Pour le rôle de Christine, Renoir avait d’abord pensé à Simone Simon, sur laquelle, après la Bête Humaine, il ne tarissait pas d’éloge. Mais le rôle revint à Nora Gregor. Cette comédienne, qui a été l’interprète de Carl Dreyer en 1924 dans Mikaelest à présent l’épouse du prince Stahremberg, aristocrate autrichien antihitlérien, qui a dû quitter son pays après l’Anschluss.
Renoir écrit :
“J’avais fait sa connaissance peu avant la Règle du jeu. Lui et sa femme étaient dans un grand état de confusion. Tout ce à quoi ils croyaient étaient en train de s’écrouler. On pourrait écrire un roman sur l’état d’esprit de ces exilés. Je me contentai de profiter de l’allure de Nora Gregor, de son côté “oiseau” sincère pour bâtir le personnage de Christine.”
Dans la séquence présentée ci-dessus, la scène dans la cuisine du château est essentielle.
Extrait :
Le chauffeur de Monsieur : Le comte de de Vaudoy n’était pas un “métèque”…
Lisette : Qu’est-ce que ça veut dire encore, ça ?
Le chauffeur de Monsieur : Simplement qu’la mère de La Chesnaye avait un père qui s’appelait Rosenthal et qui arrivait tout droit de Francfort : c’est tout !
Renoir se défendait de faire un un tableau de la société de 1939. Cependant, dans cette scène, on constate que c’est dans les cuisines que l’on parle quand même des réalités de l’époque, alors qu’à l’étage les maître et invités se contente d’être dans le jeu.
C’est dans cette scène que l’on trouve la fameuse recette de la salade de pommes de terre que les inconditionnels du film s’amusent à réaliser comme d’autres font le cake d’amour d’après la recette de Peau d’âne de Jacques Demy (En ce qui me concerne, je fais les deux bien qu’étant une piètre cuisinière, par pure cinéphilie !)
Posted in films, La règle du jeu, Non classéLe chef cuisinier : La Chesnay, tout “métèque” qu’il est, m’a fait appeler l’autre jour pour m’engueuler pour une salade de pommes de terre : vous savez – ou plutôt vous ne savez pas – que pour que cette salade soit mangeable, il faut verser le vin blanc sur les pommes de terre quand elles-ci sont encore bouillantes, ce que Célestin n’avait pas fait car il n’aime pas se brûler les doigts !