innovations technologiques et l’économisme nous poussent à l’orée d’un monde presque sans travailleurs.
Les trois secteurs traditionnels de l’économie subissent des mutations technologiques qui envoient des millions de personnes au chômage.
Le secteur du savoir est le seul à émerger; composé d’une élite d’innovateurs industriels, de scientifiques, de techniciens, d’informaticiens, d’enseignants et de consultants, il n’absorbera pas les centaines de millions d’individus balayés par le déclin mondial du travail, préparé par les immenses changements technologiques s’installant dans l’agriculture, l’industrie et les services.
Le progrès a un prix, les technologies de l’information et de la communication séparent en deux la population mondiale : d’une part l’élite des manipulateurs d’abstraction, d’autre part la masse croissante de travailleurs constamment ballottés et précarisés. Le désespoir pousse un nombre croissant d’être humains à la délinquance, et cette menace amène les pouvoirs publics à s’interroger sur les moyens de maintenir l’ordre et assurer la sécurité, tant aux États-Unis que dans d’autres pays.
Vraiment visionnaire lorsqu'on vient d'entendre le tout dernier discours du Président sur la sécurité !!!
La troisième révolution industrielle sera-t’elle vecteur de bien ou de mal ? Les nouvelles technologies vont-elles libérer ou déstabiliser la civilisation ?
Selon la façon dont chaque pays abordera la question des progrès de la productivité, elles pousseront nos pas vers une vie de loisirs plus développés, ou déboucheront sur une crise planétaire. Leur utilisation et leurs répercussions sur la manière d’envisager le travail humain nous forcent de toutes façons à sonder de nouvelles pistes pour définir la valeur humaine et les relations sociales, comme le développement du tiers secteur. Source CNAM
En clair : Pour lui, l'ère industrielle fondée sur le travail humain de masse s'achève. L'ère de l'information lui succède, avec beaucoup d'emplois très qualifiés et bien rémunérés, mais aussi beaucoup d'emplois peu qualifiés et peu payés. Disparaissent les emplois de la classe moyenne. Dans ces conditions, Rifkin recommande de développer un tiers-secteur, puisque le secteur marchand ne suffit plus à occuper tous les demandeurs d'emplois et que le secteur public est voué à s'alléger sans cesse pour ne pas handicaper la compétitivité des économies. Ce tiers-secteur correspond au secteur de l'économie sociale (associations, ONG). En tout état de cause, le progrès technique et la mondialisation ne permettront pas selon lui d'assurer le plein emploi. Source Wikipedia
Il faudra donc arbitrer entre : Faire travailler de moins en moins de gens bien payés et abandonner les autres à la précraité permanente ou faire travailler moins (donc moins de salaire) et différement plus de gens ...
Dans la mesure ou, notre Président, comme il l'explique sur sa page Facebook semble s'être convertit à la lecture d'autre chose que des BD, voila un livre que nous pouvons lui conseiller de lire rapidement avant que "la masse croissante de travailleurs constamment ballottés et précarisés" ne se révolte pour de bon ... et pour le pire !
Photo
Robot conducteur d'engin
En savoir plus sur Jeremy Rifkin
(ENG) FOET
La fin du travail : Edition La Découverte
CNAM fiche de lecture et analyse
Anniversaire:
Nous profitons de cet article pour annoncer à ceux qui découvrent régulièrement des créations graphiques qui illustrent nos papiers que, comme le Président de la République, notre ami "SB LE SNIPER" fête ses 2 années satiriques... sur la toile ! Un site à visiter d'urgence et régulièrement par ceux qui se souviennent de la célèbre phrase : "Je préfère l'excès de caricature à l'excès de censure" de plus en plus mise à mal ces derniers temps ...

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