Mia Hansen-Love avait commencé à travaillé sur son premier film sous le regard bienveillant d’Humbert Balsan, producteur singulier, grand amoureux du cinéma, et qui choisit de mettre fin à ses jours le 10 février 2005.
Le Père de mes enfants s’inspire de l’histoire de cet homme. Grégoire est le père aimant de trois filles épanouies, ainsi que le père passionné d’une cinquantaine de longs-métrages. Il est un producteur pendu à son téléphone en permanence et qui essaye tant bien que mal de maintenir un équilibre avec sa vie familiale. Sa passion pour le cinéma le dévore pourtant, d’autant plus que sa société de production coule sous les dettes.
Dans le ton et dans sa construction, Le Père de mes enfants ressemble beaucoup à Tout est pardonné. La jeune réalisatrice rend là un formidable hommage à un homme qui par son travail, sa vision du métier et son courage, aura apporté énormément au cinéma.
Le Père de mes enfants est un film doux qui finit par dissimuler mal une fracture impossible à résorber. Ce registre doux-amer, Mia Hansen-Love le maîtrise avec une justesse rare. Il y a une simplicité, une naïveté presque, qui émane de son cinéma. Sa façon de capter le réel rappelle Pialat, mais un Pialat apaisé. Mia Hansen-Love est aussi particulièrement doué pour la direction d’acteur. Ils sont tous magnifique, à commencer par Louis-Do de Lencquesaing dans le rôle titre du père. Les acteurs nous sont tous inconnus - comme c’était déjà le cas en grande partie avec le casting de Tout est pardonné - exception faite de Chiara Caselli que l’on a encore vu récemment dans La Terre des hommes rouges. Mia Hansen-Love est aussi particulièrement à l’aise avec les enfants, d’où la réussite des scènes familiales.
Il y a une révélation aussi, Alice de Lencquesaing (déjà vue dans L’Heure d’été). Dans le rôle de Clémence, la fille aînée, elle est bouleversante, rien que dans son attitude et par son regard. Son personnage rappelle énormément celui de Pamela (Constance Rousseau) dans Tout est pardonné, de même que la figure du père est identique dans les deux films.
Tout est pardonné et Le Père de mes enfants partagent comme cela de nombreux points communs, des fêlures comparables, une histoire qui fonctionne en deux temps et sur le même mode.
Quelques maladresses faisaient aussi le charme de Tout est pardonné. Elles sont ici gommées, sans nuire bien évidemment à l’esprit du film. On sent déjà une maturité dans le travail de cette cinéaste jeune, fascinante et dont on sent qu’elle n’a pas finit de nous raconter à sa manière de bien belles histoires.
Benoît Thevenin
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