C’est pourquoi, à chaque élection européenne, on assiste à une véritable course à l’échalote électorale. Et chaque dirigeant de caser ses affidés, de faire passer l’un de telle place sur la liste à telle autre, de telle région électorale à telle autre. Et chacun d’expliquer aux rares députés européens sortants à la fois travailleurs et compétents de leur parti qu’ils ne pourront pas cette fois figurer sur la liste au nom de l’intérêt supérieur de celui-ci : ministre à recaser, ancien parlementaire national à repêcher, fidèle lieutenant à promouvoir, etc.
Les partis français ont pris la fâcheuse habitude d’utiliser les élections européennes comme une sorte de trop-plein permettant des ajustements internes. Au mépris des enjeux européens et de la compétence nécessaire des élus, et donc du travail réel de ceux-ci à Bruxelles ou à Strasbourg. Le mandat européen apparaît dès lors à un élu français comme une sorte d’exil provisoire dans l’attente de mieux sur le sol national. Il y a bien quelques rares exceptions, à droite comme à gauche, mais elles sont invisibles à l’œil nu du citoyen pour lequel personne n’incarne vraiment l’Europe parlementaire. La progression régulière de l’abstention à chaque scrutin européen devrait pourtant suffire à démontrer les limites et les dangers d’une telle dérive.
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Chronique publiée dans le quotidien Nice Matin le 29 mai 2009.
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